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s’était procuré une ancienne Histoire des rois de Bourgogne, d’après laquelle il se proposait de prouver que les comtes de Champagne et de Brie étaient sortis en ligne masculine de la famille de Charlemagne. Ses travaux sur l’histoire profane ne l’avaient pas empêché de se livrer à de savantes recherches sur les sciences ecclésiastiques. Il avait découvert dans les bibliothèques plusieurs ouvrages inédits de St-Augustin, entre autres, dans celle de Clairvaux, les six livres de l’ouvrage imparfait contre Julien, dont Claude Ménard n’avait donné que les deux premiers. Il fit imprimer le tout, en 1654, sous le titre de Sancti Augustini operum supplementum, 2 vol. in-fol. L’éditeur était personnellement à l’abri de tout soupçon de jansénisme, au point que Colonia l’a mis dans sa bibliothèque parmi les écrivains antijansénistes. Cependant on crut découvrir des rapports entre la doctrine de l’Ouvrage imparfait et celle de l’Augustinus, et l’on rétendit que le premier était supposé. L’édition fut arrêtée. Mais le savant Priezac, ayant été chargé de l’examiner, en prouva si bien l’authenticité, que le chancelier Séguier lui laissa une libre circulation. On exigea seulement la suppression de l’Épître dédicatoire au cardinal de Retz, alors en disgrâce ; elle contenait, en effet, un éloge outré et déplacé de cette éminence. Cette épître est restée dans quelques exemplaires qui avaient été distribués avant la suspension. Les liaisons du P. Vignier avec la famille de Gondi lui firent attribuer divers écrits pour la défense du cardinal de Retz. Le style en était cependant d’une plume bien plus élégante que la sienne. Il n’en fut pas moins enveloppé dans la disgrâce de tous les membres de cette famille, et n’évita une lettre de cachet qui le reléguait en Limousin qu’en se réfugiant chez M. de Vialart, évêque de Châlons-sur-Marne, où il resta caché jusqu’à ce que le cardinal eut fait sa paix avec la cour. Il revint alors à St-Magloire. Son séjour n’y fut que de très-courte durée ; une hydropisie de poitrine, accompagnée de fièvre quarte, le mit au tombeau, le 14 novembre 1661, à l’âge de 55 ans. La mort prématurée de Vignier priva le public de plusieurs ouvrages qu’il se proposait de mettre au ljour. Le seul qui ait paru par les soins de son frère est intitulé Endiatessaron, ou Histoire et harmonie de l’Evangile, Paris, 1662, in-12. C’était la meilleure concordance qu’on eût alors. L’auteur était sur le point, lorsqu’il mourut, de publier une Histoire de l’Église gallicane, et les livres de St-Fulgence contre Faust de Riez, qu’il avait découverts à Venise. L’abbé Goujet croit que le manuscrit passa entre les mains des jésuites de Paris, qui le firent disparaître. Il possédait les Scolies de Pierre de Laodicée sur St-Matthieu et celles d’un anonyme sur St-Jean, traduites du grec en latin par le P. Chailly, son confrère. On les conservait dans la bibliothèque de St-Magloire. T-d.


VIGNIER (Jacques), jésuite et historien, naquit à Bar-sur-Seine et entra à l’âge de dix-sept ans dans l’ordre des Jésuites, contre le désir de ses parents. Il se fit connaître comme prédicateur, et, après avoir successivement professé à Bar-sur-Seine, à Chaumont, à Langres et à Dijon, mourut dans cette dernière ville en 1669. Jacques Vignier employa tous les loisirs que lui laissaient ses fonctions à recueillir et à étudier les documents relatifs à l’histoire du diocèse de Langres, dans lequel il était né et où étaient situés les différents collèges dans lesquels il fut recteur. Il réunit le produit de ses laborieuses recherches dans un grand ouvrage intitulé Décade historique du diocèse de Langres, que la mort l’empêcha de publier, comme il en avait le projet. Après la mort de Vignier, son manuscrit, qui formait plusieurs volumes in-folio, fut conservé au collège des jésuites de Langres jusqu’au milieu du 18e siècle, et on allait le faire imprimer lorsqu’il fut brûlé dans l’incendie de ce collège en 1744. Une copie de cet ouvrage, probablement moins complète que le manuscrit détruit par le feu, appartenait aux jésuites de Dijon : on ignore ce qu’elle est devenue. Une autre copie, en deux volumes in-folio, était conservée à Langres avant 1789 ; mais le second volume, saisi par l’État dans la bibliothèque d’un émigré, est aujourd’hui perdu, et on n’a plus que le premier volume, qui appartient à M. Guyot de St-Michel, de Langres, et dont il existe des copies dans la bibliothèque du grand séminaire de cette ville et dans celle de l’auteur de cet article. Le volume conservé ne renferme que la première partie de l’ouvrage de Vignier, ainsi qu on le voit dans la table générale que l’auteur avait fait imprimer, probablement pour servir de prospectus à son ouvrage. Le seul exemplaire que l’on connaisse de cette table, et qui appartient à l’auteur de cet article, se compose de 14 pages in-folio, sans noms d’auteur et d’imprimeur et sans date. On doit vivement regretter la perte de la plus grande partie du manuscrit de Vignier ; car, si l’on en juge par ce qui a été conservé et par les indications de la table, cet ouvrage très-considérable, et fruit de longues et patientes recherches, réunissait les documents les plus intéressants pour l’histoire du diocèse de Langres, l’un des plus vastes de France et qui, en outre de Langres et de Dijon, renfermait quatorze villes de la Champagne, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, dont Vignier avait écrit l’histoire. Il serait a désirer que l’on fit imprimer le seul volume de l’histoire du diocèse de Langres qui a échappé aux différents accidents qui ont entraîné la perte des autres parties de cet ouvrage. Sous le titre de Chronicon lingonense ex probationibus Decadis historiæ contextum, Jacques Vignier fit imprimer, Langres, 1665, in-12, un extrait de son grand ouvrage. Ce volume, devenu assez rare, offre un résumé fidèle de l’histoire du diocèse de Lan-