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dans sa biographie (p. 143 et suiv.), et le discours qu’il adressa, le 18 septembre 1810, aux étudiants de l’université de Leyde, à l’époque de la réunion de la Hollande à l’empire français : Protrepticon instaurandis scholis et discipulis ad litterarum studium confirmandis díctum, exhortation pleine de mesure, de dignité et de force, bien propre à relever le courage abattu de ceux de ses auditeurs qui ne croyaient plus avoir de patrie et qui songeaient à abandonner des études désormais inutiles. Ce discours est, de même que tous ceux dont nous avons parlé, compris dans le recueil publié à Leyde en 1821 : D. Wyttenbachii opuscula varií argumenti, oratoria, historia, critica, nunc primum conjunctim edita (2 tomes grand in-8°). Pour être placé au même rang que les Bentley, les Valckenaer, les Porson, il n’a manqué à Wyttenbach qu’un sentiment plus vif des beautés poétiques, et plus d’habitude de porter son attention sur les modulations rythmiques et les richesses métriques de la belle langue qu’il avait, soit par goût, soit par suite de la direction particulière de ses travaux, principalement étudiée dans les prosateurs. Ce n’est pas à dire qu’il ait négligé les poètes de l’antiquité. Non-seulement il les avait tous lus, mais ce qu’ils otfrent d’instructif pour l’histoire de la langue, des opinions et des institutions helléniques, se présentait à son esprit lorsqu’il en avait besoin pour éclaircir une question de philologie ou de doctrine philosophique, et jeter un nouveau jour sur le sens des auteurs qui ont été plus spécialement l’objet de ses travaux. Indépendamment de ce que lui doit Plutarque, pour les œuvres morales duquel il est désormais ce que Hemsterhuys est pour une partie de Lucien. Valckenaer pour Hérodote, Wesseling pour Diodore, Reimarus pour Dion Cassius, etc., le terme que la critique dépassera difficilement, Wyttenbach commence une nouvelle ère dans l’exposition des systèmes des philosophes grecs. Avant lui, et encore de nos jours, les historiens de la philosophie, ceux mêmes qui alliaient une grande connaissance de la langue à la profondeur des vues, rapportaient à leur insu les idées de ces philosophes, plus ou moins sensiblement au type de Descartes, Bacon, Leibniz, etc., et nous avons eu ainsi des Platons, des Aristotes, des Pythagores, des Zénons, costumés comme l’étaient les Achilles, les Hectors et les Hellènes de nos anciens théâtres, vètus en chevaliers du moyen âge, ou en seigneurs et dames de la cour de France. Wyttenbach s’était fait contemporain de Xénophon, de Platon et de Démosthène ; il vivait dans l’Agora et sur les bords de l’Ilissus. Dans cette atmosphère que des études heureusement spéciales et à peu près exclusives avaient créée autour de lui, il recevait de la lecture de leurs livres l’impression même qu’en avaient reçue leurs propres concitoyens. C’est ainsi qu’il s’est mis en état de reproduire l’image fidèle de ces auteurs et le trait sincère de leur physionomie. Sa gloire immortelle est surtout d’avoir ranimé l’étude de Platon et su inspirer à ses nombreux élèves son enthousiasme pour le plus grand des écrivains de l’antiquité. Les élèves de Wyttenbach ont à leur tour transmis cette admiration à leurs disciples, et nous lui devons plusieurs écrits remarquables sur les œuvres de ce philosophe et sur des points importants de sa doctrine, tels que J. L. Gmi de Geer diatribe in Politica platonicœ principia (1810, 191 pages) ; Glmi Groen van Prinsterer plalonica prosopographia (1823, 237 pages), et surtout les excellents Initia philosophiœ platonicœ, auctore Ph. Glmi van Heusde (pars prior, 1827, 201 pages). Dans la préface, en forme de lettre adressée au célèbre Creuzer, M. van Heusde s’est attaché à caractériser le talent de son maître Wyttenbach et a montrer l’heureuse influence qu’il a exercée sur la jeunesse batave, et que M. van Heusde compare à celle que Cicéron eut sur la noblesse romaine. Cette préface (p. 1-43), écrite dans la belle latinité de l’école de Wyttenbach, est digne d’être méditée par tous les amis de la littérature ancienne. Son savant auteur fait voir que l’élégance du style de Wyttenbach tient à ce qu’il pensait en grec en même temps qu’en latin, et qu’il moulait habituellement les expressions latines sur les formes grecques, comme firent les auteurs romains du beau siècle, qui tous avaient ces formes présentes à leur esprit et qui modifièrent leur idiome dur et pauvre sur le modèle de la langue des Hellènes. Ce que M. van Heusde dit de l’accueil que Wyttenbach faisait aux jeunes gens studieux, des encouragements et des directions qu’il leur donnait dans des conversations particulières. du soin que prenaient ses disciples de se loger dans les maisonnettes, et même dans les huttes aux environs de l’habitation champêtre où Wyttenbach allait passer les vacances, pour être à portée de ces entretiens socratiques auxquels il les admettait le soir ; enfin ce qu’il dit des réunions qu’ils formaient, pour lire Platon en commun et s’entraider dans cette lecture, fait chérir la mémoire de cet humaniste, vénérer son caractère et mieux apprécier l’étendue des services qu’il a rendus à la philologie. Il en résulte que si, par l’universalité et la profondeur des connaissances, il n’a pas égalé les Gasaubon et les Hemsterhuys, il leur a été supérieur par l’empire qu’il s’est acquis sur ses disciples et l’ardeur qu’il leur a inspirée pour l’étude des plus grands écrivains de l’antiquité, surtout de celui qu’elle a appelé le dieu des philosophes, et qui prépare si bien les esprits à recevoir avec plus de reconnaissance et avec plus de soumission les enseignements véritablement divins de l’Évangile. S-a.


WZABECZ (VeNcr : si. As-Joxcanr), professeur de chirurgie à Bruchsal et à l’université de Prague, était né.en 1740, à Bœhmischbrod en Bohème.