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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


R

RIDINGER. Voyez Riedinger.

RIDLEY (le docteur Gloster), théologien et littérateur anglais, était de la famille du docteur Ridley, évêque de Londres[1]. Il naquit sur mer en 1702 à bord du vaisseau de la compagnie des Indes le Glocester, d’où il prit son nom de baptême. Ses études classiques, commencées à l’école de Winchester, furent terminées à l’université d'Oxford. Il avait beaucoup d’inclination pour le théâtre ; on cite comme ses premiers ouvrages une tragédie intitulée Jugurtha, et une autre The fruitless redress (la Réparation inutile), qu’il composa en société avec quatre de ses amis et dont chacun d’eux écrivit un acte. Il jouait aussi la tragédie en société avec succès, et ce fut ainsi qu’il acquit cette élocution élégante qu’il porta ensuite dans la chaire. Le comédien Théophile Cibber essaya inutilement de l’enlever à l’Église pour en enrichir la scène et lui représentait que celle-ci payait d’ordinaire plus généreusement. Ridley eut successivement les cures de Weston en Norfolk, de Poplar en Midlesex et celle de Rumford en Essex, et une prébende dans la cathédrale de Salisbury. Il publia en 1763 la Vie de l'évéque Ridley, 1 vol. in-4°, en 1765, Examen de la vie du cardinal Pole par Philips; deux petits poëmes, l’un, Jovi Eleutherio, ou Offrande à la liberté; l’autre, Psyché, insérés dans le troisième volume du recueil de Dodsley. Une suite du poëme de Psyché, sous le titre de Melampus, en 4 chants, avec des notes, 1 vol. in-4°, a été imprimée après sa mort, en 1782, au profit de sa veuve. Ridley mourut en novembre 1774, — L’un de ses fils, Jacques Ridley, mort avant lui (février 1765), est l’auteur des Contes des génies et de quelques autres productions littéraires. — Mademoiselle Evans, l’une des filles de Gloster, a publié un roman en deux volumes. L'évêque de Londres Lowth a composé l'inscription latine gravée sur le monument de Ridley, à Poplar.

L.

RIDOLFI (Laurent), homme d’État florentin, jouit au 15e siècle d'un grand crédit dans sa république. Ce fut lui qui la sauva en 1425 en déterminant les Vénitiens à s’unir à elle pour repousser le duc de Milan. Les Florentins avaient éprouvé en peu de mois six défaites consécutives, et les Vénitiens, témoins de leur ruine, ne songeaient point encore que la balance de l’Italie allait être pour jamais renversée. Laurent Ridolfi, introduit dans leur sénat, s’écria : « Seigneurs, vos lenteurs ont déjà rendu Philippe Visconti, duc de Milan, maître de Gênes; en nous sacrifiant, vous allez le rendre roi d’Italie; mais, à notre tour, s’il faut nous soumettre à lui, nous voulons le faire empereur. » Le sénat, frappé de cette courte harangue, sentit enfin ce qu’il devait faire pour la liberté de l'Italie, et le duc de Milan fut arrêté dans le cours de ses usurpations.

RIDOLFI (Claude), dit Claudio Véronèse, peintre, né à Vérone en 1670, fut élève de Dario Pozzo, auteur d’un petit nombre d'ouvrages estimés, sous lequel il fit des progrès rapides. Mais détourné de la peinture par d’autres idées, il resta longtemps sans faire usage de son talent. Il n’était pas riche, et bientôt le besoin se fit sentir : il résolut de tirer parti de ses premières études, et, pour réparer le temps perdu, il se remit sous la direction de Paul Véronèse et devint l’émule des Bassans. Comme Vérone possédait alors un grand nombre de peintres, Ridolfi se rendit à Rome, puis à Urbin. Il apprit du Baroche à mettre dans ses ouvrages une certaine aménité de style, et, dans les airs de tête, des finesses de beauté qui appartiennent à peu d’artistes. S’étant marié a Urbin, il fixa sa demeure au bourg de Corinaldo et orna tous les lieux circonvoisins d’un grand nombre de peintures qui le cèdent de bien peu pour le coloris à celles des plus grands maîtres de l’école vénitienne. Rimini possède de lui une Déposition de croix de la plus grande beauté. Après avoir longtemps habité les États du St-Siége et formé quelques bons élèves, il revint sur le territoire vénitien, qu’il se plut à enrichir de ses productions. C’est dans la célèbre église de Ste-Justine qu’il exécuta un de ses chefs-d’œuvre représentant la Gloire de l’ordre de St-Benoît. Il a réuni dans cette vaste composition les princes qui ont embrassé cet ordre, les martyrs qu’il a produits et les pontifes qui sont sortis

  1. Nicolas Ridley, évêque de Rochester, puis de Londres, apostat sous Henri VIII, et brûlé à Oxford, en 1565, à l’avènement de la reine Marie. On a de lui quelques ouvrages de controverse théologique.