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156 BER devant les tribunaux, fut assez heureux pour que les juges ne trouvassent aucun motif suffisant pour le condamner ; on le mit donc en liberté le 12 mars suivant. Il émigra, fit toutes les campagnes des princes, et était, en 1814, porte-étendard de la compagnie des chevau-légers. — Un de ses frères, le comte Ferdinand Bsnrxnn, fit partie, en 1815, de la p chambre des députés, fut, vers la même époque, préfet du Calvados, et conseiller d’État en 1821, mais tantôt en service ordinaire ou extraordinaire, selon que le ministère passait pour plus ou moins royaliste. En effet, préoccupé du souvenir de la mort cruelle de son père, M. Ferdinand Bertier ne t1·ansigea point avec les idées nouvelles. Il voulait la monarchie telle qu’elle était avant 1789. Z—0.

BERTIN (Saint), né à Constance en Suisse, d’une famille noble, vers la fin du 6e siècle, se consacra à la vie monastique dans un couvent de la règle de St-Colomban à Luxeuil en Franche-Comté, ou dans le comté de Bourgogne. Vers l’an 657, il fut choisi pour aider dans la conversion des peuples de l’Artois St. Omer, son parent, évêque de Térouane. Il bâtit, avec deux de ses compagnons, un monastère à une lieue de Sithiu ( aujourd’hui St-Omer ) ; le nombre des religieux s’acerut, et ils se transportèrent à Sithiu même, qui n’était alors qu’une ile formée pa1· les eaux d’un marais. Sur le refus de St. Bertin, qui se croyait trop jeune pour ètre à la tète du monastère, St. Mommolin en fut le premier abbé, et quand il devint évêque, St. Bertin lui succéda. De riches donations furent offertes aux pieux solitaires ; mais St. Bertin n’en continua pas moins à assujettir les moines à une discipline très-rigoureuse. Adroald, un des seigneurs du pays, avait donné Sithiu à St. Omer ; celui-ci céda l’île au monastère de St. Bertin. Parmi les donations qu’il reçut encore, on compte la fameuse abbaye, connue si longtemps sous le nom de Berg-St-Winnoqs. En 700, St. Bertin, se trouvant accable par l’âge, choisit pour successeur1· Rejobert, un de ses disciples, et alla se confiner dans un petit ermitage. On prétend qu’il vécut jusqu’à 112 ans, et qu’il mourut le 9 septembre 709. Les reliques de ce saint fm-ent transportées à St-Omer, et on les vit longtemps dans la châsse de l’église qui porte son nom. L’Église célèbre la mémoire de St. Bertin le 5 septembre. D—1·. BEilTIN’(N1coLAs), peintre, né à Paris, en 1667, fut un de ces artistes estimables qui, s’ils ne reculent pas les bornes de Part, ne contribuent pas du moins a sa décadence, et dont les ouvrages ne déparent aucune collection. Son père était sculpteur, et lui donna les premières leçons du dessin. Bertin étudia ensuite sous d’autres maîtres, dont les plus distingués furent J ouvenet et Bon Boullongne. Il obtint le prix à dix-huit ans, fut protégé par Louvois, et envoyé à Rome en qualité de pensionnaire du roi. Une passion qui a souvent arrêté plus d’un artiste dans sa carrière, l’amour, séduisit un instant Bertin et eut sur sa destinée une influence remarquable. Sa figure et l’agrément de ses manières plurent à une princesse romaine dont les parents firent

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i BER craindre à Bertin les effets de leur vengeance. Il un n put éviter que par la fuite la mort dont ils le memçaient. En passant à Lyon, il lit plusieurs tableaux potu· des amateurs, et revint ensuite à Paris. Il était âgé de trente-six ans, lorsqu’en 1705, il fut reçu à l’académie, sur un tableau représentant Hercule qui délivre Prométhée. Professeur en 1716, et ensuite adjoint a recteur, il fut nommé, par le duc d’Antin, directeur de l’académie de Rome ; mais le souvenir de son intrigue, et les motifs toujours subsistants de ses craintes, lui firent refuser cette place honorable et recherchée. Bertin travaillait avec facilité, et fit beaucoup de tableaux pour les églises de Paris, le château de Trianon, la ménagerie, etc. Les étrangers, et particulièrement les électeurs de Mayence et de Bavière, apprécièrent aussi les productions de son pinceau. Ce dernier voulut l’attirer à Munich, où il refusa de se rendre. Il mourut célibataire dans sa ville natale, en 1756, à l’âge de 69 ans. Bertin se distingue par un goût de dessin ferme et correct, qui tient de celui des Carra- ’ che ; ses compositions sont sages et bien entendues ; expression, cette partie de l’art si précieuse et si difficile, est portée dans ses figures a un degré très-satisfaisant. On trouve peu de ses tableaux dans les collections publiques. Un des meilleurs est celui, qu’il lit pour l’église de St-Germain-des-Prés, et qui représente Sl. Philippe baptisant Feunuque de la reine de Candace. Ber-tin était d’un caractère réservé, très-religieux, et avait la faiblesse de ne souffrir qu’avec peine les conseils de la critique. D—·r.

BERTIN (Exurànn-Josnrn), médecin, né à Tremblay, en Bretagne, le 21 septembre 1712, se lit une grande réputation par ses travaux en anatomie et en physiologie. Orphelin à l’âge de trois ans, il apprit le latin presque sans maître, et fut envoyé à Rennes pour continuer ses études. Après les avoir achevées, il alla à Paris étudier la médecine, attira l’attention de ses maîtres par ses progrès dans cette science, puis se fit recevoir médecin à Reims, en 1757, et docteur régent de la faculté de médecine de Paris, en 1711. Il accepta, ·vers la fin de cette année, la place de médecin du prince de Moldavie, qu’il remplit pendant deux ans, et revint en France en 1711. Condorcet rapporte qu’on avait forcé Bertin d’assister, .en Moldavie, au supplice de son prédécesseur. Les manuscrits de Bertin contredisent cette particularité. L’académie des sciences, qui, pendant son absence, l’avait désigné pour son correspondant, le nomma, en 1711, son associé, sans l’avoir fait passer par le grade ·d’adjoint. Les fatigues qu’il avait essuyées dans son voyage, celles qui résultaient de ses travaux anatomiques, avaient altéré sa santé, et augmenté la timidité et la défiance naturelles de son caractère : en 1717, il fut attaqué d’une maladie cruelle qui interrompit ses travaux pendant trois ans. Elle commença par un accès de délire, suivi d’une longue et profonde léthargie. Il en sortait pour reprendre sa tranquillité, sa raison, sans aucun autre symptôme de sa maladie que la mélancolie et la faiblesse. Lorsque ses léthargies ne furent plus que de quelques