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hns cet état à Versailles. Tous les gens des équipages et le virent, et ne s’en turent pâs. » Si nous voulions entrer dans tous les détails, nous parlerions encore ici de ces bals masqués où la duchesse de Berri oubliait dans de petites loges son rang aussi bien que toute pudeur ; nous signalerions ses intrigues passagères avec le duc de Richelieu et d’autrés jeunes courtisans. À Sa vie offrait, dit St-Simon, le mélange de la plus altière grandeur, ainsi que de la bassesse et de la servitude la plus honteuse. » Si le régent son père était à ses pieds, elle était soumise en esclave à un cadet de Gascogne, Rions, neveu de ce duc de Lauzun qui épousa mademoiselle de Montpensier, unique héritière de la première maison de Bourbon-Orléans. Ce Rions n’était pourtant qu’un fat, fort laid et assez sot, ce qui n’est pas toujours une raison pour être repoussé des dames (1). Il avait pris sur la duchesse de Berri un ascendant tel, qu’il l’avait façonnée à tolérer jusqu’à ses mépris, et réduite à souffrir qu’il eût sous ses yeux, dans sa maison, une autre maîtresse, la dame de Mouchy, attachée au service de la princesse. Du reste Rions finit par se faire épouser secrètement. et (Tétait l’oncle a qui avait guidé son neveu dans toute cette affaire. Il lui avait conseillé de traiter sa princesse comme il avait traité lui-même Mademoiselle. Sa maxime était que les Bourbons voulaient èn-e rudoyés et menés le bâton haut, sans quoi on ne pouvait se conserver sur eux aucun empire. sa ( St-Simon (2) ). Au milieu de tous ces désordres, la duchesse faisait fréquemment tt des retraites austéres aux carmélites du faubourg St-Germain (5), » et elle en sortait pout· revenir aux soupers les plus profanes par la vile compagnie, et la saleté et l’impiété des propos, » passant ainsi « de la débauche la plus effrontée à la plus horrible frayeur du diable et de la mort.... » Elle ne voulait se contraindre sur rien, elle était lndignée que le monde osait parler de ce qu’elle-même ne prenait pas la peine de lui cacher ; et toutefois elle était désolée de ce que sa conduite fût connue... Elle était enceinte de Rions, et s’en cachait tant qu’elle pouvait, .. La grossesse vint à terme, « et ce terme, mal préparé par les soupers continuels, fort arrosés de vin et des liqueurs les plus fortes, devint orageux et promptement dangereux, . » Le péril était imminent ; Languet (voy. ce nom), curé de St-Sulpice, parla des sacrements au duc d’Orléans. La difficulté était d’abord de les proposer à la duchesse ; mais le curé déclara qu’il ne les administrerait point tant que Rions et la dame de Mouchy seraient au Luxembourg. Le cardinal de Noailles approuva le curé dans son refus. La duchesse se mit en fureur, se répandit en emportements contre ces cafards, qui abusaient de son état et de leur carac(I) St-Simon nous apprend qu’il avait le visage pâle, très-jonttln et couvert de boutons ; ce qui, dit-il, le faisait ressembler à un abcès. (2) St-Simon dit encore que Rions n’était arrogant qu’avec la duchesse, et qu’avec tout le monde à la cour il était poli et respectueux. Sa tyrannie allait jusquà forcer la princesse de changer deux ou trois fois de toilette selon son caprice, de la contraindre de l’BS• ter qtîutl çllqyoulait, ppgur, etç. (3) lle y avait un appartement.

ses liii tère potu· la déshonorer par un éclat inoui, et n’épargna pas son père sur sa faiblesse et sa sottise de le souffrir. À l’en croire, on aurait dû faire sauter Fescalier au curé et au cardinal. Cette scène n’empêcha pas la duchesse d’accoucher heureusement. Infiniment peinée de la manière peu flatteuse pour elle dont la cour et la ville avaient pris sa maladie, elle crut regagner quelque chose dans l’opinion en rouvrant au public les portes du Luxembourg, qu’elle avait fait fertner il y avait longtemps. « On en fiit bien aise, on en profita, dit St-Simon ; mais ce a fut tout. Elle se voua au blanc pour six mois ; et cela fit rire. » Bientôt, pour éviter Pembarras de se trouver à Paris pendant la semaine de Pâques, après tant de scandales, elle fit vers la fin de mars un voyage prématuré à Meudon, et voulut y offrir une fête nocturne à son père pour donner le change au public autant sur son accouchement que sur la froideur qui existait entre elle et le régent, depuis qu’elle l’obsédait pour faire déclarer son mariage. Ce mariage ne surprit que médiocrement, dit St-Simon, à cause de cet assemblage de passion et de peur du diable dont était possédée la duchesse ; mais on fut étonné de œttc fureur de le déclarer dans une personne si superbement glorieuse. C’était aussi le plus vif’désir de Rions, qui ne s’était marié que par ambition ; mais le régent, pour gagner du temps, l’avait envoyé à l’armée après les scènes de l’aecou-· chement. Quant à la duchesse, le fatal souper de Mention, fait en plein air, au mois de mars, ne lui réussit pas : elle éprouva une rechute dont elle ne releva plus. Enfin, le M juillet, la maladie prit un caractère alarmant. tt Elle se soumit aux remèdes pour ce monde et pour l’autre, dit St-Simon. Une première fois, elle reçut les sacrements, les portes ouvertes ; parla aux assistants sur sa vie et sur son état, mais en reine de l’un et de l’autre. » Après ce spectacle, elle s’applaudit avec ses familiers de la fermeté qu’elle avait montrée, et leur demanda, comme’Auguste, si elle n’avait pas bien joué son rôle. Peu de temps après cette explosion d’orgueil, la peur du diable revint, et elle reçut de nouveau les sacrements avec beaucoup de piété, d ce qu’it parut. Le 21 juillet 171 9, elle expira au château de la Muette, comme si elle s’était endormie. L’empirique Garus, qui faisait alors beaucoup de bruit, fut admis à lui administrer son élixir. Le remède réussissait, mais elle fut empoisonnée, dit St-Simon, par un purgatif que lui donna le médecin Chirac. Pourquoi at-on été chercher des causes humaines à une fin si naturelle ? La princesse, depuis quatre mois qu’elle était sur le lit de souffrance, expiait par une horri—· ble complication de maux les débauches vraiment romaines de sa courte existence : goutte, ulcère à l’estonnac et à la peau, le foie, la rate attaqués, sans parler d’une dernière affection plus honteuse : voila les poisons dont elle périt victime, sans qu’ilfût besoin d’une purgation malencontreuse. Laissons au surplus s’exprimer l’aïeule de la princesse sur les causes de cette mort prématurée : tt Je crois, dit-elle, que ce sont ses bains excessifs çi sa gourmandise a qui ont miné sa santé..... La pauvre duchesse de