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mander vainement aux Florentins et au pape Comme il revenait en Romagne après d’inutiles sollicitations, il mourut dans les montagnes de Forli, le 3 septembre 1388, empoisonné, dit-on, par les ordres de Jean Galeaz l Visconti : Il laissait un fils, Can-Francesco, et trois filles. Can-Francesco se réconcilia avec François de Carrare et reparut près de Vérone en 1390. Son approche causa dans cette ville un mouvement fatal à ses partisans. Visconti punit les chefs de la révolte et trouva moyen de faire empoisonner ce dangereux compétiteur dans Ravenne même.

Guillaume DE LA SCALA, bâtard de Can-Grande II, fut momentanément rétabli dans Vérone, par François Novello de Carrara, le 8 avril 1404 ; mais il mourut peu de jours après, laissant plusieurs fils qui ne surent pas conserver l’amitié de Carrara, leur protecteur ; et, pendant leurs débats, les Vénitiens se rendirent maîtres de Vérone, qui depuis lors a toujours suivi le sort de cette république.

Antonio, fils de Guillaume DE LA SCALA, vécut et mourut dans l’obscurité ; son frère Brunoro, n’ayant plus aucun espoir de recouvrer la souveraineté de Vérone, se retira auprès de l’empereur Sigismond, qui le prit en affection, le déclara prince de l’Empire et lui donna un fief et divers titres honorifiques ; il mourut à Vienne, le 21 novembre 1434, sans enfants et n’ayant jamais été marié, comme il est prouvé par un diplôme impérial du 8 octobre de la même année.

Nicodème DE LA SCALA, autre frère de Brunoro, fut évéque de Freisingen, homme d’Etat distiggué, et mourut à Vienne le 13 aoùt 1113.

Paul, dernier fils de Guillaume DE LA SCALA, s’établit en Bavière, où sa postérité exista pendant un siècle. Le dernier mâle de ce nom fut un Brunoro, qui mourut en 1511 ; et le dernier rejeton de cette illustre famille fut une Jeanne qui, veuve d’un Dietrichstein, porta les biens et les droits qui lui restaient dans la maison des barons de Lamberg. Voy., pour plus de développement, le Dictionnaire historique italien imprimé à Bassano, dont le rédacteur a écrit une histoire complète de toute cette famille. Saraïna, Paul Scalkius et J.-B. Biancolini s’en étaient déjà occupés avec beaucoup de détail ; des poëtes mêmes lui avaient consacré leurs chants (voy. FERRETO).

S. S―I.


SCALA (Barthélemy), homme d’Etat et homme de lettres, né en 1430 à Colle de Valdelsa, en Toscane, vint à Florence pour y étudier le droit et prendre le degré de docteur. Fils d’un pauvre meunier, sans relations et sans appui, il sut, par son propre mérite, s’élever aux premières charges de la république, dont il mania longtemps les affaires. Côme et Pierre de Médicis, frappés de ses progrès, le prirent à leur service, et en encourageant son talent, lui ouvrirent le chemin des honneurs. Revêtu de la dignité de chancelier et du caractère d’ambassadeur, Scala parut, en 1484, à la cour d’innocent VIII, pour le féli

XXXVIII.

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citer sur son exaltation au pontificat. Cette mission lui valut le diplôme de secrétaire apostolique, et, peu après son retour de Rome, le rang de gonfalonier de la république à Florence. Aspirant à la réputation d’écrivain, après avoir franchi tous les degrés de l’ambition, il se montra jaloux du mérite de Politien, auquel il enviait peut-être la faveur des Médicis ! Ils eurent des disputes très-vives sur la langue latine, et dissertèrent gravement sur le mot culex pour savoir s’il fallait plutôt l’employer au masculin qu’au féminin. Ils se reprochèrent aussi l’inégalité et l’affectation de leur style d’un ton qui doit paraître très-choquant aujourd’hui, mais qui était moins extraordinaire de leur temps, où l’on était habitué à voir les gens de lettres se déchirer mutuellement pour les questions les plus futiles, et démentir, par leur exemple, les leçons de modération et de prudence qu’ils ne manquaient jamais de donner dans leurs ouvrages. Scala avait composé, à ce que l’on prétend, un poème philosophique dans le genre de celui de Lucrèce, et quelques apologues maintenant ignorés, mais qui, par la gravité des préceptes et par la bizarrerie de l’invention, obtinrent alors un succès universel. Il entreprit aussi d’écrire l’histoire de la ville de Florence, et s’était proposé de la diviser en vingt livres, dont il n’a laissé que les quatre premiers avec le commencement du cinquième ; sa mort, arrivée en 1495, l’empêcha de la continuer. Ses ouvrages sont : 1° Ad Innocentium VIII, summum pontificem, oratio, Florence ; 2° Pro imperatoriis militaribus insigniis dandis Constantino Sfortioe imperatori, ibid., 1481, dis cours prononcé dans la place du Peuple, à Florence, en remettant à Constant Sforza, seigneur de Pesaro, les insignes de chef militaire de la république ; 3° Apologia contra vituperatores civitatis Florentina, ibid., 1496, in-fol. ; 4° De historia Florentina, Rome, 1677, in-4o, imprimé par les soins de Magliabechi, insérée par Burmann dans le tome 8 de son Recueil des histoires d’Italie. Cet ouvrage s’arrête aux apprêts de la bataille de Tagliacozzo entre Charles Ier d’Anjou et Conradin de Souabe. 5° Vita Vitaliani Borrhomoei, ad Petrum Mediceum, ibid., 1677, in-4o. Quelques-unes de ses lettres sont imprimées parmi celles de Politien, et d’autres dans un recueil publié par Bandini sous le titre de Collectio veterem monum. On trouvera d’autres renseignements sur Scala (connu aussi sous le nom de Vopiscus, qu’il avait pris, étant né jumeau), dans Zeno, Dissert. Voss., t. 2, page 253, et dans Manni, qui en a donné la vie, Florence, 1768. Voyez aussi Elogi degli uomini illustri Toscani, t. 3. page 70.

― Sa fille, Alessandra SCALA, non moins remarquable pour sa beauté que pour son instruction, épousa Michel Tarcagnota Marulli, poète byzantin, qui comptait parmi ses rivaux le célèbre Politien. Alessandra fut assistée dans ses études par Jean Lascaris et Démétrius Chalcon-