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184 BER le titre de chevaiier et le brevet de vice-amiral. En 1815, le roi de Suède lui avait conféré l’ordre du Glaive. Le vice-amiral Bertie mourut le 15 juin 1825, a Wyford-Lodge (comté de Hamps). VAL. P.

BEHTIER. Voyez Bn.t., w-r.

BERTIER (Josern-Érasme), né à Aix en Provence, en 1710, entra jeune dans la congrégation de l’oratoire. Il se consacra a l’étude de la philosophie qu’il professa avec distinction dans plusieurs collèges ; la physique surtout fixa son attention. Il s’y livra avec une ardeur infatigable jusqu’:) sa mort, L arrivée à Paris, le 15 novembre 1785. Il était correspondant de l’académie des sciences de Paris, membre de la société royale de Londres et de plusieurs académles de province. D’Alembert disait que le P. Bertier était fanatique pour les sciences. Il avait en effet un zèle très-ardent pour exciter dans les autres le goût de l’étude, et pour leur en fournir tous les moyens qui étaient à sa disposition. il passait pour le savant de Paris le plus obligeant et le plus rempli de complaisance. Aussi les étrangers lui étaient-ils souvent adressés, pour les produire chez les gens de lettres les plus célèbres, avec lesquels il était lié. Généreux, libéral, compatissant, quoique la faillite de l’hôpital de Toulouse eut fait une brèche considérable à sa modique fortune, il employait le peu qui lui restait à soulager les malheureux. Lors de la destruction des jésuites, il courut chez le P. Berthier, son ami, lui prodigua toutes les consolations, et lui offrit tout ce qui pouvait adoucir son affliction ; le jésuite et l’oratorien s’embrassèrent les larmes aux yeux. Sa naïveté lui fit quelquefois commettre des indiscrétions qui obligeaient ses amis et ses confrères d’être très-circonspects avec lui. Il avait vécu assez familièrement avec J.—J. Rousseau, à Montmorenci. Après la publication et la condamnation d’Èmile, il crut devoir lui faire une dernière visite, dans laquelle il lui dit que ses confrères lui avaient représenté qu’il ne lui convenait plus de le voir sl fréquemment. Le P. Bcrtier s’était attaché à la philosophie de Descartes, après que cette philosophie était passé de mode. Louis XV l’appelait le père aux tourbillons. Les plus estimés de ses ouvrages sont : 1"une dissertation, où il examine si l’air passe dans le sang : cet écrit a été réfute, et Bcrtier a répondu a la réfutation par une lettre que l’on trouve dans le Journal des savants de 17-10. 2°* Des Lettres sur Péteclrfcité. 8° La Physique des comètes, Paris, 1760, in-12, où il soutient que les comètes ne sont point des planètes, mais des corps produits par le choc des tourbillons, et qui disparaissent quelquefois tout à coup. 4° Principes de physique, dont le 1°’volume parut en 1765. Il y rapporte, avec impartialité, les preuves du newtonianisme et les objections qu’on peut faire contre le système physique du ciel, où l’on trouve exposés, avec une fidélité toujours louable parmi les savants, les systèmes de Pattraction et du vide, de l’impulsion et du plein. Il ne prend aucun parti ; son objet est uniquement de mettre sous les yeux du public tout ce qui est nécessaire pour bien entendre l’un et l’autre système. 5° Physique des corps animés, Paris, 1755, in-12. Il établit que la

BER chaleur du corps animal est le principal agent qui met la machine en mouvement, et non les esprits animaux. Ce livre est plein de faits curieux et d’observations délicates, dont plusieurs appartiennent à l’auteur, surtout celles par lesquelles il fait voir que le mouvement péristaltique des intestins n’existe point dans l’animal vivant, et qu’il ne commence qu’après la mort ; il a contribué à jeter du jour sur plusieurs des phénomènes de l’économie animale. 6° Histoire des premiers temps du monde, d’accord avec la physique et l’histoire de Moise, ibid., 1777 ou 1781, in-12 : c’est la même édition. Cet ouvrage, dans lequel on prétend que, pour bien saisir le sens de la Genèse, il faut la lire à rebours, se ressent un peu de la vieillesse de l’auteur ; cependant, au jugement d’Adanson, il fait également l’éloge de son esprit et de ses connaissantœs. T—n.

BERTIER DE SAUVIGNY (Louis-Bâstenv Fnatvçois), d’une ancienne famille de robe, qui comptait déjà parmi ses membres des conseillers d’État, né vers 1742, était depuis 1765 maître des requêtes, et depuis 1768, intendant de la généralité de Paris, lorsque la révolution éclata. Il avait épousé la fille de Foulon, ancien ministre de la guerre sous le ministère Maupeou, et partageait tous les principes politiques de son beau-père ; aussi fut-il, pendant tout le règne de Louis XVI, opposé aux innovations périlleuses que tentait le ministère, et surtout aux systèmes L de Necker. Il ne dissimule pas ses opinions pendant I les deux assemblées des notables, et fut du nombre de ceux qui lamèrent le plus ouvertement les premières usurpations de l’assemblée nationale, et les premiers mouvements populaires. Après le renvoi de Necker (juin 1789), la cour, prenant une mesure qui peut-être eût raffermi le trône, si elle eût été exécutée avec habileté, rassemble autour de Paris une armée de 50 à 40,000 hommes, sous les ordres du maréchal de Broglie, du baron de Besenval et du prince de Lambesc. Bcrtier alla s’établir à l’Ecole militaire avec ses secrétaires et ses commis, afin de pourvoir à la subsistance de cette armée. Cette démarche, qui était parfaitement dans les attributions de celui dont le premier devoir était d’empêcher qu’un pareil rassemblement de troupes ne flt renchérir les grains destinés à nourrir la capitale, porta à son comble la haine que lui avaient déjà voué les agitateurs. Ils accusèrent d’avoir la direction du ’ camp de St-Denis, d’avoir fait à ses agents la distribution de 7 à 8,000 cartouches, d’un grand nombre l de balles et de 1,200 livres de poudre. On lui imî putait aussi d’avoir fait depuis longtemps, en so- É l ciété avec son beau-père, des spéculations sur les l blés, par des accaparements, des monopoles ; enfin l d’avoir eu part à la coupe des blés en vert. Or, l’on l sait que c’était précisément ce coupable excès qui ( avait donné lieu à la cour de rassembler des troupes ( près de Paris ; mais, dans les moments d’efferves( cence populaire, les suppositions les plus absurdes ( ( deviennent des vérités évidentes pour la multitude ( amsutée ; et le peuple ne balanca pass le croire criminel. Lors de la prise de la Bastille, en juillet 1780, les l