Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 43.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
VER

probable que ce rappel eut moins pour but de lui témoigner du mécontentement que de le soustraire à la haine des insulaires et même de ses compatriotes. En effet, ils l’employèrent dans la guerre contre les Maures Grenadins, et après le siége et la reddition de Grenade (1492), ils le comblèrent de nouvelles marques d’amitié et d’honneurs. Enfin il fut nommé capitaine général, gouverneur des Canaries ; mais son grand âge l’empêcha d’accepter cette charge. Il mourut quelques années après à Xérez et fut enterré dans le couvent de St-Dominique de cette ville, qu’il avait fondé pour la sépulture de sa famille. Il ne faut point admettre le récit de ceux qui prétendent qu’il mourut de la lèpre, après avoir été longtemps enfermé par les ordres du roi et en demandant pardon à Dieu de ses crimes. Il avait été marié à dona Béatrix de Hinojosa et en avait en six fils, dont le second, Fernando de Vera, est célèbre par des couplets satiriques qu’il fit contre son propre père, le gouverneur de Canarie. Voyez sur ce général, outre Nuñez de la Pegna déjà cité, Viera, Noticias de la Hist. gen. de las islas de Canaria, t. 2, p. 64-138 ; Fernand del Puig., cap. 64 ; Haro, Nobil. genealog., lib. 5, cap. 14, p. 481, et Georg. Glas, History of the Discovery and Conq. of the Canary. Voy. aussi CABEZA DE VACA).


VERA (CEVERIO DE), arrière-petit-fils du conquérant des Canaries, vécut longtemps en Amérique et prit du service dans l’armée espagnole. A quarante ans, il entra dans l’état ecclésiastique, reçut les ordres et resta encore quelque temps en Amérique. Revenu dans sa patrie, il y occupa quelques emplois de peu d’importance ; ensuite il passa à Rome, où il fut acolyte du pape Clément VIII, visita les lieux saints, et enfin après avoir, en quelque sorte, fait le tour du monde, mourut à Lisbonne, en odeur de sainteté, en 1606. On a de lui une Relation de son voyage de la terre Sainte (Viage de la tierra santa : description, etc.), Madrid, 1597, in-8o, et un Dialogue contre les pièces de théatre usitées en Espagne, dédié à don Alphonse Moscoso, évêque de Malaga, 1605. Ces ouvrages n’ont point été traduits en français. Voyez Jorge Cardoso, Hagiolog. Lusitan., 20 avril.


VERA (don JUAN-ANTONIO DE), Y FIGUEROA Y ZUNIGA, comte de la Roca, historien et diplomate, né dans la Catalogne, en 1588, fut chevalier de l'ordre de St-Jacques, commandeur de la Barra, gentilhomme de la bouche de Philippe V, membre du conseil suprême de la guerre et de celui des finances, ambassadeur extraordinaire auprès de la république de Venise et d’autres États d'Italie. Les fonctions administratives dont il fut chargé et sa longue résidence dans diverses cours étrangères ne l’empêchèrent pas de cultiver les lettres et de s’y faire un nom. Il mourut à Madrid, le 20 octobre 1658. On a de lui : 1° El Embaxador, Séville, 1620, in-4o ; traduit en italien, Venise, 1646, in-4o, et en français par Lancelot, sous ce titre : le Parfait Ambassadeur, Paris, 1635, in-4o ; Leyde, 1709, 2 vol. in-12 ; 2° Vida de santa sabella de Portugal, Rome, 1625. in-8o ; 3° El Fernando o Sevilla restaurada, poema heroïco escrito en los versos de la Gemsalem liberada del Tasso, Milan, 1632, in-4o ; 4° Resultas de la Vida de don Fernand Alvarez de Toledo (troisième duc d’Albe), Milan, 1643, in-4o ; 5° Epitome de la Vida y Hechos del emperador Carlo V, Milan, 1645, in-16 ; 2° édit. augmentée, Madrid. 1654, in-4o ; Bruxelles, 1656, in-4o. Cet ouvrage a été traduit en français par Duperron le Hayer, Paris, 1662, in-4o ; édition revue et corrigée, Bruxelles, 1663, in-12. 6° El Rei don Pedro defendido (llamado el Cruel, el Justiciero, y el Necessitado, rei de Castilla), Madrid, 1648, in-4o. L’auteur y entreprend inutilement de justifier ce prince des crimes que l’histoire lui reproche. 7° Vida de nuestra Señora, Saragosse, 1652, in-8o.


VÉRAC (Charles Olivier de Saint Georges, marquis de), militaire et diplomate, également distingué dans ces deux carrières, naquit le 10 octobre 1743, au château de Couhé-Vérac, en Poitou. Son père, son aïeul, son bisaïeul avaient été lieutenants généraux de cette province, où sa famille occupa le premier rang, et il était destiné à l’être lui-même. En 1757, il entrait au service dans les mousquetaires, et en 1761, il obtenait d’entrer en campagne, au milieu de la guerre de sept ans, en qualité d’aide de camp du duc d’Havré, dont il avait épousé la fille à l’âge de seize ans. Il se distingua par sa valeur à l’armée, y fut blessé au bras dans la journée de Willinghausen par le même boulet qui tua le duc d’Havré, son beau-père ; et en récompense de ses valeureux services, il fut nommé, en 1767, colonel du régiment des grenadiers de France ; en 1770, il fut promu au grade de mestre de camp, et bientôt après reçut la croix de chevalier de St-Louis. La carrière militaire était alors le début de toute la noblesse, et l’on ne voyait aucun diplomate qui n’eût d’abord porté l’épée. Mais la diplomatie était la carrière pour laquelle le marquis de Vérac se sentait le plus de goût et d’aptitude. En 1772, il fut envoyé en qualité de ministre plénipotentiaire à la cour de Hesse-Cassel ; puis en 1774, à la cour de Danemarck ; puis en 1779, à celle de St-Pétersbourg, qui avait pris depuis quelque temps une place importante dans les affaires de l’Europe. Il avait rapporté de cette cour de Russie, encore nouvelle alors, des renseignements, des récits et des peintures de mœurs et d’événements qui le rendirent fort intéressant à son retour, car il excellait à raconter. Du reste, les archives diplomatiques conservent la preuve de l’application qu’il avait mise à découvrir, défendre, prévoir pour l’avenir les intérêts de la France dans ce lointain et puissant empire qui s’élevait. Il en