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Leclerc, que l’on emmenait prisonnier. Le 2 novembre, au combat de St-Michel, Vaubois donna de nouvelles preuves de sa valeur, et quelques jours après (le 17), au combat d’Arcole, ce fut lui qui tint en échec, près de Trente, le général Davidovitch. Il contint pendant vingt-quatre heures les autrichiens ; mais culbuté par un ennemi renforcé par des troupes nouvelles, il dut se retirer derrière le Mincio, après avoir perdu quelques centaines d’hommes. En 1798, il reçut du général Bonaparte le commandement de l’île de Malte, qui comptait alors une population de cent mille hommes, qu’il fallait contenir avec 4 000 soldats seulement. Un si petit nombre de soldats suffisait à peine à la défense de la place. Déjà Vaubois a dignement répondu aux sommations qui lui étaient faites par l’étranger, lorsqu’il apprend qu’un complot est tramé contre les Français, que l’on se propose tout simplement d’égorger.

Il s’arme avec les siens, les conjurés s’avancent : Vaubois fond sur les uns qu’il disperse et tue ou fait fusiller les autres. Il mitraille ensuite les conjurés du dehors attirés par le bruit du canon tiré en réjouissance de cette victoire qu’ils supposaient remportée par leurs complices. Bloqué pendant deux ans, Vauhois s’attacha à donner le change, par des divertissements, aux privations auxquelles lut et ses soldats étaient en proie. Ce ne fut qu’après d’inutiles tentatives pour faire connaître en France sa position désespérée, après avoir perdu la moitié de sa garnison, enfin, après avoir repoussé huit sommations, qu’il capitula avec les honneurs de la guerre. Pendant qu’il défendait si héroïquement la place, il était élevé à la dignité de sénateur, et le décret du 14 juin 1804 le comprit parmi les grands officiers de la Légion d’honneur. Devenu comte et titulaire de la sénatorerie de Poitiers, il prit part aux actes du sénat jusqu’à la restauration. Le 1er avril 1814, il vola la déchéance de Napoléon et le rappel des Bourbons. La première restauration fit de lui un chevalier de St-Louis. Il ne fut donc pas compris parmi les pairs créés pendant les cent- jours ; mais il fut élevé à la pairie au second retour de Louis XVIII, et se fit remarquer dès lors parmi les membres de cette assemblée attachés à l’opinion libérale. Il continua de siéger à la chambre des pairs après 1830 jusqu’à sa mort, arrivée le 14 juillet 1839.

Z.


VAUBONNE (le marquis de), né dans le comtat Venaissin, en 1645, d’une famille noble, entra au service de France dès sa jeunesse, et s’expatria bientôt, à la suite d’une affaire d’honneur. Il entra alors au service de l’empereur d’Allemagne, et y obtint un avancement rapide. En 1703, il commandait, dans le Trentin, un corps de cavalerie, à la tête duquel il s’opposa à la marche du duc de Vendôme. Il fut fait prisonnier l’année suivante, à Trano, et envoyé à Alexandrie S’étant ménagé des intelligences parmi la garnison de cette place, il tenta de la faire passer sous la domination du duc de Savoie ; mais son complot ayant été découvert, il fut enfermé dans un cachot, puis transporté en France. Il obtint ensuite son échange et reprit son service.

Se trouvant, en 1708, à la prise de Gaëte par le général Thann, il y reçut une blessure grave et passa pour mort. Il guérit cependant, et servit encore avec beaucoup de distinction. En 1713, il était lieutenant général de cavalerie, et il commandait un corps de 20 000 hommes devant Fribourg, lorsqu’il fut obligé de se retirer à l’approche du maréchal de Villars. Deux ans plus tard, il passait par Rome, allant prendre le commandement du royaume de Naples, lorsque, dans un accès de démence, il se précipita d’un troisième étage dans la rue, et mourut un quart d’heure après, le 12 août 1715.


VAUBRIÈRES (de), écrivain du 17e siècle, que nous ne trouvons mentionné dans aucun de nos dictionnaires historiques, fut d’abord professeur à l’université de Heidelberg et ensuite maître de mathématiques des pages de Jean-Isidore, cardinal de Bavière, évêque prince de Liège. Il occupait cet emploi lors de la publication de son premier ouvrage, intitulé Principes d’éducation pour la noblesse, concernant les bonnes mœurs et la religion, etc., Liège, B. Colette, 1751, petit in-8°, dédié à messeigneurs les trois états du pays de Lièqe et comté de Loos. À la fin du volume, qui a près de 600 pages et qui n’est guère qu’une compilation, l’auteur dit que, si le public n’agrée pas son ouvrage, il gardera le silence ; mais que, dans le cas contraire, il produira un second ouvrage dans lequel il développera le troisième objet de l’éducation de la jeunesse, qui est l’étude des sciences, etc. Il paraît que le livre eut un certain succès, puisque, en 1761, il en parut, aussi à Liège, une nouvelle édition en trois volumes in-8°, dans laquelle de Vaubrières développa sans doute son troisième objet. On a encore de lui : Dissertation succincte et méthodique sur le poëme dramatique, concernant la tragédie et la comédie, où l’on fait précéder le poëme épique et succéder différents autres genres de poésie qui ont rapport au drame, Nuremberg, J.-A. Lokner, 1767, 2 vol. in-8°. Pour une dissertation succincte, deux volumes de ce format, c’est beaucoup. Au reste, nous ne connaissons cette production que par la citation qu’en fait la France littéraire de M. Quérard ; mais il ne semble pas que de Vaubrières ait prêché d’exemple en ce qui concerne la poésie, à en juger du moins par une pièce de sa façon insérée dans ses Principes d’éducation et qui a pour titre : le Paganisme tourné en ridicule. Elle se compose de treize quatrains, dans lesquels le poëte ne respecte ni la rime, ni la mesure, encore moins les lois du langage. Nous ne pouvons dire en quelle année mourut de Vaubriéres.

B-l-u.


VAUCANSON[1] (Jacques de), mécanicien, na-


  1. D’après une récente découverte, le nom de l’éminent mécanicien, auquel cette notice est consacrée, s’écrirait Vocanson. Il paraît en effet que l’acte de baptême, copié par un savant de Grenoble, M. Pilot, sur les registres de la paroisse St-Hugues, est ainsi conçu : Le 26 février 1109, j’ay baptisé Jacques, né d’hier, fils du sieur Jacques Vocanson, marchand gantier, et de demoiselle Dorothée Lacroix, mariés ; étant parrain, etc... : le père a signé, en présence des soussignés, Vocanson, et puis deux autres Vocanson, sans doute de la famille. Il semble donc qu'il y ait peu de doute à conserver sur la véritable orthographe du nom. Mais jusqu’à présent on a toujours écrit Vaucanson, et nous croyons devoir conserver l’orthographe la plus usitée, sinon la plus vraie.
    E. D-s.