Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 36.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rugendas et Rubens ont peut-être rendu avec plus de vigueur et de grandeur le premier le cheval et le second la beauté idéale du lion ; Riedinger les a surpassés l’un et l’autre, ainsi que tous ses autres rivaux passés et contemporains, par la puissance et la force avec lesquelles il a su représenter toutes les espèces d’animaux. Sous le rapport de l’exécution, ses tableaux sont frappants d’effet ; et la chaleur avec laquelle ils sont peints ne l’empêche pas d’en étudier et d’en finir toutes les parties avec le plus grand soin. Il ne s’est pas moins distingué comme graveur. Les nombreuses suites d’animaux qu’il a gravées, et dont le recueil forme une collection très-volumineuse, l’empêchèrent d’exécuter un plus grand nombre de tableaux qui auraient accru sa réputation. On peut regarder ses estampes comme une histoire naturelle des animaux sauvages. Les ours, les tigres sont dessinés avec l’exactitude d’un naturaliste. Il met sous nos yeux leurs habitudes, leurs passions, leur caractère. Ses paysages ont toute la solitude et, si l’on peut s’exprimer ainsi, tout le sauvage qui convient aux êtres qu’il met en scène. Le seul reproche qu’on puisse lui faire, c’est de sentir un peu trop l’étude et de dessiner un peu lourdement les figures d’hommes et de chevaux. Un grand nombre de pièces de Riedinger sont historiques et dessinées d’après nature ; elles offrent des animaux pris dans différentes espèces de chasse. Au bas de l’estampe se trouve ordinairement une description, en allemand et en français, de la chasse dont il est question. Parmi la nombreuse collection de ses estampes, il y a un choix à faire. On peut en voir, dans le Manuel de l’amateur d’Huber et Rost, les pièces les plus remarquables, au nombre de quatre-vingt-quatre ; et, dans le Manuel du libraire, le titre de ses principales collections, au nombre de dix-sept. On y distingue, entre autres publications, l’Art de monter à cheval, Augsbourg, 1722, in-fol., recueil fort bien exécuté, contenant 22 planches et un frontispice, et la Description du cheval, ouvrage estimé pour l’exactitude des dessins et renfermant 50 gravures coloriées. Riedinger mourut à Augsbourg en 1767. Il eut deux fils, nommés Martin-Élie et Jean-Jacques, qui ont aussi gravé l’un au burin, l’autre en manière noire. Le premier manifesta un rare talent dans la manière de représenter les insectes.


RIEGGER (Paul-Joseph de), professeur de droit canon dans l’université de Vienne en Autriche, a publié Institutiones jurisprudentiæ ecclesíasticæ, 1re partie, 17711., in-8°. On trouve dans cet ouvrage les principes du droit canon expliqués avec autant de clarté et de précision que d’exactitude, d’après les maximes de l’antiquité. L’impératrice Marie-Thérèse ordonna qu’il fût déclaré classique dans l’université de Vienne. La seconde partie parut en 1775. La mort de l’auteur, arrivée cette année-là, empêcha de continuer la publication des autres parties. Ce n’est, au reste, que l’abrégé d’un plus grand ouvrage du même genre que Riegger avait donné au public depuis longtemps, en 5 gros volumes in-8°. Le baron de Martini, professeur de droit naturel dans la même université, fut chargé de continuer cet abrégé et d’en donner une nouvelle édition, ce qu’il fit en 1779 ; mais cette édition fut supprimée par autorité, pour laisser subsister les Éléments de Riegger tels qu’il les avait composés. Les ouvrages de celui-ci lui avaient suscité des tracasseries de la part du cardinal Migozzi et du nonce Garampi.


RIEGGER (Joseph-Antoine-Etienne, chevalier de), fils d’un habile jurisconsulte, suivit, sous la direction de son père, la même carrière et s’appliqua, en outre, à la littérature. En 1764, il fut appelé à la chaire de droit ecclésiastique, au collége Thérésien à Vienne. L’année suivante, il enseigna les institutions de droit civil, à Fribourg en Brisgau ; puis il obtint la chaire de droit canon.

Le gouvernement autrichien l’envoya, en 1778, à Prague, pour y vaquer à l’emploi de conseiller et de professeur de droit public. Lorsque l’empereur Joseph lt commença ses réformes, Riegger fut nommé inspecteur des études et rapporteur de la censure. On assure que, dans ce dernier emploi, il se montra fort tolérant et qu’il favorisa l’entrée de plusieurs livres prohibés. Il seconda d’ailleurs avec zèle les vues réformatrices de l’empereur et contribua beaucoup au changement du système des études. Cependant il quitta sa place, en 1782, pour s’attacher au service du prince régnant de Schwartzenberg, en qualité de conseiller intime ; mais, ennuyé, au bout de quelques années, de cette carrière bornée, il entra dans l’administration de Bohème et publia plusieurs ouvrages utiles sur ce royaume, savoir : Des fondations pour les étudiants en Bohême, 1787 ; — Archives de l’histoire et de la statistique de Bohême, et Esquisses d’une géographie statistique de la Bohême, dont on fait beaucoup de cas. Outre ces ouvrages, qui sont en allemand, Riegger en a écrit plusieurs en latin, sur le droit canon : 1° Bibliotheca juris canonici. Vienne, 1761, 2 vol. in-8° ; 2° Historia juris romani, Fribourg, 1766, 1771, in-8° ; 3° Opuscula ad historias et jurisprudentiam præcipue ecclesiasticam illustrandam, Ulm, 1774, in-8°. Plusieurs dissertations de lui sont insérées dans les Amœnitates litterariæ Fríburgenses. Biegger écrivait le latin très-couramment. On vante ses profondes connaissances dans le droit canon. S’étant rendu caution de créances qui lui étaient étrangères, il se jeta dans de grands embarras et mourut pauvre le 5 août 1795. Wond de Grunwald a publié la Biographie des deux chevaliers (père et fils) de Riegger, Prague et Vienne, 1797.


RIÉGO Y NUNEZ (Raphael del), l’un des coryphées de la révolution espagnole de 1820, naquit en 1785 ou 1788 à Tuña, village des Asturies. l’éducation du jeune Riégo était à peine ébau-