sur la corvette la Flèche, qui fit voile pour les îles Seychelles ; il y arriva le 14 juillet 1801, après une navigation qui ne fut pas sans danger. La condition des malheureux proscrits eût pu devenir supportable aux îles Seychelles, éloignées de quatre mille lieues de la France ; mais à la paix d’Amiens, sur des ordres secrets, le gouvernement de l’île de France les fit transporter à l’île d’Anjouan, en Afrique, sous l’influence de chaleurs pestilentielles. Presque tous périrent en peu de temps, entre autres Rossignol, que son tempérament robuste ne put garantir : il mourut au mois d’avril 1802, à 43 ans, et fut l’une des premières victimes. On trouve quelques détails sur cette déportation aux îles Seychelles dans l’Histoire de la double conjuration de 1800, etc., par M. Fescourt, in-8° (voy. la Quotidienne du 15 décembre 1818), mais
ce livre passe pour tenir autant du roman que de l’histoire.
ROSSIGNOLI (Bernardin), jésuite piémontais,
né à Orméa, au diocèse d’Alba, entra en 1563
dans la société. Il s’y exerça aux pratiques religieuses,
ainsi qu’aux règles de son institut, et
cultiva en même temps les humanités et la théologie,
qu’il professa pendant onze années à Milan.
La maturité de son jugement, jointe a une sage
modestie, lui fit confier successivement la direction
de plusieurs colléges et ensuite les fonctions
de provincial à Rome, à Venise et à Milan, où il
déploya du zèle et de l’habileté. Après avoir
assisté plusieurs fois de ses lumières les chapitres
généraux de sa congrégation, il mourut recteur
du collége de Turin, le 5 juin 1613, suivant Alegambe
et Rossotto, dont autorité est préférable
sur ce point à celle du P. Labbe. Pierre Poiret a
placé parmi les écrivains mystiques Bernardin
Rossignoli, dont nous citerons ceux des ouvrages
ascétiques qui ont eu plusieurs éditions : 1° De
discipline Christianœ perfections libri 5, Iugolstadt,
1600, in-4° ; Anvers, 1603, in-8° ; traduit
en français par Robert Charpentier, Paris, 1706,
in-8°. Le pieux auteur a eu en vue les divers
états progressifs du chrétien dans la voie religieuse,
et il s’aide des maximes et de la doctrine
des Livres saints et des auteurs spirituels. 2° De
auionibur oirzuiis libri 2, Venise, 1603 ; lngolstadt
et Mayence, 1604 ; Lyon, 1604, in-8°. Ce
sont des traits et des exemples puisés dans l’Écriture
et les Pères et accompagnés de réflexions.
Le P. Alegambe attribue au même écrivain l’I :toria
delta Légione Thebea, publiée à Turin,
1601 (1), sous le nom de Gulielmo Baldesano,
auquel Rossotto restitue cet ouvrage, quoiqu’il
regarde Bernardin comme un homme non moins
érudit que religieux. C’est en effet par là qu’à
l’époque où s’éleva la question d’ancienneté relativement
à Plmilation de Jésus-Christ, Bernardin
(ll Ce livre avait déjà été imprimé l Turin. en 1589, sous le
îiããè dp Bzldeuno, et traduit en espagnol par Sotomalor, Madrid,
, n-.
R05
Rossignoli s’est acquis une certaine célébrité, en faisant le premier connaître, dans une lettre à Possevín, son confrère, le fameux manuscrit du livre De Imiratione Christi, portant le nom de l’abbé Jean Gessen ou Gersen. Le P. Rossignoli avait trouvé ce manuscrit dans la maison des jésuites d’Arone, qui appartenait jadis à un monastère de bénédictins. il en avait conclu que c’était un reste de l’ancienne bibliothèque, et qu’ainsi l’auteur dénommé de l’ouvrage, l’ahlré Gersen, était un moine de St-Benoît. Sur ce fondement, Constantin Cajetan, auquel le manuscrit fut communiqué, prétendit restituer à Jean Gersen, Italien, abbé de bénédictins, l’lmir¢uion de Jdm :-Chriu, dans l’édition qu’il donna de ce manuscrit en 1616, avec une dissertation, qui au fond ne dit rien de plus que ce qu’avaít avancé le P. Rossignoli. La conjecture de ce bon jésuite s’est trouvée tomber (et en même temps l’hypothèse de Cajetan) par la déclaration, en date de 1617, du jésuite André Maïolo, qui affirmait avoir apporté de sa maison paternelle de Gènes ce même manuscrit, en 1579, et l’avoir laissé aux jésuites d’Arone. Néanmoins la prévention élevée parla première assertion et qu’aurait dû détruire le témoignage rapporté par Rosweyde est restée, et l’erreur de Bernardin Rossignoli est devenue l’origine d’une contestation qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours, quoique aucune preuve n’ait été acquise en faveur de l’existence d’un Jean Gmm, différent du docte et pieux Gmon, auquel Vlmiuuion avait été le plus généralement attribuée. Voyez, dans cette Biographie, les articles Gsasiziv et Gaasou, et la suite de la dissertation de Barbier sur les traductions françaises de ce livre (Paris, Lefèvre, 1812), nos Considérations sur l’auteur de Flmilation, en réponse aux assertions renouvelées, d’après Bernardin Rossignoli, par Ml.Napione et Cancellieri, en 1808, 1809 et 1811. — Ce dernier. dans ses Norizie uoriehe, p. 324, l’a confondu avec Charles-Grégoire Rossicsou, né postérieurement, en 1631, à Borgo-Manero, dans le
Novarèse. et mort le 5 janvier 1707, auteur de plusieurs ouvrages réunis par Baglioni en un recueil, précédés de la vie de l’écrivain et publiés à Venise, 1723, 3 vol. in-ii°. — Le P. Caballero. continuateur d’Alegambe et de Southwell, fait mention (üibliozh. script. S. J. suppleuμ, p. 45) d’un troisième jésuite du même nom, le P. Pierre-François Rossienou ; mais il n’indique ni la liste de ses ouvrages ni l’époque de sa mort. G-ca.
ROSSLYN (Aasxamnaa Waoneaauazv, comte ns),
grand chancelier dktngleterre, fils aîné de Pierre
Wedderburn, l’un des membres du collége de
justice d’Écosse, naquit en 1733 et fut destiné in
suivre la carrière du barreau. A vingt ans, il
avait déjà obtenu quelques succès, lorsqu’un
propos tenu par l’un des juges, et n’il considéra
comme une insulte, le déterminas se retirer en