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Mauvillon, 1752, 2 vol. in-4°. Le travail de Juan y est compris. A-t et

V—g—r.


ULLOA (Martin de), savant critique espagnol, neveu du précédent, naquit à Séville, en 1730. Après avoir terminé ses études, il entra dans la carrière de la magistrature et fut pourvu de la charge de président de l’audience royale de Séville. Au milieu des occupations de cette place importante, il trouva le loisir de satisfaire son goût pour les lettres et pour les recherches d’histoire. Il fut l’un des fondateurs de la société patriotique qui se forma dans sa ville natale pour éclairer le gouvernement sur les mesures les plus propres à ranimer l’industrie et le commerce en Andalousie. La société des bonnes lettres de Séville, les académies de la langue et de l’histoire, de Madrid, le comptèrent au nombre de leurs membres les plus distingués. Il mourut à Cordoue, en 1800, à l’âge de 70 ans, laissant plusieurs ouvrages très-estimables par l’étendue et la profondeur des recherches, mais peu connus au delà des Pyrénées. Les principaux sont : 1° Mémoires sur l’origine et le génie de la langue castillane, Madrid, 1760. 2 part. in-4°. On y trouve beaucoup d’érudition. 2° Dissertation sur l’origine des Goths, ibid., 1781, in-8° ; 3° Recherches sur les premiers habitants de l’Espagne, ibíd., 1789, in-8° ; 4° Dissertation sur les duels, ibid., 1789, in-8° ; 5° Mémoire sur la chronologie des différents royaumes de l’Espagne, ibid., 1789, 2 tom. in-4° ; 6° Histoire des académiciens de Madrid, 1789, 4 vol. in-4° Cet ouvrage contient beaucoup de détails intéressants ; mais l’auteur y prodigue trop d’éloges à des écrivains médiocres. 7° Cadastre de Séville et de son territoire, íbíd., 1797, in-6°. Ce travail était demandé par le gouvernement.

— Bernard de Ulloa, gentilhomme de la bouche du roi, a publié Rétablissement des manufactures et du commerce d’Espagne, traduit en français, Amsterdam et Paris, 1753, 1 vol. in-12, sans nom de traducteur, M. Blanqui, dans son Histoire du l’économie politique, signale cet ouvrage

comme un bon livre à consulter sur la décadence commerciale et industrielle de l’Espagne.

W—s.


ULLOA Y PEREYRA (Louis de), poëte espagnol, était né vers la fin du 16e siècle, à Toro, petite ville sur le Duero. entre Tordesillas et Zamora. indépendamment de son mérite poétique, il était très bon humaniste et versé dans l’étude des langues. Ses talents le tirent distinguer dans la foule des poëtes qui parurent en Espagne sous le règne de Philippe IV. Le duc d’Olivarez se déclara son protecteur et lui fit obtenir l’emploi de corrégidor de la ville de Léon. Il se démit de cette charge, passa ses dernières années dans la retraite et mourut en 1660. Les Œuvres en prose et en vers de Ulloa ont été recueillies par son fils aîné, en un volume, Madrid, 1659 et 1674, in-4°. Outre des sonnets, des canzones et des satires, on y trouve un poème en soixante-seize

octaves, intitulé Raquel, ou les amours d’Alphonse VIII, que Millin a traduit en français dans le second volume des Mélanges de littérature étrangère. Le sujet de cette intéressante narration poétique, empruntée à l’histoire espagnole du 12e siècle, est la mort d’une belle juive qui, après avoir captivé pendant sept ans le roi Alphonse VIII, et protégé auprès de ce prince tous ceux de sa nation, ainsi qu’une autre Esther, fut impitoyablement égorgée par une troupe de conjurés, tandis que le roi était à la chasse dans les montagnes. Une singulière facilité dans la versification et une foule de détails spirituels rendent très-agréable la lecture de ce petit poëme, qui, sans être d’un goût constamment irréprochable, est fort estimé en Espagne. Il a été reproduit dans le premier volume du Parnaso español de Sedano. Le septième volume du même recueil contient aussi deux morceaux très-remarquables de Louis de Ulloa, adressés à son protecteur le comte-duc d’olivares. Dans l’un, prenant le contre-pied d’un texte très-rebattu chez les poètes espagnols, il vante la vie de cour et la préfère à la retraite. C’est une épître en tercets dans le genre du Capitolo italien. On y trouve, parmi d’excellents détails, beaucoup de traits entortillés et obscurs de l’école gongoriste, à laquelle n’appartient pas le poëme de Raquel. L’autre pièce est du genre lyrique dit Romance, en petits quatrains à rimes assonantes : l’auteur se plaint au comte-duc d’être séparé de ses deux fils, auxquels le ministre avait accordé des emplois lucratifs en Amérique, et il le remercie en même temps d’une manière très-délicate. En général, Louis de Ulloa appartient à cette classe assez nombreuse de poètes espagnols qui, doués d’un véritable talent, ont été gâtés par cette manie du style culto, à laquelle Louis de Gongora a donné son nom (voy. Gongora).

V—o—r et
W—s.


ULPHILAS ou WULFILAS, né en 318, était, vers le milieu du 4e siècle, évêque des Goths qui habitaient la Dacie et la Thrace : depuis que l’empereur Valens leur eut permis de s’établir dans la Mœsie, sur la rive droite du Danube, on les appela Petits-Goths, Goths-Occidentaux, West-Goths, Wisigoths. C’est pour leur instruction qu’Ulphilas traduisit en langue gothique les livres saints. Par cette version, dont les restes sont si précieux pour la science sacrée et pour l’étude des antiquités septentrionales, il a immortalisé son nom. D’après le témoignage de Philostorge, ses ancêtres, issus de Sadagoltina, en Cappadoce, avaient été emmenés captifs par les Goths, lorsqu’en 266, ces peuples se jetèrent sur la Lydie, la Phrygie, la Troade et la Cappadoce ; et devenus esclaves, ils avaient répandu parmi ces barbares, avec les lumières de ra religion chrétienne, les premiers rayons de la vie sociale et de la civilisation. Ils conservèrent ainsi une certaine supériorité morale sur leurs vainqueurs et furent introduits dans leurs familles, puis admis aux places qui débandaient de l’instruction. Ulphilas