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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.

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TOSCANE ( Ducs de). Voyez Boniface, Médicis et Léopold.


TOSCANELLA (Horace), littérateur, ainsi appelé du nom d’une petite ville située entre la Toscane et les États de l’Église, naquit vers le commencement du 16e siècle. Il appartenait à une famille distinguée, et l’on ne sait pas ce qui put le décider à vivre loin de son pays, dans un état bien voisin de l’indigence. C’est peut-être à ces circonstances et à sa qualité de pédagogue qu’on doit le grand nombre de traductions et d’ouvrages élémentaires qu’il a composés. Ils eurent beaucoup de vogue de son temps. Toscanella ne fut pas le moins infatigable de tous ces folliculaires qui inondèrent l’Italie pendant le 16e siècle, et qui, à force de s’entre-louer, finissaient par se faire une réputation. La liste de ses ouvrages se compose à peu près de quarante articles ; et pour la quantité, il n’y a que Ruscelli, Dolce et Domenichi qui puissent entrer en concurrence avec lui. L’Arétin (Lettere, Iiv. 7. p. 249) l’appelle la lumière et l’honneur de Castel Baldo, petite ville entre Vérone et Padoue, où Toscanella remplissait modestement les fonctions de précepteur. Il alla ensuite s’établir à Venise, et il y épousa une dame qui lui apporta cent ducats en dot. C’était beaucoup pour quelqu’un qui avait été obligé d’emprunter à sa servante de quoi payer un mémoire d’imprimeur. Il mourut en laissant à ses exécuteurs testamentaires, Recanati et Celio Magno, le soin d’acquitter cette dette. il recommanda qu’immédiatement après sa mort on mit sous presse une Histoire universelle, divisée en plusieurs livres. et qu’il destinait au grand-duc de Toscane. Il légua à sa servante la moitié des bénéfices de cette publication posthume ; mais n’étant pas habitué à gagner avec les libraires, il ne comptait que sur le produit de la dédicace. Ce testament porte la date de 1579 ; on ignore celle de la mort de Toscanella. Ses principaux ouvrages sont : 1° Rettorico ad Erennio di Cicerone, ridotta in alberi. Venise, 1561, in-4° ; 2° Prontuario di voci volgari e latine, ibid., 1565. in-4°; 3° Nuovo teorie de’ pianeti, traduction du latin de Peurbach, ibid., 1566, in-8° ; ouvrage inconnu à Paitoni et à Argelati ; 4° Istituzioni oratorie di Quintiliano, trad. du latin, ibid., 1566, in-4° ; 5° Trattato in matéria di scrivere storia. ibid., 1567, in-8° ; 6° Nomi antichi e moderni delle province, cittå, etc. dell’ Europa. Africa ed America, ibid., 1567, in-8° ; 7° Gioje istoriche aggiuute alla prima parte delle Vite di Plutarco, ibid., 1568, in-4°; 8° Bellezze del Furioso, con gli argomenti ed allegorie de’ canti, ibid., 1574, in-4°, fig. ; 9° Esercitazioni rettoriche di Quintiliano, trad. du latin, ibid., 1586, in-4°. Voy. Fontanini, Eloquenza italiana, t. 1, p. 87. A—g—s.


TOSCANELLI (Paul del Pozzo), ou Paul le Physicien, astronome, né, à Florence, en 1397, assistait un jour à un souper d’amis, où il entendit Brunelleschi (voy. ce nom) disserter savamment sur la géométrie. Séduit par ses discours, il le pria de le recevoir au nombre de ses disciples, et dès lors il se livra avec ardeur à l’étude des mathématiques. Il en fit bientôt l’application à l’astronomie : il cultivait en même temps les langues savantes ; et tant de connaissances lui valurent, en 1428, l’honneur d’être choisi parmi les conservateurs de la bibliothèque que Nicolas Niccoli (voy. ce nom) plaçait sous la tutelle des plus illustres citoyens de Florence. La lecture des voyages de Marco-Polo avait exalté l’imagination de Toscanelli, qui comparait les récits de ce voyageur avec les renseignements qu’il se procurait en questionnant les marchands chinois et tartares qui affluaient dans la Toscane, devenue l’entrepôt du commerce des Italiens avec l’orient. Il eut, entre autres, un entretien avec Nicolas de Conti (voy. ce nom) qui, après une absence de vingt-cinq ans, revenait des Indes pour implorer du pape Eugène IV le pardon de son apostasie. Rêvant sans cesse à son projet favori d’une communication facile entre l’Europe et l’Asie, Toscanelli conçut le plan d’une navigation occidentale. Des obstacles sans nombre s’opposaient à l’exécution d’une pareille entreprise. Les marins n’osaient pas encore se confier à l’Océan, malgré l’invention de la boussole et l’usage de l’astrolabe. Les pilotes les plus expérimentés côtoyaient timidement les rivages de l’Atlantique, dont ils mesuraient avec frayeur l’étendue ; ils se bornaient à observer les phases de la lune pour calculer les marées, ou à prendre chaque jour la hauteur du soleil, et à se diriger sur les ourses