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SAX

taurer ses finances, qu’il trouva dans un état déplorable par suite de la guerre de sept ans : une sage économie lui fournit le moyen de faire face à tout, sans augmentation d’impôts ; il rejeta même toujours avec fermeté l’appât des énormes subsides que lui offrait le roi d’Angleterre, son plus proche allié, pour la levée d’un corps auxiliaire de Saxons, que ce monarque demandait lors de la guerre d’Amérique. Le duc de Gotha préféra tenir ses peuples en paix, et lorsqu’il dut fournir son contingent à la confédération germanique contre la révolution française, il n’épargna aucun sacrifice pour éloigner le fléau de la guerre de ses États. Aussi ses deux duchés ne furent ni diminués ni agrandis par l’acte de la confédération du Rhin, ni par le traité de Paris. Protecteur éclairé des sciences, il comptait au premier rang des établissements utiles créés sous son règne la fondation, dans son château de Seeberg, d’un observatoire astronomique, le plus beau et le plus utile de l’Allemagne ; dit Lalande : il lui coûta plus de deux cent mille francs, pris uniquement sur ses économies personnelles, et il ordonna par son testament que l’on consacrât à l’entretien de cet observatoire les sommes qui auraient pu être votées pour un monument consacré à sa mémoire. Lalande, qui visita Seeberg en 1798 (voy. LALANDE), parle avec le plus grand éloge du zèle que montrait pour l’astronomie la duchesse de Gotha, qui observait et calculait elle-même avec une grande précision. Cette princesse Marie de Saxe-Meiningen était née en 1751. Le duc Ernest II est mort le 20 avril 1804. Ses sujets n’avaient cessé de bénir son administration paternelle.

Z.


SAXE-GOTHA et ALTENBOURG (Émile-Léopold-Auguste, duc de), né à Gotha, le 23 novembre 1772, succéda à son père, le duc Ernest II, en 1804, et continua, en suivant l’exemple de ce prince, au milieu des guerres et des révolutions d’alors, à maintenir ses petits États dans la plus exacte neutralité. En effet, il s’abstint constamment de prendre du service dans les armées de la Prusse et de l’Autriche, comme le faisaient la plupart des princes allemands. Il se livra à la culture des lettres et composa beaucoup d’écrits remarquables par un style pur et facile, entre autres des romans dans la forme épistolaire, dont la plus grande partie est restée manuscrite. Il était dans l’usage de faire écrire sous sa dictée, et l’un assure que, pendant plusieurs heures, sans interruption, son style se soutenait toujours pur et correct, sans qu’il fût jamais obligé d’avoir recours à des ratures ou à des corrections. Ce prince vécut ainsi paisiblement jusqu’au 17 mai 1822, où il mourut à l’âge de 50 ans, sans postérité, quoiqu’il eût été marié deux fois. Son frère lui succéda. Le prince Léopold-Auguste est auteur d’un livre intitulé Kyllenion. Ce sont douze idylles écrites dans le goût de la poésie pastorale et dont chacune porte pour suscription

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le nom d’un mois grec. D’autres petites pièces de poésie sont insérées dans le même volume. Plusieurs ont été mises en musique par le duc lui-même, et ses admirateurs trouvent dans son style la même mélodie que dans ses compositions musicales. Ce prince légua en mourant ses tableaux, sa bibliothèque et ses collections d’objets d’art aux établissements publics du duché.

R―H―D.


SAXE-TESCHEN (Albert, duc de), fils de l’électeur de Saxe, roi de Pologne, Auguste II, naquit à Dresde, le 11 juillet 1738. Il épousa, en 1766, l’archiduchesse Christine, fille de l’empereur François 1er et sœur de Marie-Antoinette, reine de France, et il fut nommé, conjointement avec Christine, au gouvernement des Pays-Bas autrichiens. La révolution qui y éclata en 1789 les força de se retirer à Vienne ; mais l’autorité impériale ayant été promptement rétablie, le duc Albert revint à Bruxelles. Au mois de septembre 1792, il commanda le faible corps de troupes qui tenta le bombardement de Lille. Les révolutionnaires l’accusèrent d’avoir ravagé les campagnes et mirent sa tête à prix. Après la conquête de la Belgique par les Français, le prince fixa sa résidence en Autriche. Il ne s’occupa plus que de la culture des arts, pour lesquels il avait toujours fait paraître un goût très-éclairé. Il maniait fort habilement le crayon et le burin. C’est d’après ses dessins et sous sa direction qu’a été construit le superbe château de Laeken, près de Bruxelles. La fortune du duc de Saxe-Teschen était considérable, et il en faisait le meilleur usage. Il en a laissé la plus grande partie à l’archiduc Charles. Ce prince mourut généralement estimé en 1822, à l’âge de 84 ans. Il était veuf depuis plusieurs années. On sait que le mausolée de l’archiduchesse Christine, à Vienne, est un des premiers chefs-d’œuvre de Canova.

S-v-s.


SAXE-WEIMAR (Bernard, duc de), l’un des plus grands capitaines du 17e siècle, né à Weimar le 16 août 1600, était frère d’Ernest le Pieux, duc de Saxe-Gotha (voy. ce nom). La mort prématurée du duc Jean, son père, mit le jeune Bernard et ses sept frères sous la tutelle de l’électeur de Saxe, Christian II, et après lui sous celle de son frère Jean-George. Dorothée-Marie d’Anhalt-Dessau, leur mère, se réserva le soin de leur éducation. Les récits de la gloire de ses ancêtres et des malheurs attirés sur sa maison, par suite de l’appui qu’elle avait donné à la réforme, excitèrent dans le cœur du jeune Bernard des désirs de vengeance et d’ambition. Aussi, lorsque, après la mort de sa mère, arrivée en 1617, son frère aîné, Jean-Ernest, voulut lui faire continuer ses études en l’envoyant à Iéna, il fut impossible de l’y retenir au delà de trois mois : il se rendit à la cour du duc de Saxe-Cobourg Jean-Casimir, où les tournois et les exercices gymnastiques furent son début. Dès l’année 1621, il suivit son frère Guillaume qui