de Sodome frappés d’aveuglement au moment où ils veulent envahir la maison de Loth ; et le même prix, pour la seconde fois, en 1726 ; et fut envoyé à Rome comme pensionnaire du roi. Il demeura dix-sept ans dans cette ville, où il obtint au concours, pour l’église de St-Pierre, l’exécution de la figure de St-Bruno refusant la couronne qu’un ange lui apporte. Il y exécuta en outre le Tombeau du marquis Capponi, placé dans l’église de St-Jean des Florentins ; le bas-relief du tombeau et le buste de Wlenghels, dans l’église de St-Louis des Français. Il avait été chargé du mausolée commun élevé dans la cathédrale de Vienne, en Dauphiné, en l’honneur de M. de Montmorin, archevêque de cette ville, et du cardinal d’Auvergne, son successeur. C’est à cette époque (1747) que Slodtz revint à Paris, précédé de sa réputation. Ses deux frères n’eurent qu’à se féliciter de son retour. Il partagea tous leurs travaux, et l’on y aperçut une amélioration sensible. Ils présentèrent un projet de place pour la statue équestre de Louis XV, sur une partie du quai des Théatins. L’architecture en était magnifique et du meilleur goût. Le 31 décembre 1749, l’académie agréa Slodtz sur plusieurs ouvrages, entre autres sur un modèle en petit de l’Amitié, qui devait être son morceau de réception. Diverses circonstances l’empêchèrent de devenir académicien titulaire. En 1755, le marquis de Marigny, directeur des bâtiments, lui fit accorder une pension par le roi. Il succéda, en 1758, à son frère Paul-Ambroise, comme dessinateur de la chambre et du cabinet. Parmi ses ouvrages les plus remarquables, on cite les modèles des deux Anges adorateurs et les bas-reliefs qui décorent le maître-autel de la paroisse de Choisy, ainsi qu’une copie du Christ, d’après celui de Michel-Ange qu’on voit à Rome dans l’église de la Minerve. Mais son chef-d’œuvre est le Tombeau de Languet, curé de St-Sulpice. À l’exemple du Bernin, il y a employé le bronze et les marbres de toutes les couleurs. Cet ouvrage, qui à l’époque où il fut exécuté était l’objet de l’admiration générale, est une nouvelle preuve de la décadence des arts sous Louis XV. La composition en est bizarre et mesquine, quoique visant à l’effet ; le dessin en est maigre et sec, et manque même de correction. Le squelette de la Mort est hideux. Ce qu’il y a de meilleur est la figure du curé, qui n’est dépourvue ni d’expression, ni d’une certaine finesse. Ce mausolée fit à son auteur une si grande réputation, que le roi de Prusse, Frédéric II, non content de lui commander deux statues, voulut l’attirer à sa cour. Mais Slodtz, retenu par les
nombreux amis que lui avaient acquis ses qualités personnelles, refusa de se rendre à cette invitation. Peu de temps après, il fut atteint d’un épanchement de bile auquel il succomba le 26 octobre 1764. J.-L. Castillon a consacré dans le Nécrologe de 1766 un éloge à R.-M. Slodtz. qui a été réimprimé dans la Revue universelle des arts, t. 12 (1860) ; l’Abacedario de Mariette, t. 5, p. 223-239, contient en outre un article d’autant plus précieux qu’il a été composé avec des documents fournis par Madeleine-Michelle Slodtz, qui avait épousé M. Legros, avocat en parlement.
SLUYS (Jacques van der), peintre, naquit à
Leyde en 1660. Élevé par charité dans l’hospice
des orphelins de la ville, son caractère aimable
et les rares dispositions qu’il annonçait pour les
arts lui attirèrent l’affection et les faveurs des
directeurs de cet établissement, et les décidèrent
à lui faire apprendre la peinture. On le plaça
d’abord chez Ary de Voys, qu’il quitta bientôt
pour entrer dans l’école de Slingelandt, dont la
manière avait plus de rapports avec son génie.
La copie des œuvres de ce maître perfectionna
rapidement son talent et le rendit capable de
peindre d’après ses propres idées. Par la suite, il
ne s’écarta plus, dans ses diverses compositions,
de la manière ni du style de son dernier maître.
Son goût particulier était de représenter des
assemblées, des conversations, des /êtes conformes
aux usages et aux modes de son temps. Les personnages
des deux sexes qu’il introduit dans ses
compositions sont remarquables par l’air de gaieté
et de joie qu’il sait répandre sur leurs physionomies,
et qui ne tombe jamais dans la bassesse
et le trivial. Son travail est d’un fini précieux,
sa couleur harmonieuse et brillante, et, comme
son maître, c’est dans le dessin seulement qu’il
laisse quelque chose à désirer. Van der Sluys ne
quitta jamais Leyde, et y mourut en 1736.
SMALRIDGE (George), savant prélat anglais,
naquit en 1663, à Lichtield, dans le Straffordshire.
Son père, pauvre teinturier, n’étant pas en état
de lui donner de l’éducation, Ashmole se chargea
du jeune Smalridge, à qui il avait reconnu d’heureuses
dispositions, et l’envoya à l’école de Westminster,
en Ce jeune homme s’y distingua par son application et ses succès ; et il composa,
au bout de deux ans, deux élégies, l’une en latin,
sur la mort de l’astrologue Lilly ; l’autre, en anglais,
à son bienfaiteur. En 1682, il passa au
collége de Christ-Church, à Oxford ; et bientôt il
y fut associé au talent d’Aldrich et d’Alterbury,
pour répondre aux ouvrages de controverse
d’Obadiah Walker, nom sous lequel se cachait
Abraham Woodhead. Ces occupations ne l’empêchèrent
pas de cultiver les muses latines. Aussi
ne prit-il ses degrés qu’en 1700. Peu de temps
après il fut pourvu d’une prébende ; et il fut
choisi, en 1708, pour prédicateur ordinaire de
Saint-Dunstan, à Londres. Il résigna cet emploi
trois ans après, et, en 1714, il fut nommé évêque
de Bristol et presque en même temps aumônier
de la reine. Il garda cette place même sans
George Ier ; mais, n’ayant pas voulu signer la
déclaration de l’archevêque e Canterbury et des
évêques des environs de Londres contre la révolte
de 1715, il fut destitué. Ce prélat mourut le