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Paris. 1777, in-12, p. 117-166 (voy. le Diction. de bibliogr. franç., par Fleischer, t. 2, p. 161). Molière ayant donné, en 1659, les Préeíeum ridicules, Somaize s’empressa d’opposer à cette pièce les Writables Préeieuser, comédie eu un acte et en prose, Paris, 1660, in-12, avec une préface dans laquelle il reproche à Molière d’avoir pris ce sujet à l’abbé de Pure (voy. ce nom), qu’il appelle un illustre et galant homme. Sa pièce ne fut pas représentée : mais il s’en fit la même année une seconde édition, diminuée de la Mor : de l’Eusres-lu-cru lapidé par les femmes, tragédie ; et augmentée d’un Dialogue de deux précieuses sur les afluíres de leur communauté. Après s’être déchaîné contre la pièce de Molière, Somaize s’avisa de la mettre en vers, si toutefois l’ou peut donner ce nom à des lignes rimées où la césure même n’est pas respectée. Depuis, il publia successivement et presque sans interruption : le Procès des préteurs, comédie en un acte en vers burlesques de quatre pieds, in-12. — Rdcil en prose et en vers des Prétieuses, in-12 ; c’est un dialogue plutôt qu’une comédie (Bibliothèque du Théâtre-Français, t. 3, p. 59). — Le Grand dictionnaire des Prétieures, ou la Clg/' de la langue des ruelles, in-12 de 84 pages. et enfin le Grand Dictionnaire des pré lieuses. historique, poétique, géographique, etc., Paris, 1661, 2 vol. in-8°, avec la Clef. C’est le seul des ouvrages de Somaize qui soit un peu recherché des curieux. Il otïre la galerie la plus complète des femmes de son temps qui avaient au bel esprit des prétentions plus ou moins fondées ; mais comme elles ne sont désignées que par des noms de convention, il serait impossible de les reconnaître sans la Clg/`, qui ne se trouve pas à tous les exemplaires. Le passage le plus remarquable de ce ivre est celui où l’auteur justifie les manières de parler des précieuses par des exemples.tirés des tragédies du grand Corneille (t. 1", p. 149-175). Somaize était attaché comme secrétaire a Marie Mancini, qu’il suivit en Italie après son mariage avec le connétable Colonna (voy. ce nom). On peut conjecturer qu’il n’en est pas revenu, puisqu’il n’est plus fait mention de lui après cette époque. On ignore l’année de sa mort. Il s’est donné un article dans le Grand Dictionnaire historique des prétiouses sous le nom de Suzai-ion ; voici le portrait qu’il fait de lui C’est un jeune homme qui fait des vers et de la prose avec assez de facilité : son penchant est du côté de la raillerie, et il se persuade qu’il est bien difficile de ne point écrire de satires ; mais quelque plaisir qu’il trouve à dire les vérités des autres. il sait pourtant bien cacher celles que l’honneur nous oblige à taire, et n’a pas assez de malice pour inventer une fausseté, ni pour assurer une chose douteuse, quelque plaisante qu’elle fût... On lui a fait dire des choses à quoi il n’avait pensé de sa L’on ne peut accuser ses actions que d’une franchise trop ouverte, I

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soit à servir ceux qu’il estime, soit à pousser ceux qui le méprisent ; et cette franchise a donné lieu de croire de lui des choses dont il ne fut jamais capable. Il a pour devise un soleil en son midi, avec ces mots : « Il brûle autant qu’il éclaire. » W—s.


SOMBREUIL (Famçoxs-Caisses Vino-r, marquis ua), lieutenant général, commandeur de l’ordre royal et militaire de St-Louis, né à insisheim en Alsace. était, au moment de la révolution, gouverneur de l’hôtel des invalides. Il se lit remarquer par son dévouement à la cause royale, aussi fut-il arrèté après le 10 août 1792, et envoyé in la prison de l’Abhaye. Il y eût infailliblement péri, pendant les fatales journées de septembre, si, par ses supplications et ses larmes, sa fille ne fût parvenue à attendrir les juges qui composaient l’espèce de tribunal siégeant en tre les deux guichets de la prison. Arrèté de nouveau, à la fin de 1793, de Sombreuil fut traduit devant le tribunal révolutionnaire et condamné à mort, le 29 prairial

an 2 (17 juin 1794). Il était âgé de 74 ans, au moment de son exécution qui eut lieu le même jour. — Souaaauu. (Stanislas Virot nn), fils ainédu précédent, fut arrêté en même temps que son père. On dit que, pendant son séjour dans la prison, une jeune femme de qui il était tendrement aimé, s’introduisit près de lui à la faveur d’un déguisement, et lui offrit un moyen sur de s’évader ; mais par un dévouement qui semblait être le partage de cette héroïque famille, il s’y refusa de peur d’ajouter aux dangers de son père dont il partages le sort, quelques jours après. Z.


SOMBREUIL (Cammas Vxaor ns) était le second fils du gouverneur des Invalides. Dès les premiers troubles, Charles de Sombreuil manifeste un caractère noble et courageux. Dans une des scènes tumultueuses du Palais-Royal, il arracha des mains de la populace un membre de la famille de Polignac. Plus tard, il émigra ; et servit dans l’armée du roi de Prusse pendant les campagnes de 1792, 1798 et 1794. Une action d’éclat lui valut sur le champ de bataille l’ordre du mérite militaire. Il continua de se distinguer sur les bords du Rhin, et en Hollande. Après l’évacuation de ce pays, il passa en Angleterre. On s’y occupait alors de relever, par une puissante expédition, les forces abattues du parti royaliste dans la Bretagne et le Poitou. La grande armée vendéenne, qui avait fait la première guerre, était détruite. Ses chefs les plus distingués avaient péri ; Charette, Stoffiet et les chefs des chouans qui leur avaient succédé, venaient de conclure avec le gouvernement de la république une pacification, ou plutôt une sorte d’amnistie, qui leur laissait les armes à la main. La chute de Robespierre, le déclin successif du régime révolutionnaire, d’autres circonstances enfin devaient faire croire que le

moment était venu de former une grande entreprise en faveur de la monarchie. Sombreuil se