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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE





SAPEY (Jean-Charles), homme politique français, naquit à Grenoble, vers 1770. Après avoir fait de bonnes études, il était destiné, par la volonté de sa famille plutôt que par ses penchants personnels, à la profession ecclésiastique ; mais, la révolution ayant éclaté, il se montra favorable aux idées nouvelles et s’ouvrit une autre carrière. Il fut successivement maire, commissaire du directoire près le département de l’Isère et président du canton de Lemps. Lors de formalisation des préfectures, il fut nommé sous préfet à la Tour-du-Pin. il avait eu l’occasion de se lier avec Lucien Bonaparte, qui le protégea d’une façon efficace. En 1802, il entra au corps législatif, et il y resta six ans ; mais, regardé comme trop enclin aux idées libérales, il cessa de faire partie en 1808 de cette assemblée, dont le rôle fut si peu animé, et il rentra dans la retraite. En 1815, pendant les cent-jours, les électeurs de l’lsère l’envoyèrent à la chambre des représentants, où il ne se fit nullement remarquer. Pendant la restauration, il fit longtemps partie de la chambre des députés ; il y siégea de 1817 à 1824, y rentra en 1828 et fut en diverses élections l’objet de nouveaux suffrages, qui le maintinrent au palais Bourbon jusqu’à ce que la chambre disparut en février 1818. Constamment libéral, Sapey avait voté l’adresse des deux cent vingt et un. Après 1830, il siégea au centre gauche ; mais avec le temps ses opinions subissaient des modifications qui le rapprochaient du système gouvernemental. En 1832, il avait été nommé conseiller-maître à la cour des comptes. Ce vétéran des assemblées législatives comptait en 1848 quarante-cinq ans depuis son entrée dans les régions parlementaires et devait nécessairement céder la place à des hommes nouveaux. Il ne fut donc question de lui ni pour la constituante ni pour la législative ; mais dès 1852, à la première promotion des sénateurs, le gouvernement impérial se souvint du vieil ami de Lucien, et Sapey lit partie de ce grand corps de l’État. Son âge avancé lui interdit d’ailleurs de s’occuper d’une manière un peu active des affaires publiques ; il mourut en 1856.

Z.


SAPHIR (Moïse ou Maurice Gottlieb), né à Pesth, le 8 février 1795, appartenait à une famille juive. Il se livra d’abord au commerce ; mais sa vive intelligence, son imagination le décidèrent à se consacrer à la littérature. Écrivain fécond et facile, doué d’une verve spirituelle et d’un penchant décidé pour la satire, voulant amuser ses lecteurs, Saphir se concilia les sympathies d’un public nombreux, et il s’attira aussi beaucoup d’ennemis. Il résidait à Vienne depuis longtemps, lorsqu’en 1825 il reçut l’ordre de s’éloigner. Il se rendit à Berlin, où il rédigea pendant trois ans, de 1826 à 1829, l’Estafette de la littérature, du théâtre et de la société. Cette feuille ne suffisant pas à son activité, il fonda, en 1827, le Courrier de Berlin, et il s’attira les sympathies d’un public nombreux. Son insouciance en fait d’affaires lui ayant causé quelques embarras, il quitta, en 1829, la capitale de la Prusse et se transporta à Munich, où il créa deux journaux : le Bazar de Munich et de la Bavière, en 1830 ; l’Horizon allemand, en 1831. L’une et l’autre de ces feuilles ne vécurent pas au delà de 1833. En 1830, il fit un voyage à Paris, et en 1832, renonçant à la religion de ses pères, il se fit baptiser et devint membre de l’Église protestante. Il fit en même temps paraître divers recueils, dans lesquels il rassembla une partie des nombreux articles qu’il avait disséminés d’une main prodigue ; c’est ainsi qu’on vit paraitre les ,,Œuvres diverses, Stuttgard, 1832, 11 vol. ; - Œuvres nouvelles, Munich, 1832, 3 vol., — Sottises, lettres, portraits et charges, Cyprès, correspondance littéraire et humoristique, Munich, 1834. Ayant obtenu l’autorisation de revenir à Vienne, il entreprit, en 1837, la publication du journal l’Humouríste, qu’il continua jusqu’à sa mort, en y joignant, depuis 1850, un Almanach populaire humoristique et satirique. Signalons encore, parmi les productions de cette plume légère, la Bibliothèque humoristique des dames. Vienne, 1838-1841, 6 vol.: — l’Album sérieux, enjoué, humoristique et badin, Leipsick, 1846, 2 vol. ; 2° édit., 1864 ; - les Soirées humoristiques, Leipsick, 1854 ; - le Dictionnaire de la conversation, consacré à l’esprit, à la gaieté et à l’humour, Dresde, 1852 ; - les Roses sauvages, Leípsíck, 1847, 2 vol. ; - Lettres parisiennes, 1