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être que du 9e siècle. La loi salique fut écrite en langue francique ; mais seulement dans le commencement du 5e siècle, et l’original francique est perdu ; nous n’en possédons plus que quelques phrases que la version latine nous a conservées. Après cette antique loi de nos pères, le plus ancien document que l’on connaisse dans les langues septentrionales est la traduction d’un traité d’Isidore de Séville, faite par un Franc, dont le manuscrit autographe se trouve à la bibliothèque de Paris, mais il est tout au plus du 6e siècle. Les premières traductions de la Bible en langue francique n’ont été publiées que sous les princes carolingiens[1]. Ce qui reste de la traduction d’Ulphilas nous est parvenu en deux manuscrits, dont l’un, appelé Codex argenteus, est à présent dans la bibliothèque de l’université d’Upsal en Suède ; l’autre, nommé Codex Carolínus, appartient à la bibliothèque du duc de Brunswick-Wolfenbuttel. Le Codex d’argent, qui a été copié en Italie dans le 5e siècle, pendant que les Visigoths y dominaient, se trouvait, vers le milieu du 16e siècle, dans la bibliothèque de l’abbaye de Werden, en Westphalie. Ce Codex mérite d’être appelé d’argent, à raison des caractères et à cause de la reliure, qui est en argent massif. Le manuscrit original avait trois cent vingt feuillets ou six cent quarante pages in-quarto. Malheureusement il n’a plus aujourd’hui que cent quatre-vingt-huit feuillets, qui renferment les quatre évangélistes, défigurés par de grandes lacunes. Dans notre Codex, comme dans le Codex Brixianus de Blanchini, les évangélistes sont placés dans l’ordre suivant : St-Matthieu, St-Jean, St-Luc et St-Marc. Le premier verset de chaque chapitre est toujours écrit en lettres d’or. Le verset 9 du 6° chapitre de St-Matthieu, qui est le commencement du Pater, est aussi en caractères d’or. Il existe plusieurs copies de ce Codex. La première et la plus importante avait été faite à Werden. Le copiste y avait suivi pas à pas l’original, transcrivant les lettres gothiques, les lignes et les pages dans l’ordre où elles s’y trouvent. Le comte de la Gardie s’étant procuré cette copie, en fit don à l’université d’Upsal. Rudbeck l’avait empruntée ; elle périt en 1702 dans l’incendie qui consuma la bibliothèque de ce savant. Ihre en avait aussi tiré une copie. Dans celle-ci on trouve, en regard du texte gothique, la version qu’en avait faite l’archevêque d’Upsal, Erich Benzel, avec les notes d’Ihre. Il a paru plusieurs éditions de ce Codex : 1° Quatuor D. N. Jesu Christi evangeliorum versione : per antiquæ duœ, gothica et anglo-saxonica, quorum illam e celeberrimo Codice argenteo nunc primum depromsit Fr. Junius ; hanc autem e codicibus manuscriptis collatis emendatius recudit curavit Thomas Mareschallus Anglus, cujus etiam observationes in utramque versionem subnectuntur. Accessit et Glossarium gothicum… opera ejusdem F. Junii, Dordrecht, 1665, 2 vol. in-4°. Pour exécuter cette grande entreprise, Junius, aidé, à ce qu’il paraît, par le comte de la Gardie, avait fait fondre les caractères de l’alphabet gothique, que l’on appelle ulphilaniens. 2° Le même texte gothique, avec la version anglo-saxonne, le tout imprimé avec les mêmes caractères à Amsterdam, 1684, même format ; 3° D. N. Jesu Christi SS. Evangelia ab Ulfila Gothorum in Mœsia episcopo, circa annum a nato Christo 360 e græco gothice translata, nunc cum parallelis versionibus neo-gothica, norrœna seu islandica, et vulgata latina édita, Stockholm,1671, in- 4°. Georges Stierhielm, qui a publié cette édition, a, comme les savants de son temps, parlé de l’origine des langues, et en particulier de la langue gothique. Ses hypothèses sont plus curieuses que solides. Il donne le texte d’Ulphilas, avec les lettres latines, le texte islandais et suédois, et un Glossaire pour les mots employés par Ulphilas. 11° Sacrorum Evangelíorum versio gothica, e Codice Argenteo emendata atque suppleta, cum interprétations latina et annotationibus Erici Benzelii, non ita pridem archiepiscopi Upsaliensis, edidit, observationes suas adjecit et Grammaticam gothicam præmisit Edwardus Lye, Oxford, 1750, in-fol. Le manuscrit de l’archevêque Benzel était achevé en 1707 et prêt à être envoyé à l’imprimeur. L’éditeur mourut sans avoir vu paraître son travail, que Lye a fidèlement publié. Le texte, pris dans le Codex Argenteus, fut imprimé avec les caractères gothiques ou ulphilaniens, que Mareschal avait fait venir de Hollande à Oxford, après la mort de Junius. Ces caractères ont aussi servi à publier le Dictionnaire gothique de Lye. Au bas de la page, on trouve la version latine littérale de Benzel, avec les notes et la grammaire latine de Lye. 5° Version gothique d’Ulphilas, le plus ancien document en langue germanique, d’après le texte d’Ihre, avec une version interlinéaire littérale en latin, une grammaire et un glossaire, par F.-C. Fulda, F.-H. Reinwald, J.-C. Zahn (allemand), Weissenfels, 1805, in-4°. Cette édition, dédiée au roi Gustave-Adolphe IV, peut remplacer les précédentes. Dans l’introduction, on trouve tout ce que l’on peut désirer sur les Goths, sur leur langue, sur Ulphilas, sur sa traduction, sur le texte d’après lequel il l’a faite, sur la langue dont il s’est servi, sur le Codex Argenteus et le Carolinus, sur les grammaires, les glossaires, les auteurs que l’on peut consulter quand on veut bien comprendre le texte d’Ulphilas. En 1733, Stuss avait annoncé la publication prochaine d’Ulphilas, avec le texte grec et la version allemande. L’année suivante, Heyne

  1. Voy. Langue et littérature des anciens Francs, par G. Gley, Paris, 1814, in-8°, p. 88 et suiv. L’auteur donne, p. 164, des détails historiques sur le Codex que les Anglais appellent Aureus, et dont il découvrit, en 1794, un Codex pareil celui qu’on croyait être l’unique. Le roi de Bavière l’a fait mettre dans sa bibliothèque à Munich. Il est, comme celui de Londres, du 8° ou 9e siècle. Gley en prit, dans le temps, une copie qui représente l’original mot par mot, page per page, et l’a fait déposer à la bibliothèque de l’Institut, avec la version littérale et les notes de Reinweld.