Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 38.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


152 SAV


avec eux, le 23 mai 1498, sur la même place où, cinq semaines auparavant, frère Dominique avait offert d’entrer dans le bûcher. Comme, en lisant sa sentence à Jérôme, on lui déclara qu’on le séparait de l’Église militante, il répondit que désormais il appartenait à l’Église triomphante. Frère Silvestre, en mourant, s’écria à haute vois : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. Tous trois attendirent et subirent le dernier supplice avec constance. Leurs cendres furent jetées dans l’Arno ; mais quelques reliques furent sauvées et sont conservées jusqu’à ce jour à Florence avec une grande vénération, ainsi que la cellule du frère Jérôme que l’on montre encore aux étrangers qui visitent le couvent de St-Marc. Le Triumphis crucis de Savonarola, Florence, 1492, in-fol., et ses autres écrits ascétiques ne sont plus recherchés maintenant que par ceux qui font collection des éditions du 15e siècle. Balesdens les a recueillis eu 6 volumes in-12, Leyde, 1633. La Vie de Savonarola, par J.-F. Pic de la Mirandole, insérée dans le Recueil de Bates, Londres, 1681. in-4o, et reproduite en 1674, avec de grandes additions (voy. QUETIF), le présente comme un saint. Une autre Vie anonyme, attribuée au P. Nic. Scarponio, jésuite, Genève, Florence 1[1], 1781, est une satire sanglante. Une troisième, insérée dans les Memorie istoriche di letterati Ferraresi de J.-A. Barotti, Ferrare, 1792, t. 1er, p. 68 et suiv., est écrite dans un esprit tout différent.

S. S-i.

SAVONAROLA, le P. Raphaël, savant théatin, de la même famille que le précédent, né à Padoue en 1646, prit, dans sa jeunesse, l’habit religieux et mourut le 30 octobre 1730. Il avait consacré ses loisirs à l’étude de la géographie et de l’histoire littéraire. Il a publié, sous l’anagramme d’Alphonse Lasor à Varea, une compilation géographique intitulée Universus terrarum orbis scriptorum calamo delineatus ; hoc est auctorum fere omnium qui de Europœ, Africae, Asiae et Americae populis, regnis, provinciis, urbibus, etc., quovis tempore et qualibet lingua scripserunt, uberrimus elenchus, Padoue, 1713, 2 vol. in-fol. « Malgré ce titre pompeux, dit Prosp. Marchand Dict. hist., art. Schorus, rem. E, § 11, cet ouvrage n’est qu’un abrégé du Dictionnaire de Ph. Ferrari. abrégé déjà par Baudrand, mais surchargé de tant d’inutilités et fait avec si peu de jugement que le nouveau compilateur donne un article à l’Enfer comme un des principaux lieux de la terre, avec la liste de tous les écrivains qui en ont parlé ; liste si exacte et si complète qu’on y trouve Hygin, Macrobe et Phornutus, qui n’ont traité que des enfers du paganisme ; et même Dolet, pour son Second Enfer, pièce dans laquelle il a décrit, comme on sait, son emprisonnement à Lyon » (voy. DOLET). L’ouvrage du P. Savonarola est fort rare ; mais on en trouve une analyse dans le Giornale de’ letterati d’Italia, t. 8, p. 447 et 448. Les cartes et plans en taille-douce, et les costumes gravés en bois dont il est grossi, sont en effet assez insignifiants ; mais la partie bibliographique, qui est fort étendue, eu fait le répertoire le plus riche en ce genre qui eût paru jusqu’alors ; il est moins complet, mais bien plus commode pour les recherches que celui d’Ant. de Léon (voy. PINELO), et, sous ce rapport, il peut encore être consulté utilement aujourd’hui. Savonarola annonçait, en 1698, sous le titre d’Orbis litterararius universus, une bibliographie universelle de tous les livres imprimés en toutes sortes de langues, jusqu’à l’an 1700, par ordre alphabétique des matières : mais il n’en a paru que le prospectus. reproduit inutilement en 1699 et 1714. L’auteur s’était occupé pendant vingt ans de cet immense travail ; et son manuscrit, formant plus de quarante volumes in-folio, existait encore en 1780 dans la bibliothèque des théatins de Padoue, Vezzosi. Scritt. teatini, t. 2. p. 339. Il paraît, d’après le prospectus, que cet ouvrage aurait été sur le plan des Bibliotheca classica ou realis de Draud et de Lipenius, mais poussé jusqu’à 1700 et enrichi de notes ou commentaires.

― SAVONAROLA Innocent-Raphaël, son neveu, né vers 1680, mort à Vérone le 13 janvier 1748, a publié trente ouvrages, dont le P. Vezzosi Scritt. teatini, t. 2, p. 331 indique les titres avec détail ; nous citerons :

1e Relazione della …. Vita…. Del padre D. Raffaello Savonarola, Padoue, 1739, in-12 de 167 pages ;

2e Gerarchia ecclesiastica teatina, Brescia, 1745, in-8o, dédié à Mazzuchelli ;

3e Catalogo cronologico delle edizioni del Combattimento spirituale. (voy. SCUPOLI).

W-S.


SAYOT (Louis), médecin et numismate, naquit vers 1579 à Saulieu, de parents d’une condition médiocre. Après avoir terminé premières études avec succès. il vint à Paris, où il se lit recevoir licencié dans la faculté de médecine, en 1610. Quoiqu’il n’eût pas pris le doctorat, il fut pourvu d’une charge de médecin du roi. Entraîne par son goût pour les sciences, il abandonna exercice de son art et se rendit habile dans l’architecture, la minéralogie et la numismatique. Malgré ses talents, il vécut pauvre et mourut vers 1640 dans la maison de Moreau le médecin, son ami, qui lui avait donné un asile. C’était, dit Blondel, un homme respectable par sa vertu,

  1. (1) Savonarola a été depuis quelque année l’objet d’études sérieuses ; nous indiquerons un mémoire de l’abbé Hacquard dans le Recueil des mémoires de l’académie des sciences morales, politiques et arts de Seine-et-Oise, t. 1er, Versailles, 1847 ; l’Histoire de Savonarole, par P.-J. Carle, docteur en théologie, 1842, in-8o ; l’ouvrage allemand de F.-K. Meier (Berlin, 1836), indiqué comme le résultat de l’examen de pièces inédites : Savonarola, sa vie et ses écrits, par M. Porrens, 1853, 2 vol. in-8o ; ce dernier ouvrage a fourni à la Quaterly Review (juillet 1854), l’occasion d’un long article. On trouve dans le catalogue de la bibliothèque du comte Boutourla, Florence, 1840, in-8o, une longue énumération d’opuscules écrits par Savonarola ; M. Audin de Rians a fait paraître à Florence, en 1847, ses Poésies, en y joignant une réimpression du Traité du gouvernement de Florence et une Bibliografia de tractati politici e scientifici dello stesso autore. B-N-T.