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entreprit ensuite différents voyages pour compléter les échantillons des trois règnes, entassés dans le musée sans ordre et sans discernement. En 1779, il parcourut la Suisse et vint à Genève, où il passa un mois dans la société de ses amis Trembley, Bonnet, Saussure et Sénebier. Il retourna en Italie par le St—Gothard, après être allé à Berne rendre hommage aux cendres de Haller. Obligé d’expliquer à ses élèves le mécanisme de la digestion, il répéta les expériences de Réaumur sur les oiseaux gallinacés, et il établit que les sucs gastriques sont l’agent direct et immédiat de la digestion; qu’ils n’agissent ni par fermentation ni par putréfaction. mais qu’ils opèrent sur les aliments une véritable dissolution de leurs principes constituants. Afin de mieux éclaircir la théorie de cette fonction, il tourmenta ses propres organes et se dévoua courageusement à une multitude d’essais qui auraient pu porter atteinte à sa vie. Il osa introduire dans son estomac divers aliments enveloppés dans des sacs de toile; il avala jusqu’à des tubes remplis de substances qui furent digérées sans le secours d’aucune trituration exercée par les muscles de l’estomac. Il eut même recours à des digestions artificielles. faites dans des verres. sur table, en mêlant les aliments mâchés avec le suc gastrique qu’il tirait du ventricule des animaux. Ces expériences furent attaquées par Hunter, qui eut le tort d’affecter un trop grand mépris pour le professeur de Pavie. Celui-ci se vengea en relevant avec amertume les erreurs de son antagoniste, qui aurait dû se borner à lui reprocher l’oubli total qu’il faisait de l’action nerveuse sur l’œuvre de la digestion. Les anciens nous ont laissé à peine des conjectures sur l’acte auquel est attachée la propagation des espèces. Harvey. Malpighi, Graaf. Vallisnieri n’avaient soulevé qu’un coin du voile dont la nature s’est enveloppée. Les résultats obtenus par Haller étaient beaucoup plus satisfaisants ; mais une partie de ses opinions n’avait pas été approuvée des savants. Spalianzani embrassa la défense de la préexistence des germes. Il crut avoir prouvé celle des tètards dans les grenouilles, les crapauds et les salamandres avant leur fécondation. Lacépède s’éleva contre cette assertion et soutint que les globules visqueux que pond la grenouille sont de véritables œufs, formes par des membranes si fines et si transparentes que l’on peut apercevoir tous les mouvements de l’embryon. En 1792 la société philomatique de Paris nomma une commission pour constater les expériences de Spallanzani, dont les hypothèses ne furent point confirmées (voy. Annales de chimie). Il avait encore opéré des fécondations artificielles sur les grenouilles et même sur une chienne, expériences qui l’exposèrent aux railleries des oisifs, mais qui pourraient bien avoir un jour des résultats importants. Frappé des analogies qu’il avait si souvent remarquées entre les animaux et les XL.

SPA· I 9 végétaux, il étendit ses recherches sur tout le’ règne ontanique : ’il montra la graine dans les fleurs avant l’émission de leur poussrèrclécons dante, et par une anatomie très délicate, il mit sous les yPux du lecteur la silique, les graines ai ce les lobes et la plantule du.spai-rium-jsn¢·’è14m en fleur ; il les suivit dans leur ileveloppementp · avant et après la l’écondatmn, et il ne fut plus permis de douter que la graine et ses enveloppes n’existassent longtemps avant Vepanouissegnent des boutons et par conséquent bien avant qu’elles fussent fécondées. Spallanzani profilaeties léries académiques de 1781 pour faire un voyage. dont l’accroissement du· musee de Pavie était le but principal. Il côtoya les bords de ja Mediterranée depuis Marseille jusqu’à Livourne, et il ajouta une foule de faits curieux à l’histoire des mollusques, des alcyons, des millépores. des maître- ’ pores. des gorgones, des corallines. H tàcha aussi d’expliquer la lumière nocturne de la nier, qu’il considère comme l’efl’et de la phosphorescence d’une infinité d’anima !cules quinageut sur la surface des ondes. Il revint.à Pavie avec une infniense récolte de poissons, de crustacés. de testates. qu’il deposa dans le cabinet dont il avait la direction. Les années suivantes. il visita lescôtes de l’Istrie et les montagnes des Apennins, où il fut témoin des orages terribles et de la ’ vapeur singulière qui ont rendu l’année 1783 si meinnrable dans les annales de la tncteorolngie. A la mort. de Yallisnieri, l’uuiversité de Padoue otïrit la chaire 0 histoire naturelle à Spallanzani, en lui promettant des honoraires plus considérables que/ceux dont il jouissait à Pavie. L’archiduc l·’ertlinan«l, qui gouvernait alors la |.omhardie. iloubla la pension du professeur et lui accorda la permission d’acco-npa ; mer à Constantinople le chevalier Zuliani. qui venait detre nommé tiaile de la république de Venise. Spai-Ianzani scinbarqua le 22 août 1783. et pendant la traversée, il fit plusieurs observations sur les productions marines. sur le choc de la torpille, sur les trombes de mer. sur les fossiles de Ille de Cerigo et sur d’autres faits géologiques des îles de la mer lonienne et de l’Atchipel. Armé le ll octobre dans la capitale de l’empire. Ottoman. ilise livra à ’l’examt-u des phenontcucs physiques et moraux d’u n pays si diffèrent de celui qu’il venait de quitter. Il parcourut les bords des deux mers, gravit des collines voisines. alla aux îles de tïafin et des Princes, où il ilecouvrit des mines de cuivre et de fer. et descendit dans la plaine de Troie pour visiter les lieux célèbres par le chantre d’Achille. Après un séjour de onze mois. il chargea’sur un vaisseairles promettrons de tout genre qu’il avait rannissecs. et il afl’ront( les périls des provinces musulmanes pour explorer un pays si peu connu sous le rapport de l histoire naturelle. Il sarreta m-uf’j•»urs à Bucharest, dans le palais du ce.ebre ct infortune lllaurogeni, hospodar de Valachie. »a