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on peut tenir pour certain qu’il n’en aura pas une cinquième.

Val. P.


BOISTEL D’WELLES (Jean-Baptiste-Robert), né à la fin du 17e siècle, à Amiens, où il est mort vers 1780, fut successivement président, trésorier de France au bureau des finances, commissaire des ponts et chaussées et secrétaire du roi, maison et couronne de France. Riche et considéré, il rechercha la célébrité littéraire. Il était membre de l’académie d’Amiens. Il a donné au théâtre Antoine et Cléopâtre, tragédie représentée le 6 novembre 1741, imprimée la même année, in-8o ; Irène, 1762. Les trois premiers actes furent fort applaudis ; les deux derniers reçus cruellement. À la seconde représentation, toute la pièce fut applaudie avec enthousiasme. L’auteur fut demandé à grands cris par le parterre ; il parut et « cette tragédie, est-il dit dans les Anecdotes dramatiques, a fini par avoir sept représentations, peu de spectateurs, mais qui battaient toujours des mains, et par n’être pas imprimée. » On a encore de lui une Epître à Racine, 1736, et une Ode à M. Turgot, 1737. Voici le jugement que porte de lui l’auteur des Trois Siècles : « Deux tragédies, quelques poésies fugitives, sont les présents qu’il a faits au public, toujours ingrat pour ce qui porte le caractère de la médiocrité. Deux ou trois scènes intéressantes dans sa tragédie de Cléopâtre ne sont pas suffisantes pour lui donner le droit de se plaindre de cet oubli. » Boistel d’Welles est l’aïeul de M. Philippe-Iréné Boistel d’Exauvillez, connu dans le monde littéraire par des ouvrages religieux et moraux.

D-R-R.


BOISTUAU DE LAUNAI (Pierre), naquit à Nantes au commencement du 16e siècle, et se fit une grande réputation de savoir. Aussi la Croix du Maine dit-il de lui : « Il a été homme très-docte et des plus éloquents docteurs de son siècle, lequel avoit une façon de parler autant douce, consolante et agréable qu’autre duquel j’aie lu les écrits. On a de lui : 1° Théâtre du monde, discourant des misères humaines et de l’excellence et dignité de l’homme. L’auteur compose cet ouvrage d’abord en latin, ensuite en français, et le livre eut un succès si prodigieux, qu’il fut imprimé plus de vingt fois, à Paris, à Lyon, à Rouen, à Anvers, etc. La meilleure édition est de Paris, 1598, 6 vol. in-fol. 2° Histoire de Nicéphore, imprimée à Paris. Une partie seulement de l’ouvrage est due à Boistuau. 3° Histoire de Chelidonius Tigurinus, sur l’institution des princes chrétiens, traduction du latin, Paris, 1557, in-8o. 4° Histoires prodigieuses, extraites de plusieurs excellents auteurs grecs et latins, Paris, 1557, in-8o ; 1515, 6 vol. in-16. C’est dans cet ouvrage que la Fontaine a pris le sujet du Paysan des Danube. 5° Les Amants fortunés, Paris, 1658. 6° Histoire des persécutions de l’Église chrétienne, Paris, 1572. 7° Histoires tragiques, traduites de l’italien de Bandello, Paris, 1568. Boistuau n’a traduit que les six premières histoires, et Belleforest a continué le travail. Le style du premier est bien meilleur que celui de l’autre. Guimar attribue encore à Boistuau deux autres ouvrages, un Traité des pierres précieuses, et une traduction de la Cité de Dieu de St. Augustin ; mais on ne sait trop si ces livres sont bien de cet auteur.

F—T-E.


BOISVILLE (Jean-François-Martin de), évêque de Dijon, naquit le 12 janvier 1755, à Rouen. Destiné par sa famille à l’état ecclésiastique, ses études furent dirigées vers ce but ; et, après avoir pris ses grades en Sorbonne, il fut pourvu d’un canonicat de la cathédrale de Rouen. Pendant la révolution, il dut se condamner à l’exil pour échapper aux lois cruelles rendues contre les prêtres. Mais au retour de l’ordre il se hâta de rentrer dans sa patrie ; et le nouvel archevêque, Cambacérès (voy. ce nom), le nomma l’un de ses vicaires généraux en 1801. Il se démit, en 1812, à raison de sa santé, naturellement délicate, et se retira dans une terre près du Havre, ou il partageait ses loisirs entre l’étude et les exercices des devoirs religieux. Contraint, en 1822, d’accepter l’évêché de Dijon, il montra beaucoup de zèle et de fermeté dans l’administration de son diocèse, et mourut dans sa ville épiscopale, le 27 mai 1829, à la suite d’une longue et douloureuse maladie. Ce prélat est auteur d’une traduction en vers de l’Imitation de Jésus-Christ, Paris, 1818, in-8o (1)[1]. La versification en est faible ; mais le discours préliminaire mérite d’être lu. M. Amanton a publié, dans le Journal de la Cote-d’or, une notice sur Boisville, dont il a été tiré séparément 60 exemplaires, papier vélin, in-8o.

W—s.


BOISY (Arthus de Gouffier, seigneur de), comte d’Etampes, et grand maître de la Maison du Roi, était le fils du sénéchal de Saintonge, et frère de l’amiral Bonnivet. Il fut d’abord enfant d’honneur de Charles VIII, dont son père avait été gouverneur, et suivit ce prince à la conquête du royaume de Naples, en 1495. Il accompagna depuis Louis XII en Italie. Ses lumières, dans un siècle où la noblesse se glorifiait encore de son ignorance, lui méritèrent la faveur du roi, qui lui confia l’éducation de François Ier, alors duc d’Angoulême. Boisy trouva dans son élève un caractère plein de feu, capable de toutes les vertus et de toutes les passions : il eut de la peine à diriger ce feu, à la foi dangereux et utile, et c’est ce qu’il voulut signifier par la devise qu’il fit prendre au jeune prince ; c’est une salamandre dans le feu, avec ces mots : Nutrisco et extinguo. Ne pouvant tourner l’éducation du duc d’Angoulême vers la science du gouvernement, il dirigea ses dispositions du côté de l’amour de la gloire, cultiva en lui cette valeur et cette générosité qui caractérisaient la chevalerie française, et, en lui faisant aimer les lettres et les arts, il le disposa de bonne heure à cette protection éclatante qu’il leur accorda dans la suite. À son avènement au trône, François Ier signala d’abord sa tendresse et sa reconnaissance envers son gouverneur en le mettant à la tête des affaires, et en lui conférant la charge de grand maître de sa maison. Boisy accompagna le roi à la conquête du Milanais, et se


(1) M. Onésime Leroy a tiré de cette traduction quelques vers excellents dont il a enrichi son Corneille et Gerson, couronné par l’Académie française en 1842. o Ch-I.

  1. (1) M. Onésime Leroy a tiré de cette traduction quelques vers excellents dont il a enrichi son Corneille et Gerson, couronné par l’Académie française en 1842. o Ch-I.