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missaire extraordinaire de l’empereur, reçut du ministre de la police Savary l’ordre de le faire arrêter, et il était près d’exécuter cet ordre lorsque le rétablissement de la royauté des Bourbons sauva le marquis de Rivière de cette nouvelle infortune. Appelé auprès de Monsieur dès l’arrivée de ce prince à Paris, il fut fait maréchal de camp, puis commandeur de St -Louis et ambassadeur de France à Constantinople. Il se rendait à cette destination dans le mois de mars 1815, quand il apprit l’invasion de Napoléon, de retour de l’lle d’Elbe. Alors s’étant placé sous les ordres du duc d’Angoulême, qui avait entrepris de combattre Napoléon, il fit tous ses efforts pour déterminer contre lui une insurrection dans le midi de la France. On sait que cette tentative désespérée n’ent point de succès, et que ce prince fut obligé de s’embarquer pour l’Espagne. Le marquis de Rivière l’y suivit, et il ne revint en France que dans les premiers jours de juillet. Il aborda au port de Marseille, où les habitants, par un mouvement spontané, avaient dès le 25 juin, à la nouvelle de la bataille de Waterloo, proclamé Louis XVIII et arboré le drapeau blanc. Le marquis de Rivière fit ensuite reconnaître l’autorité royale à Toulon, où il empêcha d’entrer les Anglais et les Autrichiens, qui, selon les ordres de leurs gouvernements, voulaient en prendre possession, et n’y renoncèrent que sur la parole du marquis de Rivière et le consentement de Brune de s’en éloigner. La catastrophe qui termina ensuite la vie de ce maréchal (voy. BRUNE) a servi de prétexte aux ennemis de la restauration pour accuser le marquis de Rivière de lui avoir tendu un piège, ce dont il était complétement incapable. Quel que fût son dévouement à la monarchie des Bourbons, et surtout à la personne du comte d’Artois, il n’eût jamais fait à ce noble sentiment un sacrifice qui eût été au contraire à l’honneur et à la plus exacte probité. Lorsqu’il eut rempli sa mission dans le midi avec autant de prudence que de dévouement, le marquis de Rivière revint dans la capitale, où il fut accueilli de la manière la plus flatteuse par le roi Louis XVIII, et surtout par son protecteur, son ami, Monsieur, comte d’Artois. Créé pair de France par ordonnance du 17 août 1815, il fut en même temps confirmé dans le grade de lieutenant général que lui avait donné le duc d’Angoulême le 30 mars précédent, et on le chargea presque aussitôt, en cette qualité, du commandement de l’île de Corse, où s’étaient manifestés quelques symptômes d’insurrection. Par son esprit de sagesse et de conciliation, il était, plus qu’un autre, propre à rétablir le calme et à rapprocher les partis ans un pays où les passions s’exaltent avec tant de violence. Il ne lui fallut que quelques mois pour soumettre complétement cette île à la restauration et y réconcilier les partis. Dès le mois de mai 1816, il en remit le commandement au général Willot et s’embarqua pour Constan-

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tinople, où sa nomination d’ambassadeur l’appelait depuis l’année précédente. Il arriva le 4 juin dans le port de cette ville, et le 16 juillet il eut sa première audience du sultan Mahmoud, à qui il remit des présents d’un très-haut prix. Du reste, sa mission dans ce pays n’eut rien de remarquable pendant quatre ans qu’il eut à la remplir. Rappelé en France vers la fin de 1820, il y fut nommé, dès son arrivée, capitaine des gardes de Monsieur, emploi qui fut changé, à l’avènement au trône de ce prince, en celui de capitaine des gardes du corps du roi. Il était grand’croix de St-Louis depuis le 3 mai 1816. Charles X ne pouvait plus lui accorder d’autre titre que celui de duc ; il le lui donna en 1827, de la manière la plus gracieuse et le fit en même temps gouverneur du duc de Bordeaux. Mais le duc de Rivière ne devait pas jouir longtemps de ces faveurs. Tant de vicissitudes, de persécutions et d’emprisonnements avaient gravement altéré sa santé. Dès le mois de février 1828, il ressentit de cruels maux d’estomac qui, malgré tous les secours de l’art, ne firent qu’augmenter jusqu’au 21 avril, où il mourut, après avoir rempli de la manière la plus édifiante ses devoirs de religion. — Le chevalier de RIVIÈRE, ancien garde du corps qui suivit les princes français dans l’exil et revint avec eux en 1814, n’était pas de la même famille. Né en 1748 dans le Vivarais, il était entré dans les gardes du corps sous Louis XVI. Ayant émigré en 1791, il avait fait la campagne de 1792 avec les frères de ce prince, et celles de 1793, 1794 et 1795 dans l’armée de Condé. Il avait ensuite accompagné Louis XVIII, comme son écuyer, en Russie, puis en Pologne et en Angleterre, où il avait administré la maison du roi à Hartwell, avant que cet emploi fut confié au comte de Blacas. Revenu en France en 1814, le roi, a-t-on dit,

« n’eut rien à lui accorder, parce qu’il ne demanda rien. »

Il le suivit cependant l’année suivante à Gand, revint encore avec lui trois mois après, et resta avec son titre d’éeuyer honoraire jusqu’à sa mort, arrivée en janvier 1829.

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RIVINUS (ANDRÉ BACHAM, nom qu’il traduisit en latin par celui de) était savant médecin et philologue, né en 1600 à Halle, en Saxe, d’une famille patricienne. Son père, chargé d’enfants et n’ayant qu’une fortune médiocre à leur laisser, le força de bonne heure d’entrer dans une maison de commerce ; mais une maladie contagieuse, qui fit de grands ravages en Saxe, enleva, dans l’espace de quelques semaines, ses frères et ses sœurs, et Rivinus obtint la permission de reprendre ses études. Après avoir continué ses humanités avec succès, il se décida pour la profession de médecin et termina ses cours à l’université d’Iéna. Le désir d’acquérir de nouvelles connaissances lui fit entreprendre différents voyages. Il visita l’Angleterre, les Pays-Bas et la France, pour entendre les professeurs et les praticiens les plus éclairés. À son retour en Saxe, il

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