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Louis XIV accorda à Blondel le grade de maréchal de camp, pour le récompenser de ces deux derniers ouvrages, qu'il lui présenta en 1675; mais ce monarque ne permit pas qu'ils fussent publiés avant que l'on eût achevé les fortifications qu'il faisait faire en plusieurs places. Blondel, à qui les artistes ont quelquefois donné le surnom de Grand, et qui est du moins l’un des hommes qui ont le plus contribué à la gloire de l'architecture française, mourut en février 1686, après avoir été marié deux fois, et avoir eu, de sa première femme, deux enfants qui embrassèrent la vie ecclésiastique. D—T.

BLONDEL (Jacques-François), neveu du précédent, ne parvint pas à l'égaler, mais se montra digne de marcher sur ses traces ; il ne fut cependant point son élève, comme l'ont dit quelques biographes, qui n'ont pas songé que, né le 8 janvier 1705, il ne pouvait avoir reçu les leçons d’un homme mort dix-neuf ans auparavant. De Rouen, sa patrie, il vint à Paris; et ayant profondément médité sur l’architecture, il ouvrit à Paris une école publique sur cet art. Il avait alors trente-quatre ans. L’utilité de ses leçons, et la célébrité qu'obtinrent plusieurs de ses élèves, le firent recevoir en 1755 à l’académie. Nommé ensuite professeur, il donna, pendant trente années, avec un zèle infatigable, des leçons publiques et particulières. Il fit plus, il sollicita le marquis de Marigny, directeur général des bâtiments, d’obtenir du roi des récompenses pour les élèves, et eut la satisfaction de voir sa proposition accueillie. Ses leçons ont opéré une révolution dans l’art. Analysant très-bien les véritables chefs-d’œuvre, il savait couvrir de ridicule les formes bizarres et capricieuses. C'est à lui que l’on doit les articles de l'Encyclopédie qui traitent de l’architecture. Blondel fut marié deux fois ; il épousa en secondes noces la fille de la fameuse comédienne Sylvia. Atteint d’une maladie mortelle, en 1774, il se fit transporter dans son école, au Louvre, afin de rendre le dernier soupir dans ce lieu où il avait professé son art, et il y mourut le 9 janvier. Cambray lui doit son palais archiépiscopal. Il composa, pour Metz, un projet général d'embellissement, et y fit élever le portail de la cathédrale, le palais épiscopal, les casernes, l’hôtel de ville, etc. Il donna pour Strasbourg des plans généraux, et celui d'un hôtel de ville, etc. Les ouvrages où il traite de son art sont : 1° Architecture française, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels et édifices les plus considérables de Paris, et des châteaux et maisons de plaisance situés aux environs de cette ville, ou en d'autres endroits de la France, bâtis par les plus célèbres architectes et mesurés exactement, Paris, 1752, 4 vol. in-fol., contenant 300 planches. Deux autres volumes parurent en 1756. Avec les planches se trouve un texte pour leur intelligence. L’ouvrage entier devait avoir 48 volumes. 2° Cours d’architecture civile, 9 vol. in-8°, dont 3 de planches. La mort ne lui permit pas d'achever cet ouvrage. La 4e partie, publiée en 1771, traite de la décoration extérieure des bâtiments; la 2°, qui parut en 1775, a pour objet la distribution ; la 3°, dont le sujet est la construction des édifices, est restée imparfaite. Ce dernier ouvrage eut plus de succès que l'Architecture française, mais les frais qu'il exigea achevèrent d'épuiser la fortune de Blondel, déjà très-altérée par son goût pour le luxe et la dépense. Patte le termina sur les leçons que Blondel avait laissées. 3° De la Distribution des maisons de plaisance et de la Décoration des édifices, Paris, 1738 et années suivantes, 2 vol. grand in-4° avec 160 planches. 4° Discours sur la manière d’étudier l'architecture, ibid., 1747, in-4°. 5° Discours sur La nécessité de l’étude de l'architecture, ibid., 1754, in-8°. J.-F. Blondel a donné une édition augmentée de Vignole. Il gravait avec esprit, et exécuta plusieurs dessins de son Cours d'architecture. C’est par erreur qu’on lui attribue l’Architecture moderne. (Voy. Briseux.) D—r.

BLONDEL (Jean-Baptiste), dernier rejeton de cette illustre famille d’architectes (voy. les deux articles précédents), fut aussi un des architectes de la ville de Paris. Ce fut lui qui, conjointement avec M. Delannoy, dirigea la reconstruction du Temple tel qu’on le voit aujourd'hui. C’est à lui qu'on doit le marché St-Germain. J.-B. Blondel est mort en mars 1825. Il a publié avec M. Lusson : Plan, coupe, élévation et détails du nouveau marché St-Germain, Paris, 1816, in-fol. de 44 pl. K.

BLONDEL (Laurent), né à Paris, en 1671, mort à Évreux, le 25 juillet 1740, possédait une vaste connaissance des livres de toute espèce, des liturgies, des règles monastiques, et se faisait un plaisir de communiquer ses lumières et ses recherches à ceux qui travaillaient sur ces matières. Ses recueils ont surtout été très-utiles à ceux qui ont composé des histoires de Port-Royal-des-Champs. Il fournit d’abondants matériaux à Thiers, curé de Chamrond, dirigea pendant dix-sept ans l'imprimerie de Desprez, et publia chez cet imprimeur, en 1722, une Vie des Saints, en 1 vol. in-fol., qui eut plusieurs éditions. On trouve à la fin de cet ouvrage les vies de diverses personnes éminentes en piété. Blondel est encore auteur de quelques livres de spiritualité : 1° Idée de la perfection chrétienne, Paris, 1725, in-12; 2° Épîtres et Évangiles des dimanches, des fêtes, etc., avec de courtes explications, réflexions et pratiques, ibid., 1736, in-16. Il a donné une nouvelle édition des Vies des Saints de Goujet, Mésenguy et Roussel (Paris, 1734, 1740, 2 vol. in-4°), et une autre de la Solitude, par Hamon (ibid., 1735, in-8°). Il s'était occupé, pendant plusieurs années, de l'éducation de la jeunesse, à Chaillot. — Pierre-Jacques BLONDEL, proche parent du précédent, mort le 50 août 1730, à Paris, où il était né en 1674, se fit connaitre par des relations très-bien rédigées des séances des assemblées publiques de l'académie des belles-lettres et de l'académie des sciences, avec un précis intéressant des pièces lues dans ces assemblées. On les trouve dans les Mémoires de Trévoux, depuis 1702