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ductions parmi celles de ce dernier. Mais Yver et Gersaint ont démontré que c’était à tort, attendu que sur les pièces qu’il a gravées il a mis son nom ou son chiffre. D’ailleurs la date de sa dernière pièce (1639) prouve que cet artiste était antérieur à Rembrandt. On ne connaît de lui que les morceaux suivants, qui sont très recherchés : 1o Esaü vendant son droit d’ainesse, grand in-fol. ; 2o sujet inconnu, représentant un Homme à genoux devant un roi d’Orient, assis sur son trône, ayant derrière lui une femme qui tient un jeune homme par la main, in-4o, avec le nom du graveur ; 3o un Berger assis au pied d’un arbre, pièce ovale avec la marque du graveur, et la date de 1619 ; 4o un Buste d’une jeune femme ; elle est vue de face, les yeux baisses, coiffée d’une toque en fourrure, ornée de plumes ; ce portrait, avec nom d’auteur et daté de 1639, est exécuté sur un fond blanc ; 5o le Buste d’un homme vu des trois quarts, portant moustaches et cheveux longs, et coiffé d’un turban orné d’une plume ; pendant de la pièce précédente, et avec la même date ; 6o Figure d’un jeune homme debout ; il est représenté de face ; sa tête ressemble à celle qui a été décrite sous le numéro précèdent. La forme en est ovale et porte le nom du graveur et la date de 1639. On peut voir, pour de plus grands détails, le Supplément au Catalogue de Bartsch, p. 139.

P—s.


VERBIEST (Le P. Ferdinand), célèbre missionnaire et astronome, était ne vers 1630, à Bruges, suivant Lalande (Bibliog. astronom., p. 318), ou, selon d’autres auteurs, près de Courtray. Ayant embrassé la règle de St-Ignace, il fut destiné par ses supérieurs aux missions de la Chine, où il se rendit en 1659, avec le P. Couplet (voy. ce nom). Il s’y consacra d’abord à la prédication de l’Évangile dans la province de Chen-si ; mais le P. Adam Schall, instruit de ses talents, le fit venir à Péking, et ne tarda pas à l’associer à ses travaux astronomiques. Pendant la minorité de l’empereur Khang-hi, une violente persécution s’étant élevée contre les chrétiens, le P. Verbiest partagea le sort de ses confrères et fut jeté dans une obscure prison. Le P. Schall, président du tribunal des mathématiques, fut remplacé par un mandarin dont le seul titre à cette marque de confiance était sa haine contre les jésuites. Le calendrier impérial se trouva bientôt dans un tel désordre que Khang hi enjoignit à ses ministres de consulter les missionnaires sur le moyen d’en corriger les erreurs. Le P. Verbiest, amené devant ce prince. n’eut pas de peine à montrer que l’astronome chinois n’était qu’un ignorant ; et l’empereur l’établit dans la place dont le P. Schall avait été si injustement dépouillé. Les missionnaires se sont étendus avec complaisance sur le récit des épreuves qu’avait subies le P. Verbiest, parce que la manière dont il s’en était tiré avait eu momentanément pour eux les plus heureuses conséquences. Toutefois ces épreuves, qui consistaient à annoncer la longueur de l’ombre d’un gnomon, ou le lieu précis du soleil pour un jour et aux heures données, ne supposaient rien de plus qu’une connaissance assez exacte des premiers éléments de l’astronomie. Dès qu’il fut installé dans son nouvel office, le P. Verbiest s’occupa de fournir l’observatoire de nouveaux instruments astronomiques, qui furent exécutés sous sa direction ; mais ayant quitté l’Europe avant l’époque où les Cassini, les Halley, les Picard firent faire tant de progrès à la science, il ne put pas leur donner toute la perfection désirable[1]. L’empereur voulut recevoir du P. Verbiest des leçons de mathématiques ; et ce prince, charmé de plus en plus des talents du missionnaire, lui fit apprendre la langue tartare, afin de pouvoir l’entretenir plus facilement et sans le secours d’un interprète. Le jésuite se rendit bientôt fort habile dans cette langue ; et si l’on en croit le P. Duhalde, il en composa même une grammaire[2]. En 1681, il fut chargé par l’empereur de diriger la fabrication de canons de fonte, pour remplacer les anciennes pièces qui se trouvaient hors de service. l’opération réussit, malgré le défaut d’intelligence ou la mauvaise volonté des ouvriers qui travaillaient sous ses ordres, et il eut le bonheur de pouvoir offrir à l’empereur un parc de trois cents pièces, la plupart de campagne. L’empereur, après avoir vu l’effet de cette nouvelle artillerie, se dépouilla d’une veste fourrée de martre, d’un grand prix, et de sa robe de dessous, et les donna au P. Verbiest, comme une marque de sa satisfaction ; et quelques mois après, sur la présentation du tribunal des Grâces, il le revêtit d’un titre d’honneur. Le pieux missionnaire n’employait son crédit que pour procurer de nouveaux avantages à la religion ; et il ne désespérait pas de la voir s’établir jusque dans les provinces les plus reculées de l’empire. Aussi reçut-il du pape Innocent XI un bref dans lequel le souverain pontife approuvait sa conduite à la Chine, blâmée par les missionnaires dominicains (voy. SCHALL). Il offrit, en 1683, à l’empereur, le Calcul des éclipses de soleil et de lune pour deux mille ans, formant 32 volumes de cartes, avec leur explication. Ce beau travail lui valut de nouvelles faveurs de la part de Khang-hi. Le P. Verbiest facilita l’admission à la Chine du P. Lecomte et de ses compagnons. et leur procura l’autorisation de se rendre à Péking ; mais il ne goûta pas la satisfaction de les y recevoir. Une courte maladie l’enleva, le 28 janvier 1688, le lendemain de la mort de

  1. Voyez la Description de l’observatoire de Péking, par le P. Lecomte, dans les Nouveaux mémoires de la Chine, lettre 3, voyez aussi Duhalde, édit. in-4o, I, 3, p.311.
  2. Duhalde ajoute que cette Grammaire tartare du P. Verbiest fut imprimée à Paris. Voy. Description de la Chine, t. 3, p. 94, mais on ne la trouve citée dans aucun catalogue. Il se pourrait que cette grammaire fût celle qui a été imprimée dans la Collection de Thévenot sous le titre Elementa linguæ tartaricæ, et dont quelques personnes doutent que le P. Gerbillon soit l’auteur.