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108 ROM - v valiers sont poignardés à ses côtés ; le corsaire lève le bras sur lui, ltomegas le prévient avec la rapidité de l’éclair et lui porte un coup qui l’étend sur la’chiourme de son bâtiment. Dans l’insolant, les llaltais triomphent ; 250 soldats du corsaire tombent à genoux le voyant frappé àl mort ; cent esclaves qu’il avait a bord s’emparent de lui lorsqu’il palpitait encore, se le passant l’un à l’autre, le déchirant tous avec leurs ongles et leurs dents ; il n’arrive au dernier banc que par lambeaux, et Romegas va montrer aux peuples qu’il a vengés les restes du barbare. dont le nom seul les glaçait d’el’froi. « De cet exploit principalement, outre infinis, dit Jean ¤ Baudoin, le nom de Romegas fut rendu si célèbre que, quand il entroit dans quelque ville ou bourg du royaume de Naples et de Sicile. a le peuple couroit en foule de tout côté pour le voir passer et le connoitre, et haussoient leurs voix au ciel de ses louanges. ei Tant de faits d’armes, aussi hardis qu’ils étaient heureux, tant de chrétiens délivrés. tant de Turcs, d’Arabes, de Barbaresques détruits ou enlevés jusque sous le canon de Rhodes et dans les bouches du Nil, le redoutable Mahomet ltigli emmené captif ii Malte, nombre de mahométans convertis au christianisme par la générosité de leur vainqueur après avoir été doniptés par sa bravoure, enfin un galion chargé de toutes les richesses de l’Orient, et qui appartenait au chef des eunuques noirs du serail, conquis par Gien et Romegas après un combat de cinq heures, enflammèrent l’orgueil et la colère du grand Soliman et lui firent entreprendre ce siège de Malle a jamais mémorable par les forces immenses qu’v déploya l’empire du Croissant et par la constance et l’intrépidité romanesque qui rendirent une poignée de chevaliers triomphants de tous ces elïorts. Soit qu’il fallut aller à la découverte des desseins de l’ennemi ou en troubler Vexécution, soit’qu’il fallùt l’attaquer ou le repousser, introduire des munitions ou des alliés, cotiser ver ou reprendre les postes les plus périlleux, Romegas fut honoré chaque jour par quelque choix particulier du grand maître la ’a ette, qui plus d’une fois vint combattre avec lui et fut blessé à ses côtés. Le siège levé. la sécurité rendue à Malte, Romegas apprit que sa patrie était en proie aux horreurs d’une guerre civile et religieuse ; que l’église (t) et les tombeaux de sa famille avaient été insultes et dépouillés par le comte de Monlgommery, chef des huguenots (mg. son article). Il courut en Guienne se rallier aux drapeaux de son’parent le maréchal de dontluc, qui mit son fils sous les ordres et la ville de Lecloure sous la protection de c ltomegas. brave chevalier (dit Montluc dans ses Mémoires), homme plein de cœur et de ll- Ifégliuz cclléaiale de la Romieu, fondée en 1318 parle sagmfque eavdm ·l d’aox iaznsi que Vappellent les historlnal, lequel en légua la œngneurie et le patrenmge héréditaires, da génération en génération, au che ! de sa famille et de son nom.

BOX courage, autant qu’autre que java jamais connu, et qui s’était fait tant remarquer au siège de Malte ». ftomegas eniporta il assaut, sous les yeux du maréchal, le fort du’Ifiintde-Marsan, purgea d’enne•nis le pa s dont la défense lui était confiée, et mérita tëètre appelé le second de Montluc. La Guienne pacitiée, Romegas reçut la nouvelle qu’it venait d’être nommé, à Malte, général des galères de la religion, et il alla sur-le-champ prendre possession de son généralat. Bientôt il fut fait grand prieur de Toulouse et d’|rlande. Enfin des troubles s’étant élevés à Malte. la négligence ou la faiblesse du grand maître Lacassière ayant excité un mécontentement général, et Romegas s’étant joint aux membres les plus zélés de l’ordre, qui en poêlèrent plainte constitutionnellement, le conseil complet s’assembla et demanda au grand maître de se nommer lui-même un lieutenant. Sur son refus, le conseil l’interdit de ses fonctions, et. d’iine voix unanime. élut Romegas lieutenant général du magistère. L’ordre et Malte applaudirent ; des commandeuh jaloux réclamèrent, et Rome évoqua l’afl’aire. Pendant que Roinegas remplissait dignement ses fonctions, il reçut. ainsi que le grand maître, un ordre du souverain pontife Grégoire XIII. pour se renilre tous deux à Rome et · plaider leur cause devant le saint-siège. À peine y furent-ils arrivés qu’ils y moururent l’un et l’autre, Roinegas le 24 décembre 1581, Lacassière peu de jours après ; et ces deux rivaux, si divisés, furent unis par la même sépulture dans l’église de la Trinité. Pendant qu’on les inhumait à Rome, le xaisseau qui apportait de Malte toutes les pièces du procès. les commissaires délégués par le pape pour informer, les notaires et les témoins assignés, tout fut englouti par la mer. L.’abbé de Vertot est ici fort sévère pour Romegas : il ne voit plus qu’un corsaire séditieux et un chevalier rebelle dans celui qu’il avait célébré comme un héros, l’honneur et le soutien de son ordre. Les historiens qui l’ont précédé, notamment Jean Baudoin et l’évêque Maïole. qui était à Rome lors du procès, se sont montrés beaucoup plus réservés dans leurs jugements. « Frère Jean l’Eéque ile La< cassière, a dit Baudoin dans son livre dès Sonnaires. cinquantième grand maître de l’ordre de Malle, ut élu au magistère le trentième ¤ jour de février 1573, et de là, quelques années après, fut suspendu du magistère par le consei

! complet, lequel élut Mathurin de Lescout,

surnommé Roinegas, qui mourut à Rome le ¤· 24 décembre 1581 ; et pour la suspension dudit grand maître de Lacassière, et du dillerend entre lui et Romegas, l’un et l’autre furent cités à Rome et la cause évoquée pai-devant Ne pape Grégoire XIII. Le succès en fut admirable et prodigieux. Dieu voulut se réserver à soi le jugement et en assurer la mémoire aux hommes, comme a très-bien remarqué l’évè