Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/599

Cette page n’a pas encore été corrigée


591 BOI

relief de la versiliœtion à leurs comédies en prose, et que quelquefois il réussit mieux pour eux que pour lui-même. La fortune se lassa enfin de le persécuter. En 1751 il obtint à l’Académie française la place vacante par la mort de Destouches, et quelque temps après fut chargé de la rédaction dela Gazette de France et de celle du Mercure. Il abandonna le premier de ces journaux pour s’occuper entièrement de l’autre, et réussit assez bien dans ce travail, quoiqu’on eut à lui reprocher un excès d’indulgence envers les auteurs, qui semblait être une expiation de l’injustice de ses anciennes satires. Parvenu à une sorte d’opulence, il en usa sans modération, semblable, comme dit d’Alembert, à ces e hommes affamés qui surchargent un estomac longe temps privé de nourriture. n On eût dit qu’il avait le pressentiment que sa fortune allait bientôt lui échapper avec la vie ; en effet, il ne jouit pas longtemps de l’une et de l’autre, et mourut le 19 avril 1758, dans sa 65° année. On a publié le Théatre de Boissy, Paris, 1758, 1788, 9 vol. in-8°, contenant toutes ses pièces, à l’exception de dix qui n’ont jamais été imprimées, et ses Chefs-d’œuvre dramatique ibid., 1791, 2 vol. in-8° (1). On lui attribue : 1° l’Flève de Terpsichore, ou le Nourrisson de la satire, 1718, 2 vol. in-12, recueil dont il ne fut tout au plus que l’éditeur ; 2° les Filles femmes et les Femmes filles, 1751, in-12, petit roman publié sous le nom de Simien, et qui ne mérite pas d’être tiré de l’oubli. A-G-•u.

BOISSY (LOUIS—MICHEL), fils de l’académicien, est mort vers 1788. Il s’était jeté par la fenêtre. On a de lui : 1° Histoire de Simonide et du siècle od il a vécu, Paris, 1155, in-12 ; nouvelle édition, ibid., 1788, même format ; 2° Dissertation.: historiques et critiques sur la vie du grand prétre Aaron, ibid., 1761, in-12 ; 5° Dissertations critiques pour servir dhiclaircissements d l’histoire des Juifs avant et depuis Jésus-Christ, et de supplément d l’histoire de Basnage, ibid., 1784, 2 vol. in-12 ; on y remit un nouveau frontispice en 1787. Ces dissertations sont au nombre de douze ; elles devaient faire partie d’un ouvrage plus considérable ; mais le peu de succès 11u’elles obtinrent découragea l’auteur. A. B—r.

BOISSY (Charles Desprez de), né à Paris vers 1750, suivit la carrière du barreau avec quelque succès. Il est auteur des Loù sur les spectacles, 1759, in-8° ; 1° édition, 1771, 2 vol. in-12, qui eurent une espèce de vogue lors de leur publication, Les éditions de cet ouvrage se succédèrent assez rapidement pendant quelques années, et la 7°, corrigée et augmentée, parut en 1780 ; le 2’volume est un catalogue raisonné des ouvrages publiés pour ou


(1) Ils ne renferment que le Framie e Londm, t’Epes.s pr supercherie, le Babillard et les Dehors trompeurs. En tête du 1" volume est une vie de Boissy, suivie d’un catalogue raisonné de ses surfaces dent la liste se trouve également dans le France littéraire de I. Queue. lxwuea stereotype, palmes mu le une d’(Em•ree dlvereee de Boissy (Paris, 1812, 2 vol. la-tt), renferme quatre pièces de plus que la prec(·do-nte : le Médecin par occasion, leleye itetmll, la Vie est en songe, et le Critique. Ellen été répuuuue dans le Repertoire la 7Nltrr-hu•¢a1° cette par Letlrange, Paris, 1821 cl anuôcs suiv., in-18. Cu- s.

594 BOI


contre les spectacles. Ce catalogue avait déjà paru en 1771, 1712 et 1715, BOBB ce titre : Histoire, des ouvrages pour et contre les tltetttres. Il n’est point très-exact, et les jugements de l’auteur ne sont pas toujours dlctés par lïmpartialité. Desprez de Boissy dut à ces Lettres l’avantage d’être reçu dans plusieurs académies de France et d’Italie. Il dirigeait avec son frère une administration charitable, établie pour le soulagement des pauvres honteux, et cet emploi de ses talents fait encore plus d’honneur ai ses principes et à son cœur que son livre n’en fait à son esprit. Il mourut presque subitement, la Paris, le 29 mars 1787. VV-s.

BOISSY-D’ANGLAS (le comte François-Antoine de), né d’une famille protestante, à St-Jean-Chambre, village du canton de Vernoux (département de l’Ardèche), le 8 décembre 1756, fit ses études à Annonay. Un goût assez vif pour les lettres et quelques essais le firent recevoir dans plusieurs académies de province. Il ne tarda pas à se lier avec deux de ses compatriotes, Et. Montgolfier et Rabaut de St-Etienne. Il s’était fait recevoir avocat au parlement de Paris ; mais il ne suivit point la carrière du barreau, et il acheta une charge de maître d’hôtel de Monsieur, depuis Louis XVIII (1)[1]. Dans les premiers mois de 1787, une affaire importante l’avait appelé dans la capitale ; il s’agissait de faire rétracter, sur opposition par lui formée, un arrêt du conseil, rendu deux ans auparavant, et qui, sans que Boissy-d’Anglais eût été entendu, et, sur un faux exposé des faits et des moyens, avait cassé un arrêt du parlement de Toulouse, rendu depuis six ans en sa faveur. Boissy d’Anglas écrivit, le 17 mars, une longue lettre à Malesherbes, qui, rentré une seconde fois au ministère, était déjà en relation avec Rabaut et Montgolfier. Boissy se disait « citoyen obscur et ignoré, cultivant les lettres, mais sans prétention, et uniquement pour le charme qu’elles répandent sur la vie de celui qui les aime. » Il se présentait sous les auspices d’un de ses amis les plus chers, Etienne Montgolfier, et aussi sous les auspices de Rabaut de St-Etienne, qui m’a permis, écrivait-il, de m’honorer du titre de son ami, aux yeux de Malesherbes et après avoir beaucoup loué le ministre philosophe, il lui parlait de son affaire : « Il s’agit, disait-il, d’une partie de ma fortune, d’ailleurs médiocre, et surtout du repos et de la tranquillité de ma vie entière.... J’avais raison au parlement sur le fond : j’ai raison au conseil sur la forme. » Or, le rapporteur de sa cause était le président de Boisgibault, ami intime de Malesherbes. Boissy désirait donc que Malesherbes le recommandât au rapporteur, et il terminait ainsi sa lettre :

« Je vous prie
« de m’excuser, Monsieur, si je ne vous donne pas
« la qualification qui vous est due. J’ai su que je vous
« déplairais en vous donnant un titre que vous êtes
« assez grand par vous-même pour dédaigner : et
« cette considération seule m’a déterminé à m’écar-
« ter un instant des convenances. »

Il y avait déjà dans ce rejet des convenances par le ministre, et

(1) Il se démit de cette charge en 1791.


  1. (1) Il se démit de cette charge en 1791.