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la vie monastique et ne tarda pas à se faire connaître par son talent pour la prédication. Thomas Cajetan (voy. ce nom) lui conféra le grade de docteur ou de maître en théologie ; et, peu de temps après, il devint prieur du couvent de son ordre, à Glogau. Sa réputation d’homme éloquent le fit charger de prêcher les indulgences que le saint-siège venait d’accorder aux chevaliers teutoniques pour les aider à soutenir la guerre contre les Russes, et il recueillit des sommes considérables. La vie de Tetzel était d’ailleurs peu conforme à la sainteté de son état. L’empereur Maximilien, instruit de son inconduite, donna l’ordre de le noyer, si l’on en croit les historiens protestants ; mais l’électeur de Saxe obtint sa grâce, à la condition qu’il irait à Rome solliciter le pardon de ses fautes (voy. Seckendorf, Hist. du luthéranisme. Tetzel y trouva des protecteurs puissants et rev int en Allemagne avec le titre d’inquisiteur de la foi et la commission de publier les nouvelles indulgences que le pape Léon X avait accordées pour se procurer les fonds nécessaires à l’achèvement de la basilique de St-Pierre et à une expédition projetée contre les Turcs. On le vit alors parcourir la Saxe et les provinces voisines, exagérant le pouvoir des indulgences, dont il faisait un scandaleux trafic (voy. l’Hist. ecclésiastique de Fleury, liv. 125). Les religieux augustins furent les premiers à signaler la conduite de Tetzel et de ses confrères. Luther, qui professait alors la théologie à wittemberg, reçut de Jean Staupitz, son supérieur, l’autorisation d’attaquer le commerce des indulgences dans des thèses publiques. Tetzel, moins savant que Luther, mais dialecticien aussi subtil, répondit par un ouvrage intitulé Propositiones centum et sex[1] Lutheranis adversœ, quibus catholicum de indulgentiis dogma propugnabat. Il ne se contenta pas d’avoir réfuté les thèses de son adversaire ; en sa qualité d’inquisiteur, il les fit brûler in Francfort. Les élèves de Luther brûlèrent à leur tour, à Wittemberg, huit cents exemplaires de l’ouvrage de Tetzel. Ces actes de violence, exercés de part et d’autre, mais dont Tetzel avait donné l’exemple, devinrent un obstacle invincible à tout rapprochement entre les deux partis. C’est ce que prévit bien Miltitz, légat apostolique en Allemagne. Ayant mandé Tetzel, il lui reprocha si vivement sa conduite, que celui-ci mourut de chagrin dans les premiers jours de l’année 1519, à Leipsick. Outre l’écrit dont on a parlé, et qui doit être rare puisqu’il n’est pas cité dans les meilleurs catalogues, on connait de Tetzel un Sermon, en allemand, contre Luther, conservé parmi les manuscrits de la bibliothèque Pauline, à Leipsick. Schelhorn a publié, dans les Amœnitates litterariæ, t. 3, p. 241, une lettre de Tetzel, qui met bien à découvert toute la jactance et la vanité de son caractère. On a sa vie en allemand, par Vogel, 1717. On trouve aussi sur ce personnage des notices dans divers ouvrages, entre autres dans la Germania sacra et litteralis, de Godef. Hecht, Wittemberg, 1717, in-8°. Entre autres ouvrages récents relatifs à ce personnage, nous signalerons sa vie par F.—G. Hoffmann, publiée par J.-C. Poppe (Leipsick, 1844, in-8°) ; traduite en hollandais, 1846, in-8° ; J. Tetzel, par C-A. Stehfert, 1846, in-8° ; Tetzel et Luther, par V. Greene, 182121, ln—8°. Tous ces écrits sont en allemand.

W—s.


TETZEN (Jean de). alchimiste, vivait à la fin du 15e siècle. On manque de renseignements précis sur sa biographie ; mais on voit qu’il était originaire de Teschen, en Silésie. Il a laissé un petit poëme intitulé Processus de lapide philosophorum, et composé de 141 stances et 423 vers latins rimes. Il a de plus écrit un traité en prose, Enigma de lapide, et signé le tout du nom de Johannes Fecinensis. Ces deux ouvrages ont paru

à Hambourg en 1679, réunis à des compositions d’Édouard Kelly, d’Antonin de Abutia et de quelques autres alchimistes. Le volume où étaient rassemblées ces savantes élucubrations eut un succès certain, puisqu’il fut réimprimé en 1691.

B—n—t.


TEULIÉ ou TEULIER (Pierre), général italien, né en 1763, suivait, au commencement de la révolution française, la carrière du barreau. Nommé aide de camp de Serbelloni, commandant en chef des milices de Milan, en 1796, il déploya une intelligence et une activité extraordinaires. Élevé au grade d’adjudant général, il fut chargé de l’organisation de la garde nationale, qui de fut plus tard le noyau de l’armée italienne : mais le service sédentaire de ce corps ne satisfaisant point son ardeur belliqueuse, il demanda et obtint de faire partie de la première légion formée à Milan, sous les ordres de Lahoz. Ce fut à la tête de cette troupe qu’il dispersa les insurgés de la Garfagnana et força le pont de Faenza, d’où son colonel s’était retiré blessé. Il conduisit cette légion sur le Tagliamento, pour repousser les Autrichiens, qui menaçaient la Lombardie. La république de Venise avait réveillé l’insurrection dans tout le pays de sa domination. Salò et Vérone opposèrent une résistance opiniâtre aux armées républicaines, dont elles ne purent arrêter les progrès. Teulié fut chargé de former un gouvernement provisoire à Vérone et à Vicence. Son intégrité, son amour de l’ordre et ses connaissances en droit le rendaient très-propre à une telle mission. Au milieu d’une armée entrainée par l’ivresse de la victoire il empêcha qu’on abusât de la force pour opprimer les vaincus. Dombrowski, sous les ordres duquel il avait été placé, le choisit pour enlever le fort St-Leo, qui dut capituler après quelques jours de siège. Teulié prit part à la bataille de Vérone, où la vic-

  1. Prosp. Marchand dit que l’ouvrage de Tetzel contient les propositions ; Dict. Historiq., t. 2. p. 41.,