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tomber, malgré sa jeunesse, dans une espèce de misanthropie. Son père, pour le distraire des idées sombres auxquelles il se livrait, le retira de ses études et le plaça auprès du chancelier, comte d’Œttingen. Il en mérita la confiance par sa probité, sa modestie et son assiduité au travail ; mais quelques désagréments qu’il éprouva dans cette place le rejetèrent bientôt dans son humeur noire. La lecture trop sérieuse des poëtes grecs et latins lui échauffa la tête, de sorte que son père, désespérant de le voir réussir dans la jurisprudence, l’envoya reprendre ses études à Tubingue. Il passa de là à la cour de l’évêque de Würtzbourg, d’où le bruit que faisaient alors Luther. Mélanchthon et Amerbach, par leurs prédications, l’attira à celle de Wittemerg. Il s’attacha aux sectaires ; mais son humeur inquiète ne lui permettant de se fixer nulle part, il mena une vie errante, toujours aux prises avec le besoin et faisant la fonction de maître d’école. On lui confia l’éducation de plusieurs jeunes gens de qualité. avec lesquels il fit le voyage de Paris. Vascosan. Ramus, Turnèbe et les autres savants de France l’accueillirent ; mais les invectives de Strazel, professeur royal, contre sa traduction de Démosthène, l’obligèrent de quitter cette ville. Il revint à Bâle dans un état pitoyable. Ses amis, mécontents de son inconstance, le reçurent froidement. Il publia dans cette ville, en 1547, une édition de Zonare, avec une traduction latine, où il jugea à propos de changer la division de l’auteur, qui est en deux parties, et de la mettre en trois. Ducange, qui en a donné plus tard une nouvelle édition, a rétabli la division fixée par l’auteur et corrigé la traduction de Wolf. Enfin il trouva un asile à Augsbourg, chez Fugger, qui lui procura la place de principal du collège et celle de bibliothécaire. Il eut beaucoup à combattre contre son inquiétude naturelle pour se fixer dans cette ville, où il mourut de la pierre le 8 octobre 1580. C’était un honnête homme et d’un savoir profond ; mais il avait la tête faible. Il crut à astrologie judiciaire et chercha dans l’influence des astres la cause de ses malheurs, qui ne provenaient que de son caractère inquiet, ombrageux, tout à la fois timide et orgueilleux, passant rapidement d’une extrême confiance au plus grand désespoir. Il s’était mis en tète que le diable le poursuivait continuellement, que les magiciens le persécutaient, que ses aliments étaient pleins de vers, d’araignées, etc. Tous ces travers ne l’empêchèrent pas de se rendre très-habile dans le grec et de composer des ouvrages fort utiles. Les principaux sont : 1° des traductions élégantes et des additions, accompagnées de notes savantes, d’Isocrate, de Démosthène, d’Epictète, des Scolies de Démophile sur le Tetrabiblon de Ptolémée, de Suidas, de Zonare, de Nicétas, de Léonicus Chalcondylas, de Nicéphore Grégoras, le tout à Bâle, chez Oporin ; 2° Nicephori historia byzantina, græce et latine, Bâle, 1562, et Paris, 1702, 2 vol. in-fol. Dans son édition de Grégoras, Boivin a retouché la version de Wolf, et il y a ajouté beaucoup de notes. On reproche au savant traducteur la témérité avec laquelle, dans le texte grec de ses éditions, surtout dans celui de Démosthène, il insère des corrections fondées sur ses seules conjectures. 3° De vero et licíto astrologiæ usu ; 4° De expedita utriusque linguæ discendæ ratione ; 5° beaucoup de notes, scolies, commentaires, entre autres sur le tableau de Cébès, le songe de Scipion, etc. ; 6° Judicium de poetis legendis ; 7° Elegia in stuporem Germaniæ. C’est à tort qu’on lui a attribué un catalogue des manuscrits de la bibliothèque d’Augsbourg (voy. le Répertoire bibliographique universel de Peignot, p. 42). T-d.

WOLF (Jean), médecin, né à Berg-Zabern, dans le pays de Deux-Ponts, le 10 août 1537, fut professeur à l’université de Marpourg, pratiqua longtemps avec succès et devint médecin du landgrave de Hesse, qu’il guérit des hémorroïdes par un remède dont ce prince lui acheta le secret moyennant la rente viagère d’un bœuf tous les ans. Il est probable que ce secret n’était autre chose que l’onguent de linaire. J. Wolf mourut le 1er juillet 1616, après avoir publié plusieurs dissertations latines sur l’hypocondrie, l’épilepsie, l’asthme, le scorbut, la catarrhe, la pleurésie, la fièvre maligne, la fièvre intermittente quarte, toutes dissertations qui virent le jour séparément et à différentes époques. On a encore de ce médecin : 1° De acidis wildungensíbus carumque mineris, natura, viribus, ac usus ratione, Marpourg, 1580, in-4° ; 2° Versio latina decem dialogorum Joannis-Bapt. de Gello, de naturæ humanæ fabrica, Amberg, 1609, in-12 ; 3° Exercitationes semeioticæ in Galeni de locis affectis libros sex, Helmstadt, 1620, in-4° ; 4° De aqua vitæ juniperina epistola, avec les observations médicales de Grég. Horstius, Ulm, 1628, in-4°, p. 411. — On a quelquefois confondu ce médecin avec son frère jumeau Jean Wolf, jurisconsulte, qui fut attaché au duc de Deux-Ponts, et devint ensuite conseiller du margrave de Bade. Il mourut à Heilbronn, où il s’était retiré, le 23 mai 1600. On a de lui : 1° Clavis historiarum ; 2° Tabulæ mnemonicæ historiæ universalis ; 3° Lectiones memorabiles et reconditæ, seu opera theologico-historico-politica, Francfort, 1672, 2 vol. in-fol. On lui doit encore de nouvelles éditions des ouvrages historiques de Rob. Gaguin et d’Alb. Krantz (voy. ces noms). — Wolf (Gaspard), né à Zurich, vers 1525, étudia la médecine à Montpellier et y prit ses grades en 1558. Revenu dans sa patrie, il fut nommé professeur de physique à la place de Conrad Gesner, son ami, et joignit ensuite à cette place celle de professeur de langue grecque. Il mourut en 1601, ayant composé divers écrits remarquables par l’érudition, entre autres : 1° Viaticum novum de