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Attaqué depuis plusieurs années d’une longue et cruelle maladie, il conserva toute son activité jusqu’au dernier moment. Il s’occupait encore à la fin de sa vie à faire exécuter la machine qu’il avait inventée pour composer sa chaîne sans fin. « Ne perdez point de temps, disait-il aux ouvriers ; je ne vivrai peut-être pas assez pour expliquer toute mon idée. » Enfin, il termina sa carrière le 21 novembre 1782. Il fut retenu au lit pendant les dix-huit derniers mois de sa vie, par une complication de maux très-douloureux, et ses parents désirèrent alors qu’il donnât quelques marques de retour à la religion : ce ne fut qu’avec beaucoup de peine qu’on put le déterminer à se confesser. On lisait cette épitaphe sur sa tombe dans l’église de Ste-Marguerite : Bonis omnibus pietate, caritate, verecundia flebilis. C’était en effet un bon père de famille et véritablement un homme de bien[1]. Vaucanson avait fait pour la Cléopâtre de Marmontel un aspic automate, qui sifflait en mordant le sein de la reine. « Que pensez-vous de cette pièce ? dit un voisin à un autre. — Je suis de l’avis de l’aspic, » répondit celui que l’on interrogeait. L’éloge de Vaucanson comme membre de l’Académie des sciences a été composé par Condorcet.

Z.


VAUCEL (Paul-Louis du), ami et agent d’Arnauld et de Quesnel, né à Évreux, vers 1610, s’était d’abord destiné à la profession d’avocat ; mais l’abbé Feydeau (voy. ce nom) l’entraîna dans une autre carrière. Du Vaucel suivit cet abbé quand il alla, en 1665, se fixer dans le diocèse d’Aleth. Ils demeurèrent quelque temps ensemble. Pavillon, évêque d’Aleth, s’attacha ensuite du Vaucel, qui le servait dans sa correspondance et dans les affaires que lui suscitait sa résistance aux ordres du roi touchant la régale. Le secrétaire fut exilé à St-Pourçain, en 1677, et passa en Hollande, en 1681 ; Arnauld y était déjà, ainsi que plusieurs autres ecclésiastiques et séculiers attachés à sa cause. Du Vaucel demeura quelques mois à Delft avec le docteur, qui le crut propre à remplir une mission importante. On voulait avoir à Rome un agent actif, intelligent, discret, qui, par sa prudence et sa réserve, ne donnait point d’ombrage et qui servit néanmoins avec zèle les intérêts du parti. Du Vaucel avait toutes ces qualités ; il partit pour Rome, en 1682, et y demeura sous le nom de Valloni.

Il entretenait avec Arnauld une correspondance assidue, comme on le voit par le grand nombre de lettres de ce docteur qui lui sont adressées dans le recueil qui en a été publié. Cette correspondance mystérieuse montre quels étaient le dévouement et l’activité de du Vaucel ; on en trouve encore une autre preuve dans le recueil intitulé Causa Ouesnelliana. 1701, in-4°. Parmi les papiers saisis chez Quesnel lorsqu’il fut arrêté à Bruxelles, il y avait beaucoup de lettres de l’infatigable agent, qui y est nommé tantôt Valloni, tantôt le prieur de St-Louis, quelquefois le sieur de la Rue, Teodoro, etc. Du Vaucel, ayant été obligé de quitter Rome, voyagea en Italie et dans d’autres pays pour les intérêts de la même cause. Il se trouvait à Maëstricht en 1715, et y mourut le 22 juillet. Tous ses écrits sont anonymes ; il donna une édition des Statuts synodaux d’Aleth, 1674, in-12, et du Traité de la régale de Caulet, 1681, in-1°. Lui-même composa un traité latin sur la régale, 1689, in-4°, et dressa une Relation de ce qui fêtait passé touchant la régale à Aleth et à Pamiers, 1681, in-12. Il avait recueilli des mémoires sur la vie de Pavillon, et il a écrit contre Mollinos, contre Sfondrate, contre les rites chinois. Il avait laissé en manuscrit des remarques sur les Actes du concile de Constance, par Schelstrate, et sur le Traité des libertés gallicanes de Charlas. Enfin on lui attribue des remarques sur le plaidoyer de Talon, en 1688, contre la bulle d’innocent XI sur les franchises, et une justification de cette bulle, in-12 de 179 pages.

P-c-t.


VAUCHELLE (André-Jean), administrateur français distingué, naquit à Versailles, le 28 janvier 1779. Il se trouva dès sa jeunesse au milieu d’une période où la France luttait contre l’Europe coalisée, et toutes les forces du pays étaient tournées du côté de la guerre ; il fallait administrer les services que réclamaient de si grands efforts, et Vauchelle se consacra à cette carrière. Après avoir travaillé dans les bureaux du ministère et avoir donné des preuves de son intelligente activité, il fut, à l’âge de vingt-deux an, nommé l’un des adjoints aux commissaires des guerres que créa le premier consul et dont le nombre fut fixé à trente-cinq. Après cinq ans de service en Allemagne, il passa à l’armée de Naples en qualité de sous-intendant de première classe. Il resta près de dix ans dans ce pays, attaché à l’armée qu’avait levée Murat et montant de grade en grade jusqu’à celui d’inspecteur aux revues. La catastrophe qui mit fin au pouvoir du beau-frère de Napoléon amena Vauchelle en France ; mais ses longs services auprès d’un prince fort antipathique aux Bourbons ne le recommandaient guère à la bienveillance du gouvernement nouveau. Toutefois sa capacité était trop notoire pour qu’on ne reconnût pas la convenance de l employer ; mais ce ne fut qu’avec un rang bien inférieur à celui qu’il avait occupé à Naples. En 1824, il fut nommé professeur d’administration militaire à l’école d’état-major, et nul ne pouvait mieux que lui

  1. Vaucanson, par son testament, avait donné son cabinet de mécanique à la reine, qui ne parut pas faire grand cas de ce legs. On suggéra à cette princesse l’idée d’en gratifier l’Académie des sciences ; mais les intendants du commerce ayant réclamé les machines relatives aux manufactures, il en résulta des discussions par suite desquelles cette précieuse collection a été dispersée et perdue pour la France. Le flûteur, le joueur d’échecs, etc., ont passé en Allemagne. Ce qui est resté en France se trouve, ainsi qu’il a été remarqué ci-dessus, au Conservatoire des arts et Métiers.