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pour la solde de l’armée et l’érection des deux évêchés de Bamberg et de Wursbourg en duché relevant de la couronne de Suède. Bernard en remit le gouvernement à son frère Ernest et rejoignit l’armée dans ses retranchements près de Donawerth, s’empressa de payer la solde et rétablit l’ordre à tel point qu’après avoir empêché le duc de Féria, venant d’Italie, de porter secours au comte d’Altringer, il put entreprendre immédiatement le siège de Ratisbonne, qu’il força bientôt de capituler. Cet événement porta l’effroi dans tout le pays et entraîna la prise de toutes les forteresses ; mais avant de songer à entrer dans les États autrichiens, le duc eut besoin du concours de Horn pour repousser Wallenstein, qui s’était avancé sur le haut Palatinat et menaçait de le surprendre. La jalousie de Horn et la défiance d’Oxenstiern firent qu’on lui refusa l’assistance qu’il demandait ; ils essayèrent même de lui ôter les moyens de renforcer ses propres troupes, ce qui sauva l’Autriche d’une invasion. Une occasion non moins propice vint encore s’offrir vers la fin de février 1634, au milieu des troubles et de la confusion que l’assassinat de Wallenstein avait causés parmi les troupes impériales : abandonné des Suédois, Bernard fit prier l’électeur de Saxe par le général Arnim de seconder ses vues ; son entrevue aveu Arnim fut sans résultats, et il se vit forcé de ramener en Franconie ses troupes, qui étaient toutes prêtes à entrer en Bohème. Cependant l’Empereur, ayant réuni toutes ses forces sous le commandement de son fils Ferdinand, roi de Hongrie, se mit en mesure de reprendre Ratisbonne et la pressa vivement. La jalousie qui régnait entre Horn et Bernard les empêcha de se concerter efficacement pour la secourir, et la place se rendit le 29 juillet. Au premier avis de cette perte, Bernard se replia sur Augsbourg avec le maréchal Horn. Les Impériaux les suivirent, s’assurèrent du passage du Danube, en s’emparant de Donawerth, et parurent inopinément devant Nordlingen. Le duc accourut au secours de cette place importante. Son armée était beaucoup plus faible que celle du roi de Hongrie. Horn le pressait d’attendre l’arrivée des troupes que lui amenait le landgrave Otton ; mais emporté par son ardeur et par le souvenir de ses triomphes antérieurs, voulant d’ailleurs assurer promptement la possession de son duché de Franconie, Bernard se hâta de livrer, le 7 septembre, aux Impériaux une bataille dont le commencement s’annonça par des succès, mais qui, par un coup du sort, tourna entièrement à la défaite des Suédois. Horn fut fait prisonnier, et les Impériaux se rendirent aussitôt maîtres des principaux postes que les Suédois occupaient le long du Danube, du Mein et du Necker. Depuis longtemps le duc aspirait au commandement absolu des troupes de Suède et de celles de la confédération ; il alimentait la haine et la

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défiance des princes protestants pour le chancelier ; mais il s’en fallut peu que ses espérances ne fussent renversées après la conquête de Ratisbonne, et surtout par sa défaite à Nordlingen. Le chancelier conclut, le 19 octobre, un traité d’alliance avec Louis XIII, qui promit des subsides à la Suède et un corps auxiliaire de 6,000 hommes ; de leur côté, les princes de l’union de Heilbronn, ou plutôt les ducs de Wurtemberg et de Deux-Ponts en leur nom, signèrent un autre traité à Paris, par lequel ils s’engageaient à mettre toutes les places de l’Alsace et la ville de Philipsbourg entre les mains de ce monarque, qui s’obligeait à entretenir 12,000 Allemands sous le commandement d’un prince protestant et d’un général français. Oxenstiern, qui, pour s’attacher le dur de Weimar et les princes de l’union, venait, de concert avec eux, de nommer Bernard général en chef des troupes suédoises et protestantes dans la haute Allemagne, fut extrêmement piqué contre les confédérés lorsqu’il apprit la nouvelle de leur négociation avec la France. Il résolut de se retirer en basse Saxe pour maintenir dans la dépendance des Suédois le nord de l’Allemagne, dont la paix qui se négociait entre l’Empereur et l’électeur de Saxe, qui fut signée le 30 mai 1635, faisait craindre la défection. En effet, cette paix empêcha les secours que le landgrave de Hesse, le duc Guillaume de Weimar et le général Bannier auraient pu lui porter par la diversion à laquelle elle les obligea. Au reste si l’éloignement d’Oxenstiern débarrassa le duc Bernard d’un homme hautain et dominateur, son ambition n’en fut pas mieux servie, car les Français firent obtenir au landgrave de Hesse le commandement supérieur des troupes allemandes au préjudice du duc. Ce dernier songea dès lors à se rendre nécessaire. Il chercha, dans cette vue, à s’attacher particulièrement ses troupes et à les ménager, évitant les combats et manœuvrant de telle sorte que sa marche ambiguë mit l’ennemi en position de conquérir plusieurs États de la confédération sur le haut Rhin et d’entreprendre le siège de Heidelberg : la prise de cette ville allait entraîner celle de plusieurs autres. Dans ces conjonctures, les alliés envoyèrent prier Bernard de venir au secours de Heidelberg et lui tirent offrir le commandement en chef de leur armée. Le ministre de France, qui résidait à Worms, près l’assemblée des alliés, vint également lui faire de grandes promesses de la part du roi. Après quelques discussions, le duc accepta et se porta du côté de Heidelberg, où il fut rejoint par un corps français sous les ordres d’un Écossais nommé Hébron. À leur approche, les Impériaux pesèrent le siège. Il alla, par Darmstadt, à Francfort, y passa le Mein le 1er  janvier 1635, et s’avança jusqu’à Gelnhausen, dans l’intention de se réunir aux troupes du duc Guillaume son frère et