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grande aventure scandaleuse, il commence à être presque oublié ; et l’on s’est peu occupé de faire des recherches sur son compte. Il paraît assez probable que ce qui fit la fortune de St-Germain et ce qui lui procura des ressources pécuniaires assez considérables pour en imposer au vulgaire, c’est qu’il fut employé comme espion par différents ministres. En effet, Voltaire le représente comme initié aux secrets des Choiseul, des Kaunitz, des Pitt. « C’est, dit-il, un homme qui ne meurt point et qui sait tout[1]. » Cet imposteur, après avoir résidé pendant quelques années à Hambourg, passa le reste de sa vie auprès du prince de Hesse-Cassel. Il mourut dans l’obscurité, à Sleswig, en l’année 1784. Un fécond polygraphe, M. Œttinger, a fait paraître en allemand, sous le titre de le Comte de St-Germain, un roman historique qui a vu le jour à Leipsick, en 1844.

D—r-r.


SAINT-GERMAIN (l’abbé de). Voyez Morgues.


SAINT-GERY (Joseph de), né en 1590 au château de Magnas dans l’Armagnac, appartenait à une ancienne et illustre famille du Languedoc. À l’exemple de ses ancêtres, il entra dans la carrière des armes et accompagna le duc Henri de Candale (voy. ce nom), qui avait pris du service sur la flotte du grand-duc de Toscane, destinée à combattre les Ottomans. En 1637, le duc d’Epernon, père de Candale et gouverneur de Guyenne, donna le commandement du régiment de ce nom à St-Gery, dont il était parent, le nomma son lieutenant pour le gouvernement de Lectoure et le chargea de plusieurs missions pendant les troubles de sa province. Mais la disgrâce de d’Epernon devint nuisible à St-Gery, qui, après la mort du duc, en 1642, fut obligé de quitter le service. Il se retira dans son château de Magnas, où il consacra ses loisirs a l’étude des sciences naturelles, spécialement à celle de la physique, et il a décrit le charme qu’il y trouvait dans une longue pièce de vers français intitulée Ma félicité, Paris, 1662, in-4°. L’année suivante, Louis XIV l’appela à son conseil d’État, à son conseil privé, à celui des finances, etc., et

St-Gery rentra ainsi dans les affaires. Il mourut en 1676, à l’âge de 84 ans. On a encore de lui : 1° L’Iris, dédié au roi. Paris, 1662, in-L° ; 2° Disquisitiones physicæ de motu cordis et cerebri, Paris, 1663, in-P ; 3° Disquisitio physica de finibus et corporis et spíritus, Paris, 1663, in-4°. Ces différents écrits, dans lesquels la science est alliée à la religion, ont été réunis sous ce titre : les Essais de messire Joseph de St-Gery, seigneur de Magnas, Paris, 1663, in-4°.

P-rt.


SAINT-GILLES (Jean de), savant anglais, connu aussi sous les noms de Jean de St-Alban ou de Joannes Anglicus, naquit vers l’an 1168. Il étudía et enseigna les arts libéraux à Oxford, puis à Paris, avec un grand concours d’écoliers. Il alla ensuite à Montpellier, étudia la médecine et la professa depuis avec tant d’éclat qu’il devint, en 1198, premier médecin de Philippe-Auguste. Ce prince l’ayant fait doyen de St-Quentin, il embrassa peu après l’état ecclésiastique, prit le degré de docteur dans la faculté de théologie, enseigna publiquement cette science et se livra même avec succès à la prédication. L’estime qu’il conçut pour les frères prêcheurs, établis depuis peu à Paris, le porta à leur donner, en 1218, l’hôpital St-Jacques, où il logeait et qui a été depuis la maison de ces religieux : ce qui leur fit attribuer généralement le nom de jacobins. Son affection pour leur ordre continuant d’augmenter, il en prit l’habit en 1222. Son mérite et son crédit contribuèrent beaucoup à faire obtenir à ces religieux deux écoles dans l’université de Paris : l’une de philosophie et l’autre de théologie ; et il leur facilita les moyens de s’introduire en Angleterre, où il alla finir ses jours. Matthieu Paris dit qu’il vivait encore en 1253. St-Gilles a laissé des ouvrages sur la philosophie péripatéticienne et sur la théologie, mais sur la médecine on ne lui attribue qu’un traité De formatione corporis et des Prognosticœ et practice médicinales.

C. T-y.


SAINT-GILLES (le chevalier Lenfant de), poëte français, né en 1680, fut d’abord sous-brigadier de la première compagnie des mousquetaires du roi. Il se trouva, en 1706, à la funeste bataille de Ramillies. après laquelle il abandonna la profession des armes, et, au grand étonnement de ses amis, se retira dans un couvent de capucins, où il termina sa carrière en 1736. Avant son entrée dans le cloître, il avait composé différentes pièces de poésie où l’on trouve de l’esprit et de la gaieté, mais aussi beaucoup de négligence et peu de goût. On a de lui : l’origine des oiseaux, poème ; — la Feinte heureuse, pastorale en quatre scènes ; — la Fièvre de Palmerin, pastorale en un acte ; — Gilotin, précepteur des Muses, comédie en un acte et en vers ; — des vaudevilles et autres poésies légères ; des contes et des chansons, dont les sujets son souvent obscènes, et c’était même dans les productions de ce genre que l’auteur réussissait le mieux. La plupart des poésies du chevalier de St-Gilles ont été réunies sous le titre de la Muse mousquetaire, Paris, 1709, in-12. — Saint-Gilles, frère ainé du précédent, était lieutenant de cavalerie dans le régiment de Bissy et mourut en 1745, à l’âge de 86 ans, écrasé sous les roues d’un carrosse. Il cultivait aussi la poésie et fit représenter, le 30 octobre 1699, une tragédie intitulée Ariamrathe, qui n’eut pas de succès et qui n’a pas été imprimée. Saint-Gilles (mademoiselle de) a publié : Histoire de madame d’orvigny, conte moral, 1765, in-16. — Saint-Gilles (Auguste-Gilles, dit de), membre de diverses sociétés lyriques, est auteur d’un grand nombre de chansons qui lui tirent de la réputation dans ce genre de poésie. Sous le

  1. Lettre au roi de Prusse, du 16 avril 1758.