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les diplomates observent toujours entre eus. An printemps de 18 !3, les Français, avançant sans obstacles, étaient aux portes de Madride San-Miguet, jugeant son rôle de ministre terminé, voulut servir encore de son épée la cause il laquelle il était dévoué ; il se rendit en Catalogne, où le célèbre Mina (voy. ce nom) tenait encore la campagne ; et il fut chef de l’état-major de l’habile gwillero. Cette lutte dura peu : et Sandtiguel, toujours le premier au feu, fut blessé et fait prisonnier. Ferdinand l’eùt volontiers envoyé au supplice : mais les autorités françaises, respectant le malheur d’un captif digne de sympathie, le relâchèrent, en lui imposant la condition de quitter l’Espagne, condition dictée d’ailleurs par les circonstances les plus impérieuses. San-Iiguel se retira en Angleterre. et il y vécut dans la retraite jusqu’:} l’amnistie générale que proclame, en l8ila, la régente, veuve de Ferdinand. Il s’empressa alors de revenir dans son pays natal ; et il y fut accueilli avec empressement. d’ancien parti libéral avait repris l’asc«-ndant. et l’un de ses pllps fermes représentants devait être porté ans nneurs. Il fut nommé capitaine général de l’Aragon et député aux’cortés. Ne s’attachant à aucun des partis qui se querellaient avec acharnement, il suivit pour ligne de conduite la fidélité aux doctrines de liberté et à la reine constitutionnelle. Sa popularité resta intacte et l’aida à traverser des crises multipliées. Le régent Espartero, Narvaez et le comte de San-Luis l’eurent successivement pour adversaire ; il était hostile à leur système de despotisme et de répression. Lors des troubles qui eurent lieu dans l’été de l85t, et lorsque la monarchie espagnole parut un moment chancelante, San-Iiguel, investi de la conlîance de la reine, nommé gouverneur de Madrid et ministre de la guerre, montra, malgré son grand âge, beaucoup de fermeté et d’activité ; et, opposant O’Donnc|l à Espartero, il assura le triomphe de ce qu’on appelait alors l’union libérale. De hautes dignités furent sa récompense. H fut pendant quelque temps président des cortès et devint le commandant des hallebardiers ou gardes de la personne royale, remplissant ainsi une des plus hautes charges de la cour. Entré au sénat en 1857. et revêtu du titre de duc, il nrit plusieurs fois la parole, appuyant habituel ment le ministère O’Donnell ; et il était toujours écouté avec le respect du a l’un des plus fermes et des premiers défenseurs du système constitutionnel. Il s’éteignit le 29 mai 186 !. De somptueuses funérailles honorèrent sa mémoire. San-Iignel avait employé les moments de loisir que lui laissèrent quelques-unes des vicissitudes de sa carrière agitée à retracer les événements dont il avait été le témoin ou les règles de la tactique. Ona de lui divers ouvrages écrits en espagnol : la Belation de l’expéfilsbn Je Iliego en Andalousie. Paris, lb !], in-8° ; — Consüérarsbu sur la guerre ri••l• •• Elpque. Paris, 1836, in-8° ; ce sont des

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traductions de livres publiés à Madrid ;... is Eleincatorde l’art• de la guerre, Londres, l83tl, n’ont point passé dans notre langue ; nous laissons de côté quelques brochures destinées expliquer des circonstances de la conduite de l’aut : eur, ou inspirées par la polémique du mo men. Z.

SANNAZAR (Jacques), Poëte célèbre, naquit à Naples, le 18 juillet 1458. Sa famille, originaire d’Espagne, s’était établie à San-Nazaro, château situé entre le Pô et le Tessin, non loin de Pavie. Un de ses chefs avait suivi Charles III de Duras à la conquête du royaume de Naples et il avait obtenu de ce prince des concessions et des privilèges que ses héritiers ne gardèrent pas longtemps. Jeanne II, en montant sur le trône, n’épargna pas les favoris de ses prédécesseurs, et les San-Nazaro n’avaient plus qu’un beau nom et un patrimoine borné, lorsque Jacques vint au monde. Il commença ses études sous Giuniano Maggio, célèbre instituteur napolitain ; mais bientôt l’amour s’empara de son cœur à un âge inaccoutumé. A huit ans, il aima une noble damoiselle dont le nom n’est pas bien connu, quoiqu’il en soit souvent fait mention dans ses vers (1)[1]. Obligé de s’éloigner de la capitale pour suivre sa mère en province, le jeune Sannazar éprouva de bonne heure les chagrins de l’absence. Pendant tout le temps qu’il vécut dans le petit village de Santo-Mango, d’où sa mère tirait son nom et son origine (2) [2], il ne fit que regretter son amie et son maître. C’est au milieu de ces montagnes, à l’ombre des forêts, dans le silence de la nature, que son imagination se développait, en rêvant au bonheur et aux occupations des bergers. Le besoin d’élever ses enfants ramena la mère de Sannazar à Naples, où elle le replaça sous la direction de son ancien précepteur, qui lui apprit en peu de temps le latin et le grec. La passion du jeune élève hâta ses progrès. Maggio parla de lui comme d’un prodige à

  1. (1) Crispo, Volpi et tous ceux qui les ont copiés ont donné à cette demoiselle le nom de Carmosina Bonifacio, Mgr Coanangela combat cette assertion en invoquant le témoignage de Fabrice de Luna, qui dans un dictionnaire imprimé à Naples, en 1636, dit positivement que la personne aimée par Sannazar était une fille de Pontanus. Malgré cette autorité, nous douterons encore de la déconcerte. Il nous parait en effet peu probable que celui qui jouait tous les jours et même a chaque heure (Voyez la 7e prose de l’Arcadia) avec la fille, fût resté inaperçu au père ; car Sannazar ne fut présenté à Pontanus, que peu avant d’entrer dans son académie.
  2. (2) La mère de Sannazar s’appelait Masella Santo-Mango et descendait d’une noble famille salernitaise. Devenue veuve, elle quitta Naples et se retira dans une terre appartenant à ses parents, et qui en portait le nom. Sannazar en parle dans une de ses élégies, où il dit :

    At mihi pagana dictant silvestria Musa
    Carmina !

    ce qui a fait croire à quelques-uns qu’il avait habité la ville de Nocera de Pagena. Mais il aurait été facile d’échapper à cette erreur en consultant une autre élégie (la 2e du 2e livre) où Sannazar a consigné les souvenirs de son enfance. La description qu’il y fait de sa retraite ne laisse aucun doute sur celle que nous lui avons assignée. La terre de Santo-Mango est près de San Cipriano, dans le comté de Gifuni, à environ quatre lieues de Salerne ; les montagnes et les forêts y portent les mêmes noms que ceux qui lui sont donnés par Sannazar.