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de l'ouvrage de son père, Paris, 184l, in-8o ; 4° Cours complet d'économie politique pratique, 1841-1852, 3° édition d’un autre ouvrage de son père ; 5° Oeuvres diverses, 1848, in-8o. Un économiste également distingué, M. Baudrillart, a signalé dans son Manuel d’économie politique quelques-unes des meilleures études d'Horace Say sur diverses branches de la science économique.

R—LD.


SAY (Thomas), naturaliste américain, né à Philadelphie, le 27 juillet 1787, mort le 10 octobre 1836, à New-Harmony, dans l’Etat d’Indiana. Fils d’un droguiste, il apprit sous la surveillance de son père les premiers éléments des sciences naturelles. Plus tard, il s’associa avec un ami, Speakman, pour établir une pharmacie et herboristerie. Vers 1816, il fut un des fondateurs de l’académie des sciences naturelles de Philadelphie, qui l’élut ensuite pour son curateur. En 1818, il rejoignit Maclure, Ord et Peale, pour faire des relevés hydrographiques et géodésiques sur les côtes de Géorgie et de Floride, travaux qui furent interrompus par les guerres avec les Indiens. L’année suivante, il accompagna, comme chief geologist, le major Long dans son voyage d’exploration des montagnes Rocheuses, et en 1843, il était attaché à une troisième expédition qui alla remonter jusqu’aux sources de la rivière St-Pierre ou Minnesota. En 1825 enfin, il s’associa avec Maclure et Owen pour prendre la direction de la colonie de New-Harmony, qui, comme on sait, prit une si malheureuse fin (voy. l’article OWEN). Malgré ce dernier échec, Say n’a plus quitté le séjour de cette colonie, où il est mort. Le grand ouvrage d’ensemble de Say est son American entomology (ou Description des insectes de l’Amérique du Nord), Philadelphie, 1824-1828, 3 vol. in-8o. L’ouvrage entier devait avoir cinq volumes ; mais, dans les trois volumes qu’il a donnés, Say a toujours créé le tiers des genres qu’il a énumérés. Plus tard, il a encore commencé, sans l’achever, une American Conchology ou Mollusques de l’Amérique), 1830 et suiv., dont il n’a paru que six cahiers. Il a ensuite enrichi d’un grand nombre de mémoires les Transactions de la société américaine, les Annales du lycée de New-York, le Journal de Silliman et surtout les Transactions de l’académie des sciences naturelles de Philadelphie, où ses mémoires remplissent plus de huit cents pages. R-L—N.

SAYANA et aussi SAYANATCHARYA (maître SAYANA), auteur hindou du 14e siècle de notre ère. Sâyana a compose un très-grand nombre d’ouvrages ; mais le plus connu et le plus important est son commentaire sur le Rig-Véda. C’est, à ce qu’il parait, le seul commentaire complet qui existe aujourd’hui ; et c’est là ce qui a fait que M. Max-Müller, dans sa magnifique édition du Rig-Véda, l’a choisi de préférence à tout autre pour le reproduire avec le texte sacré. Sâyana et son frère Mâdhava étaient tous les

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deux ministres d’un roi du sud de l’Inde nommé Boukka, qui régnait à Vidjayanagara, et qui étendait sa puissance sur un assez grand nombre de provinces voisines. Les deux frères profitèrent de la faveur dont ils jouissaient pour encourager autour d’eux les études religieuses, et particulièrement celles dont le Véda était l’objet. Ils provoquèrent une foule d’ouvrages sur toutes les parties de l’exégèse védique ; et, comme ce fut Sâyana qui se chargea plus spécialement de diriger ces difficiles travaux, c’est son nom qui a été le plus célèbre. Il est probable qu’il eut de nombreux collaborateurs et que les ouvrages qu’on lui attribue ne lui sont pas exclusivement personnels. C’est du reste une coutume fort répandue dans l’Inde ; et les grands personnages qui font travailler les brahmanes sous leurs ordres et à leurs frais mettent leur nom, sans même aucune vanité d’auteur, à tous les ouvrages qui ont été exécutés sous leur protection, et qui sans eux n’auraient jamais été accomplis. Quoi qu’il en soit, le commentaire dit de Sâyana sur le Rig-Véda est de la plus haute importance ; et c’est un immense service que l’illustre M. Max-Müller a rendu aux études védiques en le publiant. Commencée il y a près de quinze ans, cette belle entreprise est arrivée au quatrième volume, sur les six qui la doivent composer (in-4° de 1,000 à 1,200 pages, imprimé par les presses de l’université d’Oxford, 1849-1862). C’est la compagnie des Indes qui, au début, l’a généreusement patronée, en faisant toutes les dépenses nécessaires ; et le gouvernement de la Reine, en succédant à celui de la compagnie, a continué cet honorable patronage. Quand l’édition sera achevée, et nous espérons qu’elle le sera bientôt, il sera permis m’étudier le Rig-Véda dans toute son étendue, avec les explications qu’ont données les commentateurs indigènes de ce vénérable monument, qui dès le 5e siècle avant notre ère présentait les plus grandes difficultés d’interprétation aux brahmanes eux-mêmes. Le commentaire de Sâyana a ce grand avantage qu’étant le plus récent de tous, il résume à peu près tout ce qui l’a précédé, et qu’on peut le regarder à juste titre comme le dernier mot de l’exégèse à laquelle l’Inde s’est livrée, pendant plus de vingt siècles, sur les hymnes qui étaient la source et la base de ses croyances religieuses les plus pures. Sâyana débute par une longue préface sur l’étude du Véda ; il aborde ensuite le texte du Rig Véda ; qu’il reproduit sous les deux formes de Samhitâ et de Pada, c’est-à-dire avec les liaisons régulières que les mots forment entre eux dans la langue sanskrite, et avec les mots isolés les uns des autres. Puis il commente longuement chacun de ces mots en les considérant sous toutes les faces qu’ils peuvent offrir à la critique la plus minutieuse et la plus éclairée. Cette carrière est bien vaste et bien laborieuse, quand on songe à la dimension du texte même et à la