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jusqu’à la séparation de la Belgique en 1814. Alors il se retira dans ses propriétés près de Grenoble, où Napoléon, revenant de l’Île d’Elbe, lui fit offrir la préfecture de l’Isère, puis celle de la Côte-d’Or, qu’il refusa également. Ce refus lui ayant donné quelque crédit auprès du gouvernement de la restauration, il fut choisi pour président du collège électoral de l’Isère en septembre 1815, et par là désigné aux électeurs, qui le nommèrent en effet député. Dès le commencement de la session, il siégea dans la chambre au côté gauche avec l’opposition libérale ; ce qui dut le faire réélire par le même collège après l’ordonnance de dissolution du 5 septembre 1816. Alors, continuant de siéger au côté gauche devenu la majorité, il appuya dans plusieurs discours les prétentions du parti libéral, notamment le 30 janvier 1817, où il parla contre un projet de loi sur la presse, présenté par le ministre Pasquier, et qu’il signala comme la source d’interminables procès. « Je finis, dit-il, par un vœu que je crois celui de toute la France : liberté de la presse, répression des abus, jugement par jurés.... » Il attaqua plus tard avec véhémence le budget de la guerre, présenté par le duc de Feltre. Cette opposition de Savoye-Rollin n’empêcha pas le ministère équivoque de ce temps-là de le nommer encore une fois président du collège électoral de l’Isère, lorsque ce département eut à renouveler sa députation en 1819. Réélu député pour la troisième fois, ainsi que l’on devait s’y attendre, il le fut en même temps et par les mêmes électeurs que le fameux conventionnel Grégoire. Mais il ne pouvait pas essuyer comme lui l’affront d’une exclusion pour cause d’indignité (voy. GRÉGOIRE). Toutefois, depuis cette époque, il prit peu de part aux discussions où son parti ne put conserver la majorité après l’assassinat du duc de Berri. Il mourut à Paris le 31 juillet 1823, et fut inhumé en grande cérémonie au cimetière de l’Est, où le général Foy prononça son oraison funèbre. Outre ses opinions législatives, on trouve quelque chose de Savoye-Rollin dans le volume intitulé Recueil intéressant de plaidoyers dans la cause d’une femme protestante (par Jolly, Farconet et Savoye fils, avec un discours préliminaire du dernier), Genève, 1778, in-8o.

M-D j.


SAX (Christophe), en latin Saxius, érudit allemand, né le 13 janvier 1714 à Eppendorf, en Saxe, fit ses études à Meissen, et, à l’âge de vingt et un ans, se rendit à Leipsick, avec des lettres de recommandation pour F.-O. Mencke (voy. ce nom), D’après les conseils de ce savant, il prit des leçons de J.-Fr.-Chr. et J.-A. Ernesti ; et, sous la présidence du premier des deux, publia, en 1737, une thèse académique sur l’Enéide de Virgile. Ce fut en 1738 qu’il prit ses degrés à l’université de Leipsick ; et, depuis cette année jusqu’en 1746, il publia un grand nombre d’articles dans les Nova acta eruditorum et dans la

SAX

Gazette littéraire (allemande) de Leipsick. Appelé à la Haye, en 1746, par le stathouder, à qui J, de Bock en avait donné l’idée, Saxius fut nommé, en 1753, professeur d’histoire, d’antiquité et d’éloquence à l’université d’Utrecht. Il en était recteur en 1797, et quitta cette place en 1798. Il mourut dans la même ville le 3 mai 1806. Sax a donné lui-même l’indication de ses ouvrages ou opuscules, au nombre de quarante-six dans le supplément ou tome 8 de son Onomasticon, le plus connu, le plus étendu et le meilleur de ses ouvrages. Les Vindiciae secundum libertatem pro Maronis Aeneïde cui manum J. Harduinus, nuperas assertor, injecerat, 1737, in-4o, sont citées par Ernesti, dans son édition de la Bibliotheca latina de Fabricius, comme étant, avec les écrits de M. V. de Lacroze (voy. ce nom), les meilleures réfutations des paradoxes de Hardouin (voy. HARDOIN) ; mais, par une faute typographique qu’il est important de relever, Sax est, dans Ernesti, t. t, p. :387, appelé Sapius au lieu de Saxius. Sa dissertation sur Eppendorf a été citée dans l’article de ce personnage. Sax donna, en 1778, une édition avec préface des Dionysii Catonis disticha melius digesta, etc. Il n’est pas le seul auteur du Museum numarium Milano-Viscontianum, hoc est, quod vir illustris Gisbertus Franco de Milano-Visconti apparatum serravit et locupletavit, Utrecht, 1783, grand in-8o. Saxius déclare avoir fait la préface et la première partie, comprenant les anciennes médailles grecques et romaines ; le reste est de Bondam. Ce livre n’a pas été mentionné dans la Bibliotheca numaria de I.-G. Lipsius. Leipsick, 1801, 2 vol. in-8o ; et, par une omission plus inconcevable, Saxius lui-même n’en parle pas dans l’article Bondam du supplément de son Onomasticon. Cet Onomasticon parut en 1759, en 1 volume in-8o, où l’on s’attachait principalement aux auteurs grecs et latins. Le succès de ce livre engagea l’auteur à étendre son travail ; et, en 1775, parut le premier volume d’une nouvelle édition intitulée Onomasticon litterarium, sive nomenclator historico-criticus prœstantissimorum omnis aetatis, populi, artiumque formulae scriptorum, item monumentorum maxime illustrium ab orbe condito usque ad sœculi, quod vivimus, tempora digestus, et verisimilibus, quantum fievi potuit, annorum notis accommodatus. D’autres volumes parurent successivement. Le septième, orné du portrait de l’auteur, est de 1790. Un supplément (Mantissa), formant le huitième volume, parut en 1803. C’est un répertoire immense, rangé par ordre chronologique, et donnant l’indication très-précise des auteurs à consulter sur les personnages ou sujets intéressants de l’histoire littéraire. Le premier article est celui d’Adam ; le dernier est celui de M.-G. Hermann, né en 1772. Plusieurs personnages vivant alors y ont place, ainsi que l’invention des lettres, celle de l’imprimerie (qu’il porte à 1440 sans prononcer entre Coster, Guttenberg et Mentel [voy. ces noms]),