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« Pour cette liquidation et pour cette administration, nous voulons un honnête homme qui ait l’intelligence et l’expérience des affaires : par ce motif vous nous convenez. » Il remplit donc ce mandat qui honorait aussi ceux qui le lui confiaient, et il le remplit gratuitement, ainsi qu’il en exigea la déclaration dans un journal. C’est un des organes avancés de la presse d’alors, le Moniteur du clubs. qui lui rendit cette justice. « Le citoyen Vavin, lisait-on dans cette feuille, « ne perçoit point d’appointements, et cependant il travaille dix-huit heures par jour. Nous mentionnons cet exemple pour l’édification des citoyens. » Ce fut le 31 décembre 1851 qu’il remit au ministre des finances le volume de ce compte rendu, c’est-à-dire qu’il rendit à l’empire le d pot que lui avait confié la république. Pour toute récompense, il demanda qu’on assurât la situation des anciens employés de la liste civile, dont il disait avec un sentiment de louable humanité qu’il n’avait fait à aucun d’eux l’injure de le remplacer par un autre. À l’assemblée constituante comme à l’assemblée législative, dont il lit également partie, Vavin se lit remarquer par une modération politique qui était dans son caractère et dont on vient de voir l’expression ; ainsi s’explique sa tendance à voter alors avec la droite, plutôt qu’avec l’autre côté de la représentation du pays. Cependant, c’est sur sa demande que, le 15 mai 1848, la question de Pologne fut mise à l’ordre du jour. Il vota néanmoins (12 janvier 1849) la proposition à laquelle le député Rateau attacha son nom, et qui avait pour objet de faire prononcer la dissolution de assemblée constituante avant le vote des lois organiques. Vavin se prononça aussi pour l’expédition de Rome, pour la loi du 31 mai 1850, imitative du suffrage universel ; enfin, pour la révision de la constitution. Au2 décembre 1861 il lit partie de la réunion dite du dixième arrondissement. laquelle proteste contre le coup d’État. Depuis, il ne prit plus part aux affaires publiques. Seulement il se présenta, mais sans succès, aux élections de 185, quoiqu’il eût obtenu huit mille suffrages. En 1863, alors qu’on voulait encore faire de lui un représentant du pays, il se retira comme il avait fait au début de sa carrière politique, devant la candidature d’un remarquable écrivain, M. Prévost-Paradol, qui cependant ne fut point nommé. Vavin mourut à Paris regretté et digne de l’être, le 5 décembre 1863. R—Ld.


VAYER (la Motte le). Voyez Mothe.


VAYER (Roland le). Voyez Boutigny.


VAYRAC (l’abbé Jean de), né dans le village de ce nom, en Quercy, lit un séjour de vingt ans en Espagne, et se rendit à Paris vers 1710. Il avait l’esprit caustique, si l’on en juge par une anecdote qui se trouve dans quelques recueils. Un jour qu’il s’était mis à couvert de la pluie sous une porte cochère, la voiture d’un petit maître s’arrêta devant lui pour quelque réparation ; le petit-maître envoya son laquais lui demander à quelle bataille son chapeau avait été percé ? « A celle de Cannes, » lui dit l’abbé en lui appliquant de bons coups de sa canne sur les épaules. Le petit-maître, voyant maltraiter son laquais, se fâche et dit à l’abbé : « Savez-vous à qui vous avez affaire ? — Oh ! très-bien, dit l’abbé. — Qui suis-je ? — Un sot. » Nous avons de l’abbé de Vayrac un grand nombre d’ouvrages historiques, qui ne sont pas sans mérite, quoiqu’ils aient été écrits avec trop de précipitation. Voici les principaux : 1º L’état présent de l’empire, Paris, 1711, 1 vol. in-12. L’auteur prend d’engagement, dans son discours préliminaire, de ne rien avancer qu’il ne prouve par de solides raisons ou par des autorités authentiques, sans qu’aucun motif de politique ni d’intérêt soit capable de lui faire trahir la vérité ; mais il était trop léger et trop peu appliqué, suivant le jugement d’un contemporain, pour tenir son engagement. 2º Lettres et mémoires du cardinal Bentivoglio, Paris, 1713, 2 vol. in-18 ; 3º Maximes de droit et d’état, Paris, 1716. Elles sont dirigées contre les princes légitimés. 4º Histoire des révolutions d’Espagne, Paris, 1719, 4 vol. in-12, et depuis 5 vol. in-8o ; 5º État présent de l’Espagne, Paris, 1718, 4 vol. in-12. L’abbé de Vayrac était très-capable d’écrire sur l’Espagne, parce qu’il connaissait bien ce pays, et qu’il avait beaucoup d’esprit et d’érudition ; cependant il n’a pas fait tout ce qu’il pouvait faire. Au sujet de ce dernier ouvrage, on lui a adressé cinq reproches, dont il croyait s’être bien lavé dans sa préface, mais qui subsistent en entier. 6º Lettre au sujet de Guillaume, fils d’Etienne, comte de Blois, 1722, dans le Mercure ; 7º Journal du voyage du roi (Louis XV) à Reims… avec la description des fêtes données à Sa Majesté à Villers-Cotterets, etc., Paris, 1788, dans le Mercure du mois de novembre et séparément ; 8º Dissertation historique, topographique et critique sur la véritable situation d’Uxellodunum, dont il est parlé dans les Commentaires de César, avec un plan dressé sur les lieux, Paris, 1725. Après avoir détruit les systèmes de ses adversaires, l’abbé de Vayrac soutient qu’Uxellodunum n’est autre que le Pech d’Ussolun, près de Vayrac, en Quercy. L—b—e.


VAYRASSE d’ALAIS. Voyez allais.


VAYRINGE (Philippe) (1), habile mécanicien, né le 20 septembre 1684 à Nouillonpoint, village de Lorraine, de parents pauvres et obscurs, s’enfuit, ù Page de dix ans, pour se soustraire aux mauvais traitements de sa belle-mère. Son dessein était d’aller en pèlerinage à Rome ; mais il en fut détourné par ses camarades, et il entra chez un serrurier de Metz, qui lui promit vingt sous par mois. Il demanda la permission de faire une serrure ; et il réussit assez bien dans ce premier

(1) Il est mal nommé Vaisinge dans les Mamoires de l’Académie des sciences, ann. 1726. et Varinge dans la Traite d’horlogerie par Lepaute.