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alsa manibe deux choses l’une, ou l’acide muriatique a < moins d’aftlnité sur la soude que sur la chaux (et ce- < pendant le contraire est certain), ou quelque cause « inconnue dérange cette affinité naturelle. Or, des « deux hypothèses, la seconde seule est admissible. · Soudain deux grandes découvertes se dessinent si- · multanément dans l’esprit de l’observateur : l° Et · nous aussi, comme la nature, nous décomposerons · ce muriate de soude, si abondant dans une foule de · lieux, mais que l’on croyait indécomposable ; et par · cette décomposition nous aurons en immense quantité l’acide muriatique qu’exigent nos blanchisseries, en immense quantité la soude nécessaire à nos fabriques de verre, de savon, à nos lessives. 2° Mais cette décomposition est un démenti solennel donné par les faits à la théorie des aftinités électives. Il n’est pas vrai que l’affinité soit une préférence constante : l’action chimique s’exerce en raison de l’affinité et de la quantité de chacun des corps mis en contact : Paffinité d’un corps pour un autre peut s’exprimer par la quantité qu’il doit en dissoudre pour en être saturé, en d’autres termes, par sa capacité de saturation. La première de ces découvertes, même en la réduisant à ce qui concerne l’extractiou de la soude, a fait verser annuellement plus de quarante millions dans le commerce de la France. La ’ deuxième, non-seulement nous ouvre un champ illimité dans le domaine des combinaisons, en nous permettant de varier, de paralyser, de déplacer à notre gré les affinités ; de plus elle est le fondement d’une théorie magnifique exposée par l’auteur dans ses Recherches sur les lois dt l’af/iuilé et dans sa Statique chimique, théorie qui, quoique jugée aujourd’hui incapable de soutenir la lutte avec le système électro-chimigue, n’en restera pas moins un che£d’œuvre de sagacité, de hardiesse, de profondeur, et sera toujours regardée dans l’histoire de la science comme Pere de la chimie mathématique, que la théorie atomique et les nombres proportionnels dune part, de l’autre les expériences par la pile et les cotuants électriques, ont en-peu d’années portée à un point si élevé. À ce titre, le système de Berthollet ne peut être passé sous silence. Obligé d’en retracer l’analyse, nous eu empruntons les traits principaux à Cuvier. « L’action chimique s’exerce en raison de Paffinité et de la quantité de chacun a des corps mis en contact. L’affinité d’un corps pour un autre s’exprime par sa capacité de saturation. Que deux acides agissent sur une base, ils agissent chacun en raison de leur masse et de leur capacité de saturation ; mais ces trois substances et demeureraient unies et formeraient un même liquide (il en serait de même de la dissolution comsmune de deux composés binaires, leurs quatre substances demeureraient ensemble), s’il ne survenait pour les séparer des causes étrangères à leurs affinités mutuelles. Mais ces trois, ces quatre substances peuvent former, prises deux à deux, diverses combinaisons ; et si l’une de ces combinaisons est de nature à devenir cohérente ou à se c gazéitier, où il se faitun précipité, où il s’élève une en vapeur, et le liquide ne garde que les substances

BER 147 que ces causes n’en ont pas séparées. Rarement même la séparation est complète. Pour cela, il faut que l’échange des combinaisons n’ait laissé au liquide aucune force dissolvante, sur le composé qui tend soit à se précipiter, soit à devenir élastique. Même chose a lieu dans les simples dissolutions. L’affinité les considérerait dans toutes sortes de.proportions, si telle de ces proportions, à l’instant où elle se réalise, n’amenait pas un effet qui contrarié ceux de l’affinité, comme une cristallisation ou une évaporation. Alors seulement se forment les composés a proportions fixes. De là, l’auteur apprécie séparément toutes les circonstances qui amènent ou solidification ou passage à l’état élastique, puis les variations que ces états eux-mêmes apportent aux affinités des substances. a Il montre comment la chaleur, qui naturellement devrait contrarier l’affinité, puisqu’elle écarte les molécules, la favorise parfois, vu qu’elle détruit la cohésion, autre antagoniste de Paffinité. Sou action alors diffère en raison de l’atteinte plus ou moins forte qu’elle porte à la cohésion, ou du plus et ou du moins de solubilité qu’elle donne aux dia versés substances dans ses divers degrés. De là les variations des affinités qui changent avec les températures. La lumière aussi est un agent modificateur des affinités. Enfin la force relative des alcalis et acides l’occupe, le jette dans une foule d’expériences difficiles et délicates, et il prononce que l’acidité et l’alcalinité s’entre-détruisent, en d’autres termes se Sautrettt dans une proportion fixe, non-seulement quand tel acide agit sur telle et base, ou telle base sur tel acide, mais quelle que soit la base dont l’acide se sature, ou quel que soit l’acide qui sature la base. Ifalcafinité et l’acidité sont donc des propriétés de nature contraire, mais d’une nature toujou1·s la même dans chacun des deux genres ; qui varie selon les espèces pour l’intensité, mais qui dans chacune de ces espèces con-. ” « serve toujours la même intensité : en sorte que r l’acide qui prend plus ou moins de telle base pour se saturer que tel autre acide, prend aussi plus ou moins de toutes les autres bases, et toujours dans la même proportion. » On nesétonnera pas, d’après cela, que les Recherches de Berthollet sur les lois de l’af]î1eité, lues de 1799 à 1806, aient été insérées dans un grand nombre de recueils, et que la première partie, imprimée à part (1801 et 1806), ait été traduite en allemand par Fischer (Berlin, 1805) et en anglais par Farrel (Londres, 1804). Mis au jour en 1805, les Essais de statique chimique obtinrent, dès 1801, les honneurs de la traduction : Lambert les traduisit en anglais (Londres) ; Dandolo en italien (Rome) ; Bartoldi et Fischer en publièrent une traduction allemande à Berlin, 1805.-Jusqu’ici nous avons vu Berthollet prend1·e grande part aux travaux de l’académie, de l’Institut de France et de l’institut du Caire. À partir de cette époque, il eut aussi sa grande part de dignités, ( d’honneurs, de richesses. Appelé au sénat conservateur après la révolution du 18 brumaire, il fut ensuite nommé comte, grand officier de la Légion