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d’Aristote, la traduction latine de l’Histoire des animaux, d’Aristote, publiée par Maussac, Toulouse, 1619, in-folio, et conservée dans l’édition de J.-G. Schneider, Leipsick, 1811, 4 vol, in-8o ; et une version latine, avec des notes, du livre des Insomnies d’Hippocrate, Lyon, 1538, in-8o, on a de Scaliger :

le Oratio pro Cicerone contra D. Erasmum, Paris, P. Vidoue, 1531, in-8o, ré-imprimé à la suite de ses Hymnes et Poésies sacrées, Cologne, 1600, et avec des notes de Melchior Adam, Heidelberg, 1618, in-8o. Le second discours fut imprimé par le même P. Vidoue à la fin de l’année 1536, mais sous la date de 1537. On assure que J.-C. Scaliger fit tout ce qu’il put pour les supprimer, sans y réussir. Ils ont été réimprimés sous ce titre : Adversus D. Erasmum orationes duae, eloquentiae Romanae vindices, cum auctoris opusculis, Toulouse, 1621, in-4o ; ce volume est rare, sans être recherché.

2e De comicis dimensionibus, Lyon, 1539, in-8o de 56 pages ; édition très-rare. Cette dissertation, qu’on retrouve à la tête de l’édition de Térence, Paris, 1552, in-fol., a été insérée dans le tome 8 du Thesaur. antiquit. graecar., avec quelques fragments tirés de la poétique de Scaliger sur le théàtre des anciens.

3e De causis linguae latinae libri XIII, ibid., 1540, in-4o ; Genève, 1580, in-8o. C’est le premier ouvrage de grammaire qui soit écrit d’une manière philosophique. Fr. Sanchez compléta le travail de Scaliger dans sa Minerve (voy. F. SANCHEZ).

4e Exotericarum exercitationum liber quintus decimus de subtilitate ad Hieronym. Cardanum, Paris, 1557, in-4o de 952 pages ; Bâle, 1560, in-fol., et réimprimé plusieurs fois, format in-8o. En désignant ce livre comme le quinzième, Scaliger espérait persuader qu’il en avait déjà composé quatorze sur d’autres matières d’érudition. Ce trait manque à la Charlatanerie des savants, par Meneke (voy. ce nom) ; au surplus, il ne se montre pas dans cet ouvrage meilleur physicien que Cardan. Suivant Naudé, Scaliger a commis plus de fautes qu’il n’en a repris dans le livre de son adversaire, dont la réponse se fit trop attendre pour qu’il mit se repentir de s’être attribué trop tôt la victoire ; d’autres savants ont jugé ce livre moins sévèrement (voy. GOCLENIUS).

5e Poetices lib. VII, Lyon, 1561, in-fol. ; Leyde, 1581, in-8o ; Heidelberg, 1607, même format. Cet ouvrage, longtemps désiré, est le plus savant qu’on eût encore vu dans ce genre. On y trouve une foule de remarques grammaticales et philologiques qui supposent une étude approfondie des auteurs anciens ; mais point de vues nouvelles, point de ces idées fécondes et ingénieuses qui plaisent tant au lecteur.

6e Poëmata in duas partes divisa (Genève), 1574, in-8o ; Heidelberg, Commelin, 1600, in-8o. « Il n’est guère, suivant Ménage, de plus méchant livre ; il s’y trouve à peine

mentaire dut être fort utile à la Bruyère, qui en a fait tant d’usage. (Soirées littér., t. 15, p. 131)


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quatre ou cinq épigrammes qui puissent passer à la montre. » Huet va plus loin encore : « Par ses poésies, brutes et informes, dit-il, Scaliger a déshonoré le Parnasse : » (Huetiana, p. 11.) Coupé cependant, en porte un jugement favorable et pense qu’elles mériteraient d’être traduites entièrement (voy. Soirées littéraires, t. 15, p. 135). Les Poésies sacrées ont été publiées séparément, Cologne, 1600, avec quelques épigrammes du P. Frusius (voy. FREUX) contre les hérétiques, accusés de les avoir défigurées pour faire suspecter les véritables sentiments de l’auteur.

7e Epistolae et orationes, Leyde, 1600, in-8o ; Schelhorn a recueilli dans ses Amoeninates litterariae, t. 6 et 8, seize nouvelles lettres de Scaliger, qui roulent toutes sur ses débats avec Erasme. La Vie de Scaliger, par son fils, imprimée à Leyde, 1594, in-4o, et recueillie par Bates dans ses Vitae selector virorum, n’est presque qu’un tissu de fables. Son portrait se trouve dans la bibliothèque de Boissard. Outre les auteurs cités, on peut consulter Teissier et Niceron, t. 23.

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SCALIGER (Joseph-Juste), l’un des plus célèbres philologues dont s’honore la France, était le dixième enfant de J.-C. Scaliger et d’Audiette de Roques-Lobejac ; il naquit à Agen, le 4 août 1540. On l’envoya commencer ses études à Bordeaux, et il y passa trois ans, ne retirant que peu de fruits des leçons du maître auquel on l’avait confié. Un bruit de peste détermina son père à le rappeler ; et malgré ses travaux nombreux, il se chargea de le diriger dans ses études. Les progrès du jeune Scaliger furent alors très-rapides. A seize ans il avait fait une tragédie latine d’Œdipe, qu’il n’a pas conservée, parce qu’il finit sans doute par en apercevoir les défauts. Après la mort de son père, il vint à Paris étudier le grec sous le célèbre Turnèbe (voy. ce nom) ; mais au bout de deux mois, trouvant qu’il n’allait pas assez site, il entreprit seul la lecture d’Homère, qu’il eut achevée dans vingt et un jours, aidé d’une version latine. Il apprit également seul, et même sans le secours d’aucun dictionnaire (voy. Scaligerana prima, p. 18), l’hébreu, l’arabe (1)[1], le syriaque, le persan, et la plupart des langues de l’Europe. Il se vantait, par la suite, d’en parler treize anciennes ou modernes. Son ardeur pour l’étude était telle qu’il ne dormait que quelques heures chaque nuit, et qu’il passait des journées entières sans prendre presque aucune nourriture. Doué d’ailleurs d’une mémoire prodigieuse et d’une grande pénétration, il se rendit bientôt très-habile dans les lettres, l’histoire, la chronologie et les antiquités. Louis de la Roche-Pozay, depuis ambassadeur de France près la cour de Rome, le choisit en 1563, pour instituteur de ses enfants et lui assi-

  1. (1) Le manuscrit autographe du dictionnaire arabe que Scaliger avait composé pour son usage, sous le titre de Thesaurus linguae arabicae, se conserve à la bibliothèque de Goettingue (voy. Tyhsen, Neus Repertorium, 1791, t. 3, p. 256, 280). Il a servi de base à celui de Rapheleng (voy. ce nom).