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le second volume de ce recueil et qui est extrait de la collection d’oxford, porte son nom ; il l’écrivit à l’occasion de la mort de la reine Maria, 1693. En 1696, Sacheverell prit le degré de maître ès arts. Il devint bachelier en 1707 et fut nommé, l’année suivante, docteur en théologie. Le premier bénéfice qu’il occupa fut celui de Cannock ou Cank, dans le comté de Stralïord. En 1705. il fut nommé recteur de S :-Srwiuur, à Soutbwark. Il en remplissait les fonctions lorsqu’il prèoha les sermons qui ont rendu son nom historique, non pas tant à cause du talent qu’il y développa que par les opinions hardies qu’il osa émettre et les résultats politiques qu’ils produisirent. C28 sermons furent prononcés devant

lesjuges des assises de Derby. le 14 août 1709, et dans l’église de St-Paul de Londres, le 9 novembre de la même année. Sacheverell y déiendit la doctrine de l’obéissance passive (nonresíuaaccl ; prétendant qu’accuser a révolution

d’avoir enseigné la désobéissance était une calomnie aussi noire qu’odiuuse ; que le feu roi (Guillaume) l’avait justifié par sa déclaration, en se justifiant lui-même de tout projet de conquête. Il s’éleva contre la tolérance et les dissidents (aan-eegjomnisterl et déclara que l’Église était dangereusement attaquée par ses ennemis et faiblement soutenue par ses prétendus amis. Il sonnait la trompette et exhortait le peuple à revêtir farmuro de Dieu pour la défense de l’Église. Ces sermons. dans lesquels Sacheverell tournait en ridicule Bnrnet et d’autres prélats, et surtout le lord trésorier (üudolphinj, désigné sous le nom de Volpoae (1), furent exaltés par le parti de l’opposition. On les imprima au nombre de plus de

quarante mille exemplaires, et ils circulèrent dans tout le royaume. Les whigs, pour se venger de Sacheverell, qu’ils appelaient un persécuteur papiste, un ennemi de la révolution et un partisan du prétendant. mirent tout en œuvre pour châtier dans sa personne tout son parti. Le 13 décembre, M. Dolben, fils du dernier archevêque de Canterbury, dénonça les sermons de Sacheverell à la chambre des communes. Après une vive discussion, la chambre le fit arrêter et traduire devant la chambre des pairs. À cette nouvelle, le haut clergé se livra au plus violent ressentiment : toutes les chaires retentirent des louanges de Sacheverell. Les émissaires des deux partis attisaient le ieu : les alarmes augmentaient tous les jours ; les affaires publiques et les intérêts particuliers étaient également négligés, comme si le sort de la nation entière eût dépendu de l’issne de ce fameux procès. Ce fut dans ces circonstances que la chambre des communes ill C’cat le titre et le principal caractère d’une pièce de Ben-Jobnaon. Ce mnt aig« lflo un vieux renard, un fin matols. Dana la discussion extrêmement sire qui eut lieu ù la chambre haute, un pair ecclésiastique ayant dit que l’allusion était évidente, que tout le monde reconnaissait un de leurs noblescollègnes, un grand nombre de jennu pairs récrièrent : u Hummel lc. nomme :-le. n l’orateur eût aatlatait. A leur demande si la lord chancelier lui SAC 195

demanda de l’avancement pour M. Benjamin Hoadly, recteur de St-Pierre le Pauvre, qui avait professé publiquement des principes entièrement opposés à ceux de Sacheverell ; mais la reine n’eut aucun égard à cette recommandation. Dovant la chambre des pairs, Sacheverell demanda en vain d’être mis en liberté sous caution. Les communes se firent, par leur sévérité excessive à son égard, beaucoup de tort auprès des gens modérés. La chambre haute lui accorda peu après la faveur que les communes lui avaient déniée, et il lit paraître sa défense. Son procès dura trois semaines ; les plus grands personnages et la reine elle-même furent présents aux débats. Sir Simon Harcourt et M. Philips, assistés par les docteurs Atlerbury, Smallridge et Friend, prirent la défense de Sacheverell. Une multitude immense l’attendait chaque jour, lorsqu’il se rendait a Westminster-Hall ou qu’il en sortait ; chacun s’efforçait de lui baiser les mains et priait pour la délivrance d’un homme qu’on regardait comme un martyr. Lorsqu’il passait dans sa voiture ur se rendre au Temple où il logeait, on était l[h(i*cé de se découvrir, et plusieurs membres du parlement iurent maltraités et insullés à cette occasion. La populace se porta aux excès les plus violents : elle démolit plusieurs maisons, pilla celles de quelques-uns des non-conformistes les plus distingués et menaça de détruire les habitations du lord chancelier, du comte de Wharton, de l’évêque de Salisbury, et d’attaquer même la Banque. On fut obligé de mettre sur pied beaucoup de troupes pour arrêter les désordres qui ne faisaient que s’accroître de jour en jour. Après que les conseils eurent parlé, Sacheverell prononça un discours dans lequel il justifie ses intentions à l’égard de la reine et de son gouvernement. Il a’exprima en termes respectueux sur la révolution et la succession protestante ; mais il continua de défendre le principe de l’obéissance passive, comme une maxime de l’Église dans laquelle il avait été élevé, et s’efforça par des expressions pathétiques d’exciter l’intérêt de ses auditeurs. À peine eut-il fini que les chapelains de la reine l’entourèrent, Pencouragêrent et le comblèrent d’éloges comme le champion de l’Église. Après une longue discussion et les altercations les plus violentes, la chambre haute le déclara coupable à la majorité de dix-sept voix, tandis que trente-quatre pairs protestèrent contre cette décision. Il lui fut défendu de prêcher pendant trois ans et ses deux sermons furent brûlés par la main du bourreau, en présence du lord maire et des deux sheriis de Londres et de Middlesex. Ce fut à la crainte des excès auxquels le peuple aurait pu se porter qu’on dut en grande partie la douceur de cette sentence, que les amis de Sacheverell considérèrent comme une victoire remportée sur le parti des whigs, et qu’ils célébrèrent par des feux de joie et des illuminations. même ne vy ruwppue. ` | La manière avec laquelle Sacheverell fut ac-