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estimables. Ami loyal et sincère, il était généreux et désintéressé. On a de lui : 1° Théâtre, imprimé séparément, in-12. Outre les pièces qu’on a déjà citées, il contient Deucalion ; l’Île sauvage ; Julie ou l’heureuse épreuve ; Egérie ; le Double déguisement ; Zéloïde, tragédie en un acte et en prose ; Arlequin au sérail ; le Rival supposé ; la Colonie ; la Cabale ; Alceste ; les Veuves turques ; les Parfaits amants [1] ; les Hommes[2] ; le Derviche et le Financier.Lettres de Nedim Coggia, secrétaire de l’ambassade de Méhémet-Effendi à la cour de France, Amsterdam, 1733, in-12 ; réimprimées sous le titre de Lettres turques, 1750, in-12 ; 3° Essais historiques sur Paris, 1754, 5 parties, in-12, 4° édition, 1766 ; traduit en danois. L’auteur de la Géographie parisienne, 1754, in-12, ayant copié plusieurs articles des Essais sans nommer St-Foix, celui-ci dénonça ce plagiat par une lettre insérée dans les journaux et qu’on retrouve dans le recueil de ses œuvres. Le chevalier Ducoudray a donné de Nouveaux essais sur Paris en 1781, 2 vol. in-12. Cette suite n’est point estimée. M. Auguste de St-Foix, neveu du premier auteur, a publié d’autres Nouveaux essais sur Paris, 1805, 2 vol. in-8° et in-12. 4° Histoire de l’ordre du St-Esprit, 1667 et années suivantes, 3 parties in-12, 2e édit., 1774, 2 vol. in-18. St-Foix s’attache moins que ses prédécesseurs aux généalogies ; mais il fait mieux connaître les services des chevaliers. Il explique plusieurs statuts et relève en passant les erreurs où nos historiens étaient tombés à cet égard. 5° Lettre au sujet de l’homme au masque de fer, 1768, in-12. Il prétend que c’est le duc de Monmouth (voy. Masque ne fer). Les œuvres de St-Foix ont été recueillies, Paris, 1778, 6 vol. in-8°, précédés de l’éloge historique de l’auteur. On peut encore consulter sur cet écrivain le Nécrologe des hommes célèbres de France, t. 12, p. 213-240 ; l’Éloge de St-Foix, par le chevalier Ducoudray (Paris, 1777), suivi d’un recueil de ses maximes et de ses (prétendus) bons mots, et enfin la notice de Fiévée sur cet écrivain, à la tête de l’oracle, dans le 16° volume du Répertoire du Théâtre-Français. Son portrait a été gravé plusieurs fois.


SAINT-GELAIS (Octavien de), poëte français. né à Cognac, vers 1466, d’une famille qui prétendait descendre de l’ancienne maison de Lusignan, en Poitou, fit ses études à Paris, embrassa l’état ecclésiastique, se livra néanmoins à la poésie, à la galanterie, et épuisa de bonne heure sa santé par des plaisirs immodérés. Sa naissance et ses talents l’introduisirent à la cour de Charles VIII. Ce prince le goûta et le fit nommer, en 1494, à l’évêché d’Angoulême par le pape Alexandre VI, à qui le chapitre avait remis son droit de nomination. St-Gelais renonça dès lors aux frivolités de la jeunesse ; et deux ans après, il alla remplir les fonctions épiscopales, avec édification, dans son diocèse, où il mourut en 1502. Il avait passé pour un des plus grands poëtes de son temps : c’était au moins un des plus féconds. Outre plusieurs traductions en vers de l’Enéide de Virgile, Paris, 1509, in-fol., des vingt et une Epistres d’Ovide, ibid., in-4°, etc., on a de lui : 1° La Chasse d’amours, imprimée en 1509, in-fol., avec le Départ d’amours (voy. Auriol). C’est le recueil des pièces qu’il avait faites dans sa jeunesse.

2° Le Séjour d’honneur, Paris, 1519, in-4°, gothique, et 1526, in-4°. Le but de l’auteur, dans cette allégorie mêlée de prose et de vers, est d’instruire les jeunes gens des pièges auxquels ils sont exposés [3]. 3° Le Trésor de la noblesse, Paris, in-4°, volume sans date, mais sorti des presses d’Antoine Verard (voy. André de la Vigne et Gringoire). — Jean de Saint-Gelais, son frère, est auteur d’une Histoire de France, depuis 1270 jusqu’en 1510, publiée par Théodore Godefroy, Paris, 1622, in-4°. Elle est écrite d’une manière exacte, libre et sincère.


SAINT-GELAIS (Mellin de), le poëte français qui s’est le plus approché de Marot dans l’épigramme, naquit en 1491 à Angoulême. Suivant la plupart des biographes, il était fils naturel d’Octavien, dont l’article précède ; mais Symphorien Champier, dans l’épître dédicatoire de la Vie du chevalier Bayard, adressée à St-Gelais, lui parle des épitres d’Ovide translatées par feu son oncle. À l’âge de vingt ans, et après d’excellentes études, il se rendit à Padoue pour y apprendre le droit ; mais rebuté d’une science qui ne lui présentait que des contradictions, il revint il la poésie et fit ses délices de la lecture de Boccace et de l’Arioste. De retour en France, il embrassa l’état ecclésiastique et fut pourvu par François Ier de l’abbaye de Reclus, diocèse de Troyes. Ce prince le nomma bientôt aumônier du Dauphin. St-Gelais, poëte et musicien, devint l’âme des fêtes qui se succédaient dans une cour galante et spirituelle. La faveur du roi lui promettait l’avenir le plus brillant ; mais, d’un caractère insouciant et léger, il dédaigna la fortune et passait sa vie au milieu d’un cercle d’amis qui partageaient son goût pour les plaisirs et pour

  1. St-Foix composa cette comédie, dans le genre des imbroglios italiens, sur des décorations singulières, faites pour une pièce qui n’avait pu être représentée. C’est ainsi que Duclos fit le roman d’Acajou, sur des estampes dont personne ne devinait le sujet. (voy. Duclos).
  2. Il se félicitait beaucoup de l’idée de cette pièce qu’il avait imaginée pour amener des danses plus naturellement ; mais les plaisants ne la désignaient que sous le nom de Manche à ballets.
  3. On trouve une analyse étendue de cet ouvrage dans la Bibliothèque poétique de M. Viollet Leduc, t. Ier, p. 109 à 128. En parlant des écrits d’Octavien de St-Gelais, on ne saurait oublier le Vergier d’honneur, nouvellement imprimé à Paris. De l’entreprise et voyage de Naples est un recueil fort curieux de pièces presque toutes en vers ; la partie qui relate les faits de Charles VII depuis son départ de Rome jusqu’à son arrivée en France, a été insérée dans les Archives curieuses de l’Histoire de France, t. 1er p. 321-436. Le nom de St-Gelais figure sur la liste à côté de celui d’Audry de la Vigne, mais il n’y a dans tout le volume qu’une seule pièce due à l’évêque d’Angoulême ; c’est une complainte d’environ huit cents vers sur ln mort de Charles VIII. On connaît cinq éditions diverses, toutes rares et précieuses, publiées vers la fin du 16e siècle ; elles sont décrites au Manuel des libraires. .