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P. Sirmond appelait à ce sujet Blondel un enfonceur de portes ouvertes, à cause des efforts qu’il y fait, et de la chaleur qu’il montre contre le faux Isidore et contre Turrien, après que tant de critiques catholiques avaient déjà dénoncé l’imposture de l’ancien faussaire, et censuré la crédulité de son moderne apologiste. 4° De formulæ regnante Christo, in veterum monumentis Usu, Amsterdam, 1646, in-4°, pour réfuter ceux qui prétendaient que cette formule a commencé sous les règnes de Philippe 1er et de Philippe II, rois de France, où, durant leur excommunication, elle fut substituée aux années de leur règne. C’est un traité curieux, plein d’érudition, sur la puissance des rois. 5° Amandi Flaviani Commonitorium adversus Innocentii X bullam in tractatum Monasteriensem, Eleutheropoli (Amsterdam), 1651, in-4°. Cet ouvrage, assez rare, est en faveur de la liberté de conscience. 6° Apologia pro sententia Hieronymi de episcopis et presbyteris, Amsterdam, 1646, in-4°. Cet ouvrage a été réfuté par Duguet, dans ses Conférences. 7° De la Primauté dans l’Église, 1641, in-fol., contre Duperron, et réfutée par Véron. 8° Assertio genealogiæ Francicæ, Amsterdam, 2 vol. in-fol., dirigé contre Chifflet qui, faisant descendre nos rois de la seconde race d'Ambert, époux de Blitilde, fille de Clotaire 1er, détruisait ainsi la loi salique. Blondel était aveugle lorsqu'il composa cet ouvrage. 9° Deux vol. in-4°, pour établir les droits du duc de la Trémouille au royaume de Naples. 10° Considérations politiques et religieuses, publiées durant la gucrre entre Cromwell et la Hollande. 11° Éclaircissements familiers de la controverse de l’Eucharistie, etc., 4691, in-8°, suivis, la même année, d'une Réplique à Lamilletière. 12° De Jure plebis in regimine ecclesiastico, Paris, 1648, in-8° ; Amsterdam, 1678, in-12, auquel on a joint le traité de Grotius, de Imperio summarum potestatum circa sacra, et un autre, de Officio magistratus Christiani. 13° Barrum-Compano-Francicum adversus commentarium lotharingicum J. J. Chiffletii, Amsterdam, 1652, in-fol. Blondel avait fait à la marge de son Baronius des notes assez médiocres que Magendie a insérées dans son Anti-Baronius, Amsterdam, 1675, in-fol. — Moïse BLONDEL, frère aîné de David, ministre à Meaux, puis à Londres, est auteur d'un livre intitulé : Jérusalem au secours de Genève, Sedan, 1624, pour justifier l’opinion des protestants sur les livres de l'Ecriture sainte qu'ils regardent comine apocryphes. T—d.

BLONDEL (François), connu surtout par ses rares talents en architecture, naquit à Ribemont en Picardie, l’an 1617, et fut choisi en 1652 pour accompagner dans ses voyages le jeune comte de Brienne, fils d’un secrétaire d'État. Blondel et son pupille parcoururent pendant trois années les pays du Nord, l’Allemagne et l’Italie. On imprima, en 1663 et 1665, la relation de leur voyage, écrite en latin. Blondel fut ensuite employé à plusieurs négociations diplomatiques. Il dit, dans son Cours d'architecture, qu'il voyagea en Égypte, et qu'en 1659, il vint à Constantinople, en qualité d'envoyé extraordinaire du roi de France, au sujet de la détention de l’ambassadeur français. Le succès de cette négociation lui valut un brevet de conseiller d’État, et il fut choisi pour enseigner au dauphin, fils de Louis XIV, les belles-lettres et les mathématiques. Il fut aussi professeur de cette dernière science au collège royal. En 1665, Blondel fit connaître et connut lui-même ses talents pour l’architecture, à l’occasion d'un pont élevé à Saintes, sur la Charente. Il le rétablit, et y plaça un arc de triomphe. En 1669, il fut nommé membre de l’académie des sciences ; et le roi ordonna, par lettres patentes, que les ouvrages publics de la ville de Paris seraient dorénavant exécutés sur les plans tracés par Blondel, qui furent mis en dépôt dans l’hôtel de ville. En 1672, on restaura, sous sa direction, la porte St-Antoine, qui, par des raisons de commodité publique, fut démolie en 1777. En 1674, il exécuta pour la porte St-Bernard le même travail, toujours ingrat, et qui offre souvent plus de difficultés qu’une conception première. Blondel put enfin être lui-même dans la construction de l’arc triomphal de la porte St-Denis. Il s’y attacha moins à la quantité d'ornements qu'à la justesse des proportions. Son intention était de ne pas ouvrir les deux portes latérales de ce beau monument, comparable à tout ce qui reste des ouvrages anciens du même genre, qui lui ont, à la vérité, servi de modèles. Le prévôt des marchands et les échevins en décidèrent autrement : ils exigèrent qu’il commît une faute, pour la commodité des gens de pied, auxquels ces portes latérales ne servent presque à rien, surtout aujourd'hui que l’arc de triomphe est isolé, comme il devait l’être, et qu’on circule tout autour. On doit observer que Blondel fut lui-même auteur des inscriptions placées sur les édifices qu’il éleva. Ses talents furent récompensés par la place de directeur et professeur à l’académie d’architecture, établie en 1671, et il rédigea, sous le titre de Cours d'architecture, les leçons qu’il donnait aux élèves. Cet ouvrage excellent prouve combien Blondel avait étudié son art, et combien il avait su profiter des lumières qu'il avait acquises pendant ses voyages, par l'étude d’un grand nombre de monuments anciens et modernes. On construisit encore, d’après les plans de Blondel, la corderie de Rochefort. Outre le Cours d'architecture, qui forme 4 volume in-fol., Paris, 4675, réimpr. en 1698, 2 vol. in fol., Blondel publia encore : 1° une Comparaison de Pindare et d'Horace, 1673, in-12, réimpr. dans les Œuvres diverses du P. Rapin; 2° Histoire du Calendrier romain, Paris, 1682, in-4°: livre utile et peu commun, réimprimé à la Haye, en 1684, in-8°; 3° des Notes sur l'architecture de Savot, 1676, in-8° ; 4° un Cours de mathématiques, pour le dauphin, 4683, 2 vol. in-4°; 5° l’Art de jeter les bombes, la Haye, 1685, in-12; 6° Nouvelle Manière de fortifier les places, 1683, in- 4° ; 7° Résolution des quatre principaux problèmes d’architecture[1], Paris, 1673, grand in-fol.


  1. Cet ouvrage se trouve aussi dans le Recueil de plusieurs traités de mathématiques de l'académie des sciences, Paris, 1676, grand in-fol. Ch—s.