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missionnaires sur les Chinois, t. 3, p. [6-18 ; et l’Histoire de la Chine, par le P. de Mailla, t. I, p. 44-85.

W-s.


YARRELL (Guillaume), naturaliste anglais, naquit à Londres, en 1784. Son père était un agent de journaux ; son fils continua ce genre d’affaires jusque dans les dernières années de sa vie. Dans sa jeunesse, il montra beaucoup de goût pour la chasse : la pêche à la ligne était aussi un de ses plaisirs favoris. Personne ne connaissait mieux les habitudes et les résidences des oiseaux britanniques et des poissons. Il se plaisait à examiner, à décrire les victimes de son habileté, et c’est ainsi qu’il devint un naturaliste. À quarante ans, il fut admis dans la société linnéenne, et abandonnant le fusil et la ligne, il prit la plume. Depuis 1825 jusqu’à sa mort, il soumit d’importants travaux aux Actes de la société en question et aux divers journaux consacrés à l’histoire naturelle. Ses premiers écrits furent relatifs à l’ornithologie ; nous citerons les Mémoires sur le changement du plumage chez les faisans (inséré dans les Transactions philosophiques, t. 117) ; — sur la rencontre de quelques

oiseaux rares en Angleterre (Journal zoologique, t. 2) ; — Sur l’anatomie des oiseaux de proie (ibid., t. 3), etc. Yarrell fut un des premiers membres de la société zoologique, et il prit une part fort active à ses travaux. Le premier volume des mémoires qu’elle mit au jour en contient dix-sept dus à cet infatigable observateur. Ils offrent la connaissance la plus exacte des formes des divers êtres vivants ; les dissections sont nombreuses et faites avec succès, quoique Yarrell n’eût jamais suivi de cours d’anatomie ; il s’était sous ce rapport formé lui-même. Ne se bornant pas d’ailleurs aux animaux que lui présentait l’Angleterre, il profita des occasions que lui offrit la mort d’animaux renfermés dans la ménagerie de la société géologique, et il consigna les résultats de ses études dans divers écrits : De l’anatomie du petit écureuil volant américain ; — Des pingouins couverts de laine et de poil décrits par le docteur Latham ; — De la trachée de la grue de Stanley. Le nombre des mémoires qu’il dissémina dans divers recueils scientifiques s’élève au moins à soixante-dix. Il ne s’en tint point là ; il entreprit et acheva deux ouvrages d’un grand mérite. L’Histoire des poissons de la Grande-Bretagne parut en 1836, en 2 volumes ; chaque poisson était accompagné de son image habilement gravée sur bois ; le texte était d’une exactitude minutieuse ; des espèces nouvelles étaient établies ; rien d’essentiel n’était omis, et le style facile, les détails attrayants rendaient la lecture du livre aussi instructive qu’agréable. Le succès fut complet. Une nouvelle édition parut en 1841 ; une troisième, avec des additions dues à sir John Richardson et une notice biographique sur l’auteur, a vu le jour en 1851. 2 vol. in-8°, contenant 522 gravures. Ne s’arrêtant point dans ses travaux, Yarrell fit paraître, en 1843, l’Histoire des oiseaux britanniques ; elle était sur le même plan que celle des poissons ; les gravures sur bois offrirent un mérite encore supérieur, et rien ne pouvait surpasser la netteté de l’exposition des faits relatifs aux volatiles. La première édition est de 1839-1843, 3 vol. in-8°, avec 520 gravures ; la deuxième est de 1843 ; la troisième, plus complète, de 1856, avec 550 gravures. Yarrell était sans doute digne de faire partie de la société royale, cette académie des sciences de l’Angleterre ; mais s’étant présenté une fois et ayant rencontré quelque opposition que rien ne justifiait d’ailleurs, il retira sa candidature, et il ne voulut plus se représenter, quoiqu’on lui eût fait des avances à diverses reprises. Une attaque de paralysie l’enleva le 1 septembre 1856, à l’âge de 70 ans ; il était, à l’époque de sa mort, trésorier de la société linnéenne, et il avait été vice-président de ce corps savant. Il laissait quelques écrits sur les sujets qui l’avaient toujours occupé ; on en a publié un relatif à la croissance du saumon dans les eaux douces.

Z-b.


YART (Antoine), littérateur estimable, naquit à Rouen le 15 décembre 1710, et fut destiné par ses parents à l’état ecclésiastique. Ayant achevé ses cours de théologie, il reçut les ordres sacrés, et fut pourvu de la cure de St-Martin du Vivier, qu’il échangea, dans la suite, pour celle du Saussay dans le Vexin. La culture des lettres charmait ses loisirs ; il faisait de petites pièces de vers très-agréables, ou composait des dissertations dont il enrichissait les journaux. L’un des fondateurs de l’académie de Rouen (1744), il en devint l’un des membres les plus laborieux. Mais la réputation de l’abbé Yart n’avait point franchi les bornes de sa province, lorsqu’il publia : Idée de la poésie anglaise, ou traduction des meilleurs poëtes anglais qui n’ont point encore paru dans notre langue, Paris, 1749-1756, 8 vol. in-12. C’est un recueil de traductions en prose de différents poëmes, précédés de discours historiques et littéraires sur chaque auteur et chaque ouvrage. Tous les genres de poésies y sont rassemblés au hasard et sans aucun ordre. Le traducteur, qu’on a souvent accusé d’infidélité, se montre plus fidèle à l’expression du poète qu’à sa pensée, et il en rend plutôt le sens que la grâce. Malgré ces défauts, l’ouvrage eut un grand succès, parce que c’était le seul dans lequel un Français pût prendre une teinture des beautés poétiques de nos voisins ; mais la Poétique anglaise de Hennet rend inutile l’ouvrage de l’abbé Yart, dans lequel on trouve cependant quelques morceaux intéressants, en outre une Dissertation sur la fable. On attribue à l’abbé Yart un opuscule très-rare : Mémoire ecclésiastique et politique, concernant la translation des fêtes aux dimanches, en faveur de la population, Philadelphie (Rouen), 1765, in-12 de 122 pages. Après en avoir cité plusieurs passages dans ses Mémoires biographiques (t. 2, p. 447