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Romains comparées aux modernes, 1834 ; 5° Manuel du droit économique allemand, 1838 ; 6° Manuel du droit industriel allemand, 1839 ; 7° Manuel de la procédure criminelle, 1840. Tous ces ouvrages, un seul excepté, écrits en allemand, portant sur presque toutes les parties du droit public ou privé, et souvent consultés, assurent à leur auteur un rang distingué parmi les légistes de l’Allemagne. L. R-l.


WEISS (François-Rodolphe), né à Yverdun en 1751, était fils naturel, mais légitímé, d’un membre du conseil souverain de Berne. Il servit d’abord en France, puis en Prusse, avec le grade de colonel, et fit ensuite plusieurs voyages en Allemagne et en Angleterre. On raconte qu’il soutint dans les rues de Londres une lutte à coups de poings contre un des plus fameux boxeurs, et qu’il triompha de son a versaire aux applaudissements de la populace ; à Paris il se défendit, dans la maison qu’il habitait, contre un détachement venu pour l’arrêter. De retour dans sa patrie, il fut bailli de Moudon, major de la ville de Berne, c’est-à-dire commandant de la garde urbaine, et membre du conseil souverain, en 1785. Ce fut à cette époque qu’il publia la première édition de ses Principes philosophiques, politiques et moraux, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage, écrit selon toutes les idées philosophiques du 18e siècle, eut du succès. On en a publié jusqu’à dix éditions (la dernière, Paris, 1828, 2 vol.) ; et il fut traduit en allemand et en anglais. La vanité de l’auteur, qui était excessive, fut très-flattée d’un tel résultat [1] ; il continua de s’occuper avec beaucoup d’ardeur de littérature, de politique et de philosophie. Dès le commencement de la révolution de France, il s’en montra un des plus chauds partisans, et eut à combattre, à cet égard, un parti très-puissant dans sa patrie. Il publia dans ce temps-là plusieurs brochures politiques, dont l’une était intitulée Des deux Chambres, 1789, in-8° ; l’autre : Coup d’œil, 1793, in-8°, et enfin une troisième Sur les relations de la France avec le corps helvétique, 1794, in-8°. Dans tous ces écrits, le colonel Weiss prit le parti des révolutionnaires qui gouvernaient la France ; et lorsque le sénat de Berne commença à redouter l’esprit d’envahissement de la nouvelle république, il ne crut pouvoir mieux faire que d’envoyer à Paris un agent que l’on avait tant de raisons d’y bien accueillir. Arrivé dans cette capitale, avec le titre de ministre plénipotentiaire du corps helvétique, à une époque où aucun autre envoyé des puissances ne s’y trouvait, Weiss obtint quelque succès. et parvint à maintenir la paix entre les deux États, au moins pour quelque temps. Robespierre lui écrivait alors : « Le nom suisse est une recommandation puissanté auprès d’un vrai Français, et surtout auprès de moi. » Revenu dans sa patrie, Weiss ne douta pas qu’elle ne lui dut son existence. Il continua à montrer beaucoup de zèle pour la France, et fut dès lors considéré comme un des chefs de ce que l’on appelait le parti français dans le sénat de Berne. Il publia sous ce titre : Réveillez-vous, Suisses, le anger approche ! une brochure qui, loin d’être propre à réveiller ses compatriotes, n’était faite que pour les endormir dans une trompeuse sécurité (voy. Steiguer). Vers la fin de 1797, lorsque la Suisse fut menacée d’une prochaine invasion, le gouvernement bernois, voulant, par le choix d’un homme populaire et connu pour ses dispositions pacifques, donner un gage de sa modération, et manifester à la fois son désir d’éviter une rupture, et son intention de faire droit aux griefs des mécontents, nomma Weiss commandant général du pays de Vaud. Il occupait ce poste important lorsque les généraux Brune et Schauenbourg se présentèrent pour envahir la Suisse. Voici le portrait que Mallet-Dupan a fait de Weiss dans cette circonstance : « Sans capacité militaire, sans habileté politique, dépourvu de sang-froid et de conduite, aussi confiant que médiocre, il crut que son nom, ses brochures, sa philosophie lui procureraient de l’ascendant ; accepta le commandement du pays de Vaud, lorsque ce pays (gangrené au reste par ses brochures) appela, en 1798, les Français ; perdit sa popularité sans remplir ses devoirs ; parlementa au lieu d’agir, s’enfuit ensuite devant l’ennemi, et finit par se retirer en Allemagne, après avoir perdu toute espèce de crédit, et contribué à la perte de la république. » Réfugié en Allemagne, Weiss y publia une justification, sous ce titre : Du début de la révolution en Suisse, ou Défense du ci-devant général de Weiss contre ses détracteurs, avril 1799, in-8°. Cette brochure fut peu remarquée. Cependant on la traduisit en allemand, dans la même année, à Nuremberg. Weiss rentra dans sa patrie dès que le gouvernement consulaire fut établi en France ; et il publia à Berne, en janvier 1801, un Mémoire à Bonaparte, premier consul, avec une lettre d’envoi aux deux conseils de la république helvétique. Il était, l’année suivante, un des électeurs de Berne ; mais il n’eut aucune part aux nouvelles fonctions qui furent créées. Ses facultés mentales commençaient dès lors à s’altérer ; et peu de temps après, il se suicida dans une auberge de Nion. Le général de Weiss avait épousé une femme d’une grande distinction, pour laquelle il eut de mauvais procédés, et dont il s’était séparé depuis longtemps. M-d j.


WEISS (Christian), philosophe allemand. naquit à Taucha, près Leipsick le 26 mai 1774. Fils d’un ministre qui s’attacha à lui donner une sérieuse et solide instruction, il fit ses premières études à l’école Nicolaï dans sa ville natale, dont il suivit ensuite les cours universitaires. En 1794 fl fit en Silésie un voyage qui lui inspira son pre-

  1. Le père du colonel Weiss dit, lors de la publication de cet ouvrage, qu’il y avait trouvé trop court le châpitre de la vanité.