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ann l’honneur dé figurer dans la science qu’au talent du coopérateur qu’il sut s’adjoindre, resta debout au milieu de la révolution qui rayait de la faculté les noms de Pinel, de Vauquelin, de Chaussier, de Desgenettes. Il est mort en 1827, laissant : 1° Quelques observations critiques, philosophiques et médicales sur l’Angletei-re, lei Inglais et les Français détenus dans les prisons de Plymouth, Paris, 1801, in-12 ; 2°* Dissertation sur l’emploi des incisions dans les taies d’armes à feu, ibid., 1802, in-8° ; 5° Traité dz la maladie vénérienne chez les nouveau nés, les femmes et les nourrices, ibid., 1810, in-8°* ; 4°* Traité des maladies du cœur et des gros vaisseaux, Paris, 1824, in-8°. Il avait traduit de li anglais les Eléments de médecine de Brown ; et de Pallemand, la Doctrine médicale simplifiée de Weikard. Bertin avait lu à l’Institut des mémoires sur les maladies organiques du cœur, contenant diverses observations assez intéressantes, et quelques opinions dont d’autres se sont ensuite attribué la propriété. Il avait recueilli sur les affections de l’organe central de la circulation un assez grand nombre de notes que mit en ordre et rédigea le docteur Bouillaud, aujourd’hui professeur à la faculté, et alors son élève interne à l’hôpital Cochin. Telle est l’origine de ce traité qui, sans être complet ni même parfait sur tous les points, est cependant une des plus remarquables productions de notre p moderne école de Paris. J-n—1v. - p


BERTIN (LOUIS·FBANQOIS), l’UH des fondateurs p du Journal des Débats et le directeur de ce journal pendant quarante ans, sauf les interruptions dont on verra bientôt les causes, était né à Paris, le 14 dé- p cembre -1766, dans la maison du duc de Choiseul. Son père était secrétaire de cet ancien ministre. Destiné par sa famille à l’état ecclésiastique, Bertin, v a peine ses études universitaires finies, et avant même d’èt1·e ent1·é dans les ordres, avait été nommé chanoine de St-Spire à Corbeil ; mais ses goûts et ses principes l’éloignaient trop de la profession qu’on avait choisie pour lui. Ayant renoncé à son canonicat, il allait entrer dans les gendarmes de la maison du roi, lorsque les événements de 1789 éclatèrent. Bertin était jeune, ardent, tout imbudes idées propagées par la philosophie du 18e siècle ; il embrassa avec enthousiasme la cause de la révolution. On sait par quelles funestes catastrophes les espérances et les illusions des gens de bien se tournèrent trop vite en un désespoir qui eut aussi son exagération. L’insurrection du 20 juin et l’insurrection plus décisive du 10 août, la chute du trône, l’emprisonnement et la condamnation de Louis XVI, les massacres du 2 septembre, affreuse tyrannie à laquelle semblait aboutir l’âge d’or qu’on avait rêvé, jetèrent dans la réaction les hommes qui avaient aimé le plus la révolution et la liberté. La générosité même de leur cœur les soulevait contre une cause qu’ils voyaient souillée de tant de crimes. Bertin, qui avait assisté à toutes les discussions de l’assemblée constituante, qui avait entendu Mirabeau, Bamave, Maury, Cagalés, assistait aussi, mais le cœur plein d’indignation, aux séances de la convention et aux horribles

I I à [ BER 163 parodies judiciaires du tribunal révolutionnaire. Ces scènes lamentables que nous entendons raconter, Bertin les avait toutes vues de ses yeux, le procès de la reine, la condamnation et la mort de Malœherbes, de madame Roland, des Girondins. Aussi, des que l’oppression, usée par son excès même, se fut ralentie, des que la presse eut recouvre quelque liberté, Bertin publia un journal intitulé l’Éclair, et fit une guerre acharnée aux partis révolutionnaires. C’était une chose étrange que le régime de la presse à cette époque ; aucune loi n’en réprimait les abus, ou, du moins, la seule peine que la loi pronouçàt étant la peine de mort, on ne trouvait pas de tribunaux qui consentissent à appliquer cette peine terrible. Légalement, l’impunité existait donc ; mais administrativement, on saisissait les presses, on les mettait sous les scellés, on les brisait. Licence d’un côté, violence de l’autre, tels étaient les rapports des journaux et de l’autorité, lorsque le directoire, pour en finir, dirigea un double coup d’État contre la presse et contre le pouvoir législatif. Bertin échappe aux proscriptions du 18 fructidor. Mais bientôt la presse eut affaire à un ennemi plus redoutable et plus habile. L’anarchie devait enfanter le despotisme. C’est une de ces lois du monde moral aussi constantes et aussi infaillibles que les lois du monde physique. Un dernier coup d’État, celui du 18 brumaire, ayant installé le pouvoir des baïonnettes, le premier consul Bonaparte, par un simple arrêté affiché sur les murs de Paris, supprime du jour au lendemain un grand nombre de journaux · dans lesquels se trouvait compris le journal que rédigeait Bertin. Il était question d’en trouver un autre qui fût assez humble et assez obscur pour échapper, pendant quelque temps au moins, à l’attention et aux rigueurs du premier consul. Vers la fin de 1799, Bertin et son frère, Bertin de Veaux, acquirent en commun avec Roux Laborie et l’imprimeur le Normant, une feuille qui existait depuis 1789, et qui se bornait à publier le compte rendu des discussions législatives et les actes de l’autorité, comme son titre l’indiquait : Journal des Débats et Lois du pouvoir législatif et des Actes du gouvernement. Ce tit1·e ne fut changé que cinq ans plus tard, lorsque le Journal des Débats, dont Bertin n’avait déjà plus la direction, devint le Journal de l’Empire. Le premier numéro qui porte ce nouveau titre est du 21 thermidor an 15 (16 juillet 1805). Le titre actuel est, comme on sait, Journal des Débats politiques et littéraires. En 1799, les frères Bertin et leurs associés regardèrent comme fort aventurée la somme de 20,000 francs qui formait le prix moyennant lequel ils acquirent, de l’imprimeur Baudoin, la propriété du Journal des Débats. Un mot, en effet, du premier consul, et le journal qui, sous la direction de ses nouveaux propriétaires, gagnait rapidement la faveur du public, était supprimé. Le coup fut pare ; il le fut grâce, peut-être, au titre ancien et insignifiant de la feuille qui devait devenir si célèbre, 3 grâce aussi du crédit de Chabaud-Latour, que propriétaires s’étaient adjoint. Le Journal des Dé- »