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le roi, voyant que c’était un obstacle au triomphe de ses armes, appela Bernard en Bavière à la fin de mai 1632. Il lui donna un commandement séparé et le chargea d’achever la conquête du duché. Quant à lui, il se reporta sur le Danube et vers Nuremberg pour s’opposer au duc de Friedland qui venait de reconquérir la Bohème. Les armes du duc de Weimar furent si heureuses qu’il s’avança jusqu’aux montagnes du Tyrol et s’empara des trois forteresses d’Ehrenbourg, les clefs de ce pays. Ferdinand II craignit même pour ses États d’italie. Mais le roi le pressa bientôt de venir renforcer son armée, qui avait en face Wallenstein et le duc de Bavière, occupant un camp retranché sur une montagne voisine de Nuremberg. Bernard se réunit à son frère Guillaume le 19 aoùt, et le 26 au roi, à Windsheim. Après un combat livré le 3 septembre, et qui n’eut rien de décisif, on continua de bloquer le camp retranché, dans l’espérance, qui ne se réalisa qu’au bout d’un mois, que le manque de vivres et de fourrages obligerait l’ennemi de descendre en rase campagne, où il serait plus facile de l’attaquer. Dés que Gustave en eut avis, il partagea son armée en deux corps, donna l’un au duc Bernard, avec mission de suivre la marche de Wallenstein en Franconie et de défendre les bords du Mein, et il garda l’autre pour rentrer en Bavière. De son côté, Wallenstein méditait d’envahir la Thuringe et de s’avancer en Misnie ; mais, prévenu par Bernard qui lui barra le passage de Cobourg, il se retira en Franconie avec perte et fit un détour pour arriver en Saxe par le Voigtland, après s’être séparé du duc de Bavière, qui accourait au secours de son pays. Après avoir donné quelques jours de repos à l’armée. Gustave ordonna au duc de poursuivre le général Pappenheim, venant de la Westphalie pour se rendre à l’armée impériale. Bernard marcha en diligence jusqu’à Naumbourg, sur la Saala, sans pouvoir surprendre l’ennemi ; le roi l’y ayant joint, ils se retranchèrent dans les environs de cette ville. Wallenstein. supposant que le roi de Suède ne l’attaquerait pas dans une saison aussi rigoureuse, renvoya le général Pappenheim en Westphalie. Dès que le roi en fut averti, il se prépara au combat et s’avança jusqu’à Weissenfels ; le lendemain il força le passage de la Rippach et marcha sur Lutzen, où Wallenstein s’était arrété. Le duc et le roi passèrent la nuit dans une voiture, au milieu de l’armée suédoise rangée en bataille. Ce brouillard épais obscurcissait l’atmosphère ; il ne se dissipa que le 16, à dix heures du matin, et ce fut à cette heure seulement que commença la bataille de Lutzen, où périt le roi de Suède (voy. GUSTAVE). Le duc de Weimar prit aussitôt le commandement et contraignit les ennemis à la retraite après leur avoir fait éprouver une grande perte. Il passa la nuit sur le champ de bataille et défit le lendemain les

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Croates, qui étaient revenus pour reprendre leur artillerie. Il conduisit ensuite l’armée à Weissenfels, où il fut proclamé d’une voix unanime général en chef ; mais le chancelier Oxenstiern, qui avait pris la direction des affaires, n’y consentit qu’à la condition que Bernard ne garderait cette dignité que temporairement, et qu’il la remettrait à son frère Guillaume, à qui elle appartenait de droit comme lieutenant général des armées suédoises en Allemagne, aussitôt après la guérison de ce dernier. Weimar, après quelques jours de repos, chassa en un mois les Impériaux de la Saxe. La campagne étant glorieusement terminée par le duc, Oxenstiern partagea l’armée en deux et lui donna le commandement de la plus faible partie, avec mission d’aller garder la Franconie et le haut Palatinat jusqu’au Danube, et de se tenir prêt à porter secours au maréchal Horn, gendre du chancelier, si l’ennemi attaquait la Souabe. En un mot, Oxenstiern mettait le duc sous les ordres de ce général. Bernard fit partir son armée pour la Franconie, et, ayant besoin de se reposer, il alla passer quelque temps à Weimar et à Iéna. À peine était-il rendu à son armée, que Horn réclama son assistance contre un ennemi supérieur. Le duc marcha donc vers le Danube, s’empara de plusieurs places qui se trouvaient sur sa route, et se réunit au maréchal, à la fin de mars, dans le voisinage d’Augsbourg. Ils battirent ensemble le comte d’Altringer, qui avait succédé à Tilly dans le commandement des troupes bavaroises ; cependant le duc de Friedland menaçant de surprendre leur arrière-garde, et l’armée suédoise commençant à se mutiner, il fallut regagner les bords du Danube. On repassa le fleuve ; mais on resta à Neubourg, les officiers déclarant qu’ils n’iraient pas plus loin jusqu’à ce que leur solde eût été payée, conformément aux promesses de Gustave. À l’assemblée des États protestants à Heilbronn (mars 1633), Oxenstiern, préoccupé de l’idée de se faire donner la direction générale de la guerre et des affaires politiques des quatre cercles unis de la haute Allemagne, avait totalement oublié l’article de la satisfaction des prétentions pécuniaires des troupes et la nomination d’un général en chef. Bernard, mécontent du chancelier, surtout depuis que celui-ci l’avait placé sous les ordres de Horn, ne fut peut-être pas étranger à la mutinerie des troupes suédoises. Le duc de Weimar se chargea de faire valoir les griefs de l’armée : il alla en toute hàte trouver le chancelier à Francfort-sur-le-Mein, et se rendit avec lui à Heidelberg. où les états protestants des quatre cercles étaient convoqués : il y rappela les promesses faites par Gustave à l’armée pour sa solde, et à lui pour l’érection du duché de Franconie, et demanda en outre le commandement en chef des troupes de l’union évangélique. Oxenstiern refusa ce dernier point ; mais il accorda l’argent