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lyrique. On a beaucoup abusé du vers blanc chez tous les peuples qui l’admettent, et surtout du vers blanc au-dessous de dix syllabes et du vers blanc irrégulier. Milton lui-même, en Angleterre, a bien des fois péché contre le nombre dans le Samson Dagoniste, et Glover, dans sa Médée, a bien moins réussi encore avec plus de prétentions. Il est vrai que Collins, dans son Ode au soir, avait donné un exemple tout contraire. Sayer en approche sans l’égaler, et, puisqu’il avait résolu de ne point avoir recours à la rime pour les deux premières stances, il faut louer sinon l’idée, du moins le mode d’exécution de l’idée, et peut-être est-ce à la manière assez heureuse dont il en tira qu’est dû l’emploi du même mètre dans le Thalaba de Southey. Parmi les Nugae de Sayer, nous remarquerons principalement son conte de Guy de Warwick et le Fragment sur Jack le tueur de géants. Dans l’un et dans l’autre, il déploie beaucoup d’humour ; et le style, héroïque d’allures et de formes, tandis que les sujets sont ou burlesques ou vulgaires, présente un contraste intime, plein en même temps de bonhomie et de vérité. La forme héroïque reflète le sérieux naïf avec lequel certaines gens traitent leurs affaires plus solennellement que l’on ne traite quelquefois les affaires d’Etat ; et cependant l’ironie est transparente : le lecteur voit et l’importance que prennent les objets ou les événements aux yeux des acteurs et la futilité de ces mêmes événements, de ces mêmes objets vus de haut, et c’est lui qui a le plaisir de voir de haut, de regarder en pitié, de sourire. On a parfois comparé Sayer à Gray. Ils ont de l’analogie en ceci, que tous deux s’inspirent plus de certains livres de prédilection que de la nature ; mais, si Gray est supérieur pour la profondeur du sentiment, il est inférieur pour l’éclat dans le lyrisme et pour la plaisanterie dans la narration.

P-OT.


SAYER (Édouard), jurisconsulte anglais, cultiva la poésie et la peinture avec un égal succès. En 1784, il servit de conseil à lord Hood dans l’ardente lutte électorale de Westminster. Mais le zèle qu’il déploya en cette circonstance ne lui rapporta pas grand profit, ce qui le dégoûta de rendre par la suite de pareils services. Il se livra désormais tout entier au dessin et à la littérature. Il fit des caricatures aussi mordantes que spirituelles, en même temps que des pièces de vers politiques, se vouant exclusivement au genre satirique avec le crayon comme avec la plume. Ses principaux ouvrages sont :

1e Lindor et Adélaïde, conte moral, in-12 ;

2e Essais littéraires et politiques, in-8o ;

3e Observations au sujet du sermon du doreur Price sur la révolution française, 1789, in-8o ;

4e Observations sur la police de Westminster, 1792, in-4o.

On lui doit aussi plusieurs publications sous le voile de l’anonyme.

Z.

SBARAGLIA (Jean-Jérôme), médecin et anato

SCA

miste italien, né en 1641, à Bologne, où il mourut le 8 juin 1710. Après avoir fini ses études, il donna d’abord des leçons de philosophie dans sa ville natale, où il obtint plus tard une chaire d’anatomie, qu’il a occupée pendant quarante ans. Comme médecin, il combattait les opinions du célèbre Malpighi. Son plus important ouvrage est intitulé Oculorum et mentis vigiliae ad distinguendum studium anatomicum et ad praxim medicinae dirigendam, etc., Bologne, 1704, in-4o.

— SBARAGLIA (le P. Jean-Hyacinthe), neveu du précédent, écrivain ecclésiastique, né à Forli en 1700, mort en 1770. Il était mineur conventuel à Bologne et plus tard à Florence. Dans son écrit Germana S. Cypriani et Afrorum, nec non Firmillani et Orientalium, opinio de Hoereticorum baptismate, etc., Bologne, 1741, in-4o, il défend l’authenticité des actes du concile d’Afrique, où l’on avait décidé la question de la nécessité de réitérer le baptême donné par les hérétiques. À ce traité se rattache le complément suivant : De sacris pravorum ordinationibus, Florence, 1750. R—L.—N.

SCACCHI (Fortunat), savant philologue et antiquaire italien, naquit, vers 1373, du commerce illégitime d’un gentilhomme d’Ancône avec sa servante. Il fut élevé jusqu’à cinq ans à l’hôpital des enfants trouvés ; mais son père, se repentant de l’avoir abandonné, le retira de cette maison et dès lors le traita comme son fils. L’éloignement qu’il sentait pour le monde le décida de bonne heure à prendre l’habit des ermites de St-Augustin. Peu de temps après, la tache de sa naissance l’obligea de le quitter ; mais il parvint à faire lever cet obstacle et prononça ses vœux à Fano. Soumis d’abord aux plus vils emplois, il obtint enfin la permission d’aller faire ses études à Rimini, puis à Rome. Ayant entendu vanter l’université d’Alcala comme la première du monde, il n’hésita pas à s’y rendre pour perfectionner ses connaissances. Fortunat, n’ayant point d’argent pour payer son passage en Espagne, fut réduit à remplir sur le vaisseau les fonctions d’aide-cuisinier. Il vécut ensuite d’aumônes jusqu’à Tolède, où il reçut de ses confrères quelques secours pour gagner Alcala. Pendant sept ans, il y suivit les cours de philosophie et de théologie ; et en les terminant, il soutint des thèses publiques avec un grand éclat. De retour en Italie, il fit de rapides progrès dans l’hébreu ; et plus tard il ne se rendit pas moins habile dans la langue grecque. Ayant réussi dans ses débuts comme prédicateur, il se partagea plusieurs années entre la chaire évangélique et l’enseignement. Après avoir professé la théologie et l’hébreu dans différentes villes. il revint à Fano, dans le dessein d’y terminer quelques ouvrages qu’il se proposait de publier ; mais s’étant permis de critiquer la conduite de ses supérieurs, il s’en fit autant d’ennemis, qui trouvèrent d’autant plus facilement l’occasion