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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
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S


SELCHOW (Jean-Henri-Chrétien de), né à Werningerode, le 26 juillet 1732, étudia à Gœttingue, y fut nommé professeur de droit en 1757 et passa, en 1782, avec le même titre, à Marbourg, où il mourut le 21 avril 1795. Son cours de jurisprudence attira longtemps de tous les côtés de l’Allemagne des jeunes gens studieux, et sa renommée littéraire s’accrut surtout par ses Éléments du droit privé allemand (Elementa juris germanici privati hodierni), dont il a paru huit éditions de 1757 à 1795, et qui a été a opté comme élémentaire par la plupart des universités de l’Allemagne. Ses Elementa juris publici germanici, qui furent imprimés pour la première fois en 1769, ne jouissent pas de la même réputation. Selchow s’occupa aussi du droit romain ; mais ses écrits sur cette matière se distinguent plutôt par un latin clair et élégant que par des vues philosophiques et une bonne méthode. La vivacité de son esprit, jointe à une haute opinion de son mérite, lui attira un grand nombre de querelles. Il fut le collaborateur de plusieurs ouvrages périodiques, dans lesquels il se livra souvent à une critique vive et sévère, surtout à l’égard des ouvrages de droit. Ses écrits sont bien inférieurs, sous le rapport du plan et de la méthode, à ceux que Pütter avait publiés avant lui sur la même matière. Comme tous ceux des professeurs de Gœttingue, ils offrent l’avantage d’une notice exacte des ouvrages composés sur des sujets analogues, avantage principalement dû à l’usage de la bibliothèque de cette ville, une des plus riches de l’Europe. Sa vie fut publiée en latin en 1796, par un professeur de Marbourg, sous ce titre : M. C. Curtii Memoria J. K. C. de Selchow, et elle est insérée dans l’Almanach de jurisprudence, par Koppe (année 1796). Voyez aussi le Nécrologe de Schlichtegroll, t. 2, p. 41, etc.

Z.


SELDEN (Jean), appelé par Grotius la gloire de l’Angleterre, naquit le 16 décembre 1584, à Salvington, dans le comté de Sussex. Il fit ses premières études à l’école de Chichester, et ses progrès dans les langues savantes furent si rapides qu’à l’âge de dix ans il composa un distique latin, qui fut gravé sur la porte de sa maison natale. Selden fut admis à quatorze ans à Hart-Hall, à Oxford. Il passa trois ans dans cette université et vint au Temple, où il acquit une grande célébrité. Dès lors aussi il se lia avec les hommes les plus distingués de cette époque, Cambden, Spelman, Robert Cotton et l’archevêque Usher. En 1607, il termina un recueil chronologique de tous les documents recueillis sur les matières publiques ou privées d’Angleterre jusqu’à la conquête. En 1610, il publia deux traités, l’un en anglais, intitulé England’s epinomis, et l’autre en latin, intitulé Jani Anglorum facies altera. Dans la même année, il publia un petit ouvrage intitulé the Duello, or single combat, divisé en deux parties, le duel extrajudiciaire, dont il parle très-légèrement, et le duel judiciaire, dont il développe les règles et les formes telles qu’elles ont été pratiquées en Angleterre depuis l’entrée des Normands. Cette dernière partie fut réimprimée à Londres, en 1706. À la prière de Michel Drayton, Selden rédigea des notes sur les dix-huit premiers chants du Poly Olbion, ou description en vers alexandrins des différents comtés d’Angleterre. En 1614, il donna au public un traité des titres d’honneur (Titles of honour), dont la seconde édition parut en 1631 et la troisième en 1672. Une traduction latine, par Simon-Jean Arlow, fut imprimée en 1696, à Francfort. Cet ouvrage surpasse tout ce qui a été publié sur la même matière. En 1616, l’auteur réimprima et enrichit de notes l’Éloge des lois anglaises de Jean Fortescue. Vers le même temps, Bacon ayant été nommé chancelier, Selden lui adressa un livre intitulé Bref exposé sur la dignité de lord chancelier d’Angleterre. En 1617, il s’occupa d’un traité sur le séjour des juifs en Angleterre, et dans la même année, d’un ouvrage ayant pour titre : De Diis Syria syntagmata duo, réimprimé en Hollande, en 1627, et à Leipsick, en 1662 et 1680. En 1618, il jeta l’alarme dans le clergé anglican par l’attaque vigoureuse qu’il fit de la doctrine du droit divin des dîmes, dans son histoire de cette prestation ecclésiastique. Des plaintes furent portées contre lui au roi Jacques Ier, qui le fit traduire devant une commission de cour supérieure. Selden reconnut sa faute. L’ouvrage fut prohibé, et il fut défendu à l’auteur de répondre aux réfutations qu’on en ferait. Il en