aux originaux pour l’exactitude et la netteté de l’exécution. Vers la même époque, en 1699, Sharp composa un précis des meilleures méthodes connues pour le calcul des sinus, des sécantes et des tangentes naturelles, en s’aidant surtout des découvertes de Newton ; et il en fit l’application à la détermination approchée du rapport de la circonférence au diamètre. Deux séries différentes, calculées avec une rare patience, lui donnèrent ce rapport exactement jusqu’à la soixante-douzième figure décimale. Plus tard, il s’occupa de perfectionnements analogues pour le calcul des logarithmes, en partant des méthodes données par Mercator, Wallis et Halley. Ils lui servirent à calculer, avec soixante et une figures, les logarithmes des cent premiers nombres, ceux de tous les nombres premiers compris entre 101 et 1100, et ceux des vingt nombres compris entre 999 990 et 1 000 010. Il joignit même à ces derniers les tables de leurs différences des dix premiers ordres. Jusqu’ici, un tel travail, de la part d’un seul individu. n’a point été surpassé. Il fut publié par son auteur, dans un ouvrage intitulé Geometry improved, qui vit le jour à Londres, en 1717. in-lv, et où l’on ne trouve que les initiales du nom de Sharp : by A. S. Philomath. Ce livre, devenu fort rare, renferme encore des tables très-étendues et très-exactes des valeurs des divers segments du cercle. avec leurs différences à douze figures et leur usage pour la résolution de beaucoup de problèmes plus ou moins difficiles ; et il est terminé par un traité fort curieux sur les polyèdres, tant ceux qui sont complétement réguliers que ceux qui ne le sont pas d’une manière absolue. L’auteur y donne la manière de les former et assigne la détermination de leurs rapports et les valeurs de leurs éléments principaux, soit par des formules générales, soit en nombres calculés avec sa précision et sa patience ordinaires. Plusieurs de ces corps ont été imaginés par lui ; et leur considération ne serait pas sans utilité dans la cristallographie. On peut remarquer dans cet ouvrage la gravure des planches où ces polyèdres sont représentés en perspective, et avec une netteté singulière. Sharp en était l’auteur, tant cet homme adroit et patient réunissait de talents divers. Sa complaisance n’était peut-être pas moins remarquable ; car, après sa mort, on a reconnu, par sa volumineuse correspondance avec les géomètres et les astronomes les plus célèbres de son temps, qu’il n’avait jamais cessé de les aider dans leurs recherches particulières, en employant à leur profit son étonnante facilité pour le calcul. Il paraît que Sharp se retira, vers 1720, à Horton, son pays natal, et qu’il n’en sortit plus jusqu’à sa mort, qui arriva en juillet 1742, quand il avait atteint sa 91e année. À cette dernière période de sa vie, il vécut dans une assez grande retraite, n’y admettant guère que deux de ses voisins de Bradfort : l’un habile pharmacien[1], l’autre géomètre ingénieux.
SHARP (Saunas), chirurgien anglais, naquit
au commencement du 18e siècle, fut élève du
célèbre Chéselden, et vint étudier son art à Paris,
en fréquentant les hôpitaux. Il paraît qu’il commença
un peu tard à exercer sa profession. Il se
fixa enfin à Londres, où il obtint la place de
chirurgien de l’hôpital de Guy. Sa renommée
s’étendit avec sa clientelle. Il disait avoir connu
Voltaire et lui avoir servi quelquefois de cicérone,
lors de son séjour à Rome. Au commencement
de 1749, il fut élu membre de la société royale
et membre étranger de l’académie de chirurgie
de Paris. Il contribua aux progrès de son art
par deux ouvrages, qui ont eu plusieurs éditions,
et qui ont été traduits dans plusieurs langues :
1° Traité des opérations chirurgicales, avec la
description des instruments et des gravures, accompagné
d’une dissertation sur la nature et le traitement
des plaies, ulcères, abcès, 1739 ; 6e édition,
1751 ; 2° Recherches critiques sur l’état de la
chirurgie, 1750 ; 4e édition, 1761. Cet ouvrage
et le précédent ont été traduits en français (voy.
Jauur). Le voyage que Sharp fit, en 1765, sur
le continent, eut pour but de rétablir sa santé.
De retour dans sa patrie, il publia ses Lettres sur
l’Italie, contenant la description des mœurs et
usages de ce pays, 1 vol. in-8°, écrites dans un
style vif et agréable. Elles excitèrent néanmoins
le courroux de Baretti, qui en publia une réfutation
et une critique amère. Vivant dans la retraite
depuis plusieurs années, Sharp mourut le 24 mars
1778.
SHARP (William), fils d’un armurier, naquit
en 1749. Son père ne lui avait fait apprendre à
graver que les ornements d’armurier ; mais se
sentant du goût pour les arts, il débuta par graver
le vieux lion de la tour de Londres, planche
qui eut assez de succès ; ensuite il se chargea des
gravures de la collection de romans connue sous
le nom de Novelist’s magazine, d’après les dessins
de Stothard. Il fournit aussi, pour la Bible in-folio
de Luthwell, une planche qui représente
Moïse frappant le rocher de sa baguette. Il avait
à Londres une boutique de gravures, et s’était
marié de bonne heure. Veuf au bout de quelques
années, il se livra tout entier à son art, et fournit
une suite de travaux qui l’ont mis au premier
rang. Il grava, d’après le Guide, les Docteurs de l’Eglise disputant sur l’Immaculée Conception ; et, d’après West, il acheva la gravure de Woolet,
offrant le Débarquement de Charles II. Il grava, pour le dernier voyage du capitaine Cook, deux danses de sauvages et quelques portraits d’insulaires. Vers le même temps, il exécuta, d’après un jeune artiste nommé Benwell, une planche intéressante, représentant deux enfants égarés et
- ↑ Dans les petites villes d’Angleterre, les pharmaciens étaient jadis les seuls médecins existants.