Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 45.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sévère. Ce fut pour Wolcott le sujet d’un poëme burlesque, the Lousiad, dans lequel le monarque fut traité un peu lestement. Il paraît que les ministres eurent d’abord l’intention de poursuivre l’auteur ; mais ils furent retenus par la crainte du ridicule et par la vérité du fait. Du reste, le poëte ne les ménagea pas plus que leur maître ; Pitt surtout tilt poursuivi avec beaucoup d’aigreur, particulièrement dans l’élégie sur a taxe de la poudre à poudrer et dans son Epître à un ministre tombant. La couleur politique des écrits de Wolcott semblait le ranger parmi les ennemis du trône ; on dut être fort surpris de voir celui qui avait fait si vertement : la leçon aux rois exprimer son indignation contre leurs adversaires, lorsqu’il publia, en 1791, les Odes à (Thomas) Paine, auteur des Droits de l’homme, sur le projet de célébrer la chute de l’empire français, par une bande de démocrates anglais, le 14 juillet, 10 pages in-4°. Wolcott composa plus tard une satire intitulée Eglogue urbaine, contre les biographes qui recueillent les moindres détails de la vie des hommes célèbres, comme Boswell venait de le faire dans la vie de Johnson. Mais à son tour il fut chansonné par Gifford, auteur du poëme satirique : the Baviad. Furieux de cette attaque, Wolcott court à la boutique du libraire et donne des coups de canne à son adversaire, qui riposte de la même manière : on finit par mettre Wolcott à la porte. Cette affaire fit grand bruit dans les journaux (1800). On publia même à ce sujet un récit burlesque : le Combat des bardes, poëme héroïque en deux chants, avec une préface et des notes, 1 vol. in-4°. Une autre affaire conduisit le poëte devant la justice. Plus que sexagénaire, Wolcott fut traduit à la cour du banc du roi, comme prévenu d’adultère ; mais il fut acquitté, et l’on prétend que le mari, son accusateur. n’avait voulu que se faire donner de l’argent. On raconte qu’ayant été attaqué d’une maladie asthmatique en 1793, il fut pressé par des libraires de leur céder la propriété de ses ouvrages, moyennant une rente viagère de deux cents livres sterling. Le rusé poëte accepta cette proposition, puis il s’en alla dans son pays habiter la campagne. L’air salubre du Devon et de Cornouaille eut une influence si heureuse sur sa santé qu’il revint parfaitement guéri à Londres, au grand étonnement des libraires, qui moururent tous avant lui. Wolcott alors recommença ses travaux ; il fit des vers satiriques sur les événements publics, soigna une nouvelle édition du Dictionnaire des peintres, par Pilkington, publia un choix des Beautés de la poésie anglaise, ainsi qu’une tragédie anonyme intitulée la Chute du Portugal, qui n’a pas été jouée. Alken a gravé à l’aqua-tinta une suite de paysages d’après ses dessins. Ils ont été publiés sous le titre de Vues pittoresques. Ayant presque perdu la vue, Wolcott se retira dans une maison isolée, près de Londres, où il composa encore quelques pièces de vers, entre autres le prologue qui devait être prononcé à l’ouverture du théâtre de Drury-Lane, 1812, et une Epître à l’empereur de la Chine, au sujet du renvoi de l’ambassadeur anglais, lord Amherst, en 1817. Cette pièce fut son dernier ouvrage ; il mourut à Somerston, le 13 janvier 1819. Wolcott avait désiré être enterré dans le cimetière de Covent-Garden, près du tombeau de Butler, auteur du poëme d’Hudibras. La plupart de ses poésies ont perdu de leur mérite, étant remplies d’allusions qui sont devenues inintelligibles et sans intérêt pour la postérité. Il existe plusieurs éditions de ses œuvres : les meilleures sont celles de 1794-1801, 5 vol. in-8° ; 1812, 5 vol. (avec une vie de l’auteur), et 1816, 4 vol. in-24. On trouve dans l’Annual biography and obituary de 1820 une notice étendue sur le docteur Wolcott. Les tories ne lui pardonnaient point d’avoir raillé la cour, les ministériels, le clergé ; les whigs n’étaient pas plus contents de lui, et les uns et les autres avaient des reproches fondés à lui faire. D—g.

WOLDECK D’ARNEBOURG (Jean-George), général prussien, naquit en 1712, dans l’Altmarck ou Vieille-Marche, à Storckow, seigneurie dont il devint propriétaire après la mort de son père. Il fit ses premières armes dans le régiment des gendarmes, où il était lieutenant en 1738. Le roi Frédéric-Guillaume l’envoyait chaque hiver en Silésie et dans les autres contrées de l’Empire pour y lever des recrues. Par son adresse, il sut procurer à ce prince des hommes de la taille la plus élevée, tels qu’il les désirait, et obtint ainsi sa faveur en flattant sa passion dominante. Il fit, en 1741, la première campagne de Silésie, et dans une attaque qui eut lieu au mois d’avril 1742, au village de Schorwitz, près d’Olmutz, il se distingua tellement que Frédéric II lui envoya l’ordre du Mérite. A la bataille de Sorr, il eut un cheval tué sous lui et mérita ce jour-la que le roi le nommât sur le champ de bataille capitaine d’état-major. Il était dans le régiment de Saxe lorsque la guerre de sept ans éclata, et à la bataille de Lowosits, il commanda ce régiment. Sa belle conduite à Rosbach et à Zorndorf lui fit donner le commandement d’une brigade composée de deux régiments de cuirassiers. En 1760, après la bataillé de Torgau, il fut nommé colonel, et en 1764, le roi, lui ayant donné un régiment qui devait porter son nom et l’ayant nommé chef de celui des cuirassiers de Schmettau, le fit major général de cavalerie. Woldeck mourut le 4 janvier 1785. G—y.

WOLDEMAR ou WOLMAR, rois de Danemarck. Voyez Valdemar.

WOLF (Jérôme) naquit le 13 août 1316, d’une famille ancienne et distinguée, dans la principauté d’Œttingen, en Souabe. Il fit d’abord de grands progrès dans le grec et le latin à Nordlingue, puis à Nuremberg ; mais la faiblesse de son tempérament bilieux et mélancolique le fit