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considérable. En 1711, il fut nommé commissaire des troupes de sa province qui marchèrent contre les Français dans le Canada, et dès lors il suivit la carrière des armes, où il obtint un avancement rapide. En 1747, il se trouvait comme major général à la prise de Louisbourg, et fut ensuite membre de l’assemblée et du conseil, puis juge de la cour du comté et enfin gouverneur de sa province, place qu’il occupa depuis 1751 jusqu’en 1754. Il mourut en 1767. On a de lui 1 1° Méditations poétiques, 1725, avec une préface de Bulkley ; 2° Lettre à M. Hobard sur les Eglises congrégationnelles d’Angleterre, 1761, in-8° ; 3° Récit abrégé de l’agence de Jean Winthrop à la cour de Charles II, en 1662 (voy. Winthrop). Cet ouvrage, conservé dans la collection de la société historique, contient une relation détaillée de la guerre qui eut lieu à cette époque dans les colonies anglaises de l’Amérique. — Eraste Wolcott, fils du précédent, né en 1723, commanda un régiment de milices dans la guerre de l’indépendance américaine, fut ensuite juge, puis membre du congrès et mourut en 1795. On lui doit un petit Traité sur la religion. — Olivier Wolcott, frère du précédent, né en 1727, commanda une compagnie de milices dans la guerre contre la France, et se retira bientôt après du service pour s’appliquer à l’étude de la médecine. Mais il fut presque aussitôt détourné de ce projet par la place de haut shérif du comté de Litchfiel qu’on lui conféra, et qu’il remplit avec distinction pendant quatorze ans. Elu depuis membre du congrès qui proclama l’indépendance des Etats-Unis, il fut l’un des plus ardents promoteurs de cette mesure, et fut nommé, en 1796, au gouvernement du Connecticut. Il ne jouit pas longtemps de cette marque de confiance accordée à ses services, car il mourut l’année suivante, à l’âge de 70 ans. Une incorruptible intégrité, une inébranlable fermeté, formaient les traits distinctifs de son caractère.  Z.

WOLCOTT (John), poëte anglais, plus connu sous le nom de Peter-Pinder, né en 1738. À Dodbrook, dans le comté de Devon, était fils d’un fermier. Un maître d’école d’une petite ville voisine l’instruisit dans le latin et le grec, et il fut envoyé en France pour achever ses études, puis reçu comme apprenti par son oncle, chirurgien-apothicaire à Fowey, en Cornouaille, qui voulait en faire son successeur. Wolcott fit des progrès dans cette profession ; mais en même temps il dessinait beaucoup et s’occupait encore plus de poésie. On dit qu’il aimait à se retirer dans les ruines d’une tour bâtie sur un rocher au bord de la mer, et qu’il s’y livrait tout entier à des inspirations poétiques. Il se rendit à Londres pour se perfectionner dans la chirurgie et revint ensuite auprès de son oncle, qui était l’apothicaire de la famille Trelawney. En 1769, sir William Trelawney ayant été nommé gouverneur de la Jamaïque, Wolcott l’accompagna dans cette colonie, avec le titre de médecin du gouvernement, malgré l’opposition de son oncle, qui déplorait vivement l’inconstance de ses goûts. Dans la navigation, sous le beau climat des Canaries, il composa plusieurs pièces de vers pleines de verve. Arrivé à la Jamaïque, son épicurisme céda aux influences du climat ; il amusait le gouverneur par sa gaieté, exerçait un peu la médecine sous le titre de médecin en chef de l’île, et passait la plus grande partie de son temps dans la joie. Un jour il lui prit fantaisie de remplacer le recteur de la principale paroisse qui venait de mourir, et il monta en chaire avec la permission du gouverneur, qui trouva sans doute plaisant d’entendre prêcher un médecin qui se moquait de tout et qui aimait trop les joies de ce monde pour songer beaucoup à l’autre. Mais le protecteur de Wolcott vint à mourir, et il fallut bientôt renoncer à la vie voluptueuse des colonies. Il revint vers son oncle, qu’il perdit aussi peu de temps après ; il hérita de lui et alla s’établir comme médecin dans la petite ville de Truro. Là il composa des satires, dessina de temps en temps des caricatures, mystifia ses voisins et se fit des querelles avec beaucoup de monde. Ayant perdu un procès contre l’autorité municipale, il abandonna cette petite ville pour Helstan, d’où il se retira à Exeter. Ce fut à Truro que Wolcott composa ses meilleures odes, entre autres celle qu’il adressa à Cambria, montagne de la Cornouaille, et que l’on met à côté des meilleures odes de Collins et même de Gray. Dans cette retraite obscure, il aida quelques talents naissants, dont il avait su apprécier le mérite. De ce nombre fut John Opie (voy. Opie), simple charpentier, qui, grâce à ses encouragements, devint un peintre fameux. Wolcott possédait lui-même un talent fort agréable en peinture, et en même temps il cultivait la musique et composait de jolies romances. Cependant son goût dominant le portait vers la raillerie et la satire ; il débuta, en 1778, dans la poésie satirique par une épître ou une pétition aux auteurs des revues littéraires. Il s’était établi, l’année précédente, à Londres et y avait conduit son protégé Opie, qui y eut de grands succès. Il lança alors dans le monde une critique très-amère de l’exposition des tableaux et dessins, sous le litre d’Odes lyriques aux académiciens royaux, par Peter-Pindar, parent éloigné du poëte de Thèbes, 1785. Quelques grandes réputations, entre autres celle de Benjamin West, y étaient attaquées sans ménagement. Le succès de cette critique encouragea le poëte, et l’année suivante il en fit une seconde ; enfin, il devint de plus en plus hardi. Le roi, étant un jour à table, avait aperçu sur son assiette un insecte dégoûtant : aussitôt l’ordre fut donné de raser toutes les têtes des cuisines royales ; aucun marmiton, aucun cuisinier ne put se soustraire à cet ordre