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de son sein. Il ouvrit également à Vérone une école d’où sortirent deux habiles peintres, Baptiste Amigazzi et Benoît Marini. Après un assez long séjour dans sa ville natale, pressé par les sollicitations de sa femme, il revint à Corinaldo, où il mourut en 1644, âgé de 84 ans. — Ridolfi (le chevalier Charles), peintre et historien, naquit à Lonigo, dans le territoire de Vicence, en 1602. Sa famille, originaire d’Allemagne, s’était fixée en 1500 à Vicence : après avoir étudié les belles-lettres dans cette ville, il alla cultiver les arts à Venise. L’Alliense fut son maître. Ridolfi, par une certaine rectitude d’esprit qu’il tenait de la nature, sut également se préserver dans ses écrits et dans ses peintures du style maniéré en vogue à l’époque où il vivait. Le caractère qu’il montre dans ses Vies des peintres vénitiens, rédigées avec autant d’exactitude que de solidité, se manifeste également dans ses peintures. On loue spécialement sa Visitation, qu’il a peinte dans l’église de Tous-les-Saints à Venise. C’est un tableau où brille une manière d’harmoniser les couleurs entièrement neuve : toutes les figures y semblent de plein relief, et l’on voit que toutes les parties en ont été étudiées. Il existe encore dans différents établissements publics de Venise et de l’État plusieurs belles compositions dues à son pinceau. Mais le plus grand nombre de ses tableaux fut exécuté pour des collections particulières de nobles vénitiens. Ses Vies des peintres lui obtinrent de la république une chaîne et une médaille d’or, et le pape Innocent, pour lui témoigner sa satisfaction, le nomma chevalier de l’Éperon d’or. Si l’on compare la manière d’écrire de Ridolfi avec celle de Boschini, on croirait qu’ils ont vécu à deux siècles de distance, quoiqu’ils soient presque contemporains. Ridolfi fut un bon écrivain, et il y a peu de biographes de peintres qui l’aient surpassé. Il n’est pas à l’abri de reproches sous le rapport de la langue ; mais on ne rencontre dans son livre ni ces erreurs de jugements, ni ces historiettes et ces divagations qui déparent tant d’autres biographies du même genre. Son style est concis, et il vise à renfermer beaucoup de choses en peu de mots : il multiplie quelquefois un peu trop les citations des poëtes. Ses préceptes en peinture sont remplis de justesse : les reproches qu’il adresse à Vasari sont modérés ; ses descriptions de tableaux, claires et exactes, et d’un homme également versé dans l’histoire, la poésie et la mythologie. Son ouvrage est terminé par la vie de l’auteur. Il s’y plaint avec amertume de la jalousie des rivaux et de l’ignorance des grands. Cet artiste mourut en 1660. Toutefois son épitaphe, rapportée par Sansovino, écrivain de cette époque, et ensuite par Zannotti, le fait mourir en 1658, tandis que Boschini le met dans la liste des artistes qui vivaient encore en 1660. Les vers où Ridolfi est loué furent sans doute composés par Boschini tandis que ce dernier vivait encore, et lorsque Ridolfi mourut, le poëte ne songea plus à les retoucher. En 1642, Ridolfi publia à Venise in-4° une Vie de Jacques Robusti, surnommé Tïntoret, et en 1646 une Vie de Charles Cagliari (fils de Paul Véronèse). ibid., in-4°. Son grand ouvrage parut dans la même ville en 1648 sous ce titre : Le Maraviglie dell’arte, ovvero delle vite de’pittori Veneti, e dello stato, ove sono raccolte le opere insigni, i costumi, e ritratti loro, 2 vol. in-4°.

P-s.


RIECKE (Victor-Adolphe), médecin allemand, né en 1804 à Stuttgard, où il mourut le 1er décembre 1857. Après avoir fait ses études à Tubingue et à Wurzbourg, il enseigna pendant quelque temps la pathologie et la thérapie àla première de ces deux universités. Plus tard, il fut appelé à Stuttgard comme médecin du roi et conseiller supérieur. Ses écrits, outre leur valeur générale, ont encore un intérêt particulier pour la topographie médicale spéciale du Wurtemberg. Voici les titres des principaux d’entre eux :

Matériaux pour servir à la topographie obstétricale du Wurtemberg, 1827 ; 2° Communications sur le choléra asiatique, 1831, 2 vol. (deux éditions dans la même année) ; 3° la Littérature de choléra-morbus, 1832 (aussi comme volume troisième de l’ouvrage précédent) ; 4° les Préparations pharmaceutiques modernes, leurs propriétés chimiques et physiques, etc., 1837 ; 2e édit., 1842 ; 5° Manuel des maladies cutanées, 1839, 2 vol. ; 2e édit., 1841 ; 6° Sur les emplacements des cimetières et sur l’influence qu’exercent les odeurs cadavériques sur la santé humaine, 1840 ; 7° Livre des plantes vénéneuses du Wurtemberg (avec Fr. Berge), 1845 ; 8° l’organisation des affaires médicinales dans le Wurtemberg, et collection systématique de toutes les lois et ordonnances qui s’y rapportent, etc., 1856. — Riecke (Léopold de), frère aîné du précédent, né à Stuttgard en 1785. et mort en 1847 à Tubingue, a été professeur d’accouchement à cette dernière université. Il n’a pas laissé de traité ; mais il a le mérite d’avoir organisé avec peu de moyens la clinique obstétricale de l’université sur un excellent pied.

R-l-n.


RIEDEL (Frédéric-Juste), fils d’un pasteur protestant, naquit en 1742 au village de Visselbach, près d’Erfurt. Il annonça une grande vivacité d’esprit : après avoir fait ses études à Weimar, Iéna, Leipsick et Halle, il vint s’établir à Iéna et débuta par des satires très-amères, auxquelles succédèrent des ouvrages plus sérieux et qui furent mieux goûtés du public ; entre autres, une Théorie des beaux-arts et des lettres, dont il donna dans la suite une nouvelle édition. Lors de la réorganisation de l’université d’Erfurt en 1768, Riedel y obtint la chaire de philosophie et fut consulté sur le plan d’études. Il enfanta beaucoup de projets, dont la plupart ne furent pas suivis. La mobilité de son esprit s’accommodait mal avec les fonctions régulières et monotones de professeur. Espérant s’ouvrir une car-